Chapitre Cinq

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CHAPITRE CINQ

Il y a deux ans
GIULIA, 18 ANS

Je lisse à nouveau ma robe, bien plus stressée qu'il y a quelques minutes. Les choses se concrétisent enfin. Dans quelques minutes, papa et maman vont m'appeler sur cette scène, devant des centaines de personnes, pour me passer officiellement le flambeau de l'empire. Mais avoir tous les regards braqués sur moi m'angoisse bien plus que je ne le voudrais.

Et si je n'avais pas les épaules pour tout assumer ?

Je ne sais pas si je serai capable de rester sereine face à tout le monde. Je balaie rapidement la foule du regard. Leonardo, Andrea, Clara, Gregorio et Bruno leur fils. Ils sont tous là, pour me soutenir dans cette nouvelle aventure qui se dessine. Je croise le regard de mon meilleur ami. Il me sourit, pour tenter de me calmer, mais c'est peine perdu. Les larmes me montent aux yeux. D'un mouvement de tête, il me désigne la sortie. J'accepte, et m'éclipse discrètement de la salle de réception. Leo me rejoint rapidement dans le silence du couloir.

_ Ma Giulia, qu'est-ce qui se passe ?
_ Et si je n'étais pas prête pour assumer tout ça ? dis-je en faisant les cents pas. Je n'ai que 18 ans. Ce n'est pas à ça qu'est censé ressembler la vie d'une fille de mon âge ! Je suis jalouse des autres filles que je vois sur internet. Elles sortent, elles voyagent, elles ont des dizaines d'amis. Et moi, je n'ai pas le droit à tout ça.

Je me tourne vers mon meilleur ami. Il se tient droit, les sourcils froncés, mais ne dit rien.

_ J'ai 18 ans, et je n'ai eu aucune vraie relation amoureuse, parce que je ne suis pas libre de mes mouvements, dis-je d'une voix lasse. Je... Je ne sais pas si je suis prête à sacrifier ma liberté pour tout ça.

Leo inspire bruyamment. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il s'approche de moi en grandes enjambées. Mon corps se retrouve coincé entre le mur et lui.

_ Tes parents ont bossé toute leur vie pour faire grandir tout ce qui se trouve autour de nous. Tu as une chance inouïe d'hériter de tout ça. Et tu ne seras jamais seule, parce que je suis là. Je resterai à tes côtés pour l'éternité, ma Giulia, il sourit tendrement après avoir prononcés ses mots.

Les mots de marraine tournent en boucle dans mon esprit. Et si elle avait raison ? Et s'il avait des sentiments pour moi ? Ses yeux descendent quelques secondes sur mes lèvres. Allez, tente ta chance, Giulia. Mais finalement, c'est lui qui approche son visage du mien. Mon cœur bat à la chamade, à deux doigts de quitter ma cage thoracique.

Boum boum.

Boum boum.

Ses lèvres ne se posent pas sur les miennes, mais à la commissure de celle-ci. L'air se ratifie autour de moi. J'ai l'impression de suffoquer.

_ Tu vas y arriver ma Giulia, je crois en toi, murmure-t-il en venant poser son front sur le mien.

*

_ Le moment est enfin arrivé, annonce papa en souriant. Vous savez tous pourquoi vous êtes réunis ce soir. Déjà, pour déguster un délicieux repas concocté par nos merveilleux chefs ! dit-il en montrant ses derniers de la main, qui se tiennent proche des portes de sortie.

Tous les invités applaudissent les trois chefs du manoir. Leur cuisine est excellente, il n'y a aucun doute. Le regard de papa se pose sur moi, avant qu'un immense sourire se dessine sur ses lèvres.

_ Mais nous ne sommes pas là pour discuter de la nourriture, bien qu'elle soit délicieuse.

Il me tend la main, m'invitant à monter sur scène. Dans la salle, tous les regards sont braqués sur moi. Il dépose un baiser sur mon front, alors que maman nous rejoigne.

Power or love ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant