Chapitre Huit

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CHAPITRE HUIT

Il y a deux ans
GIULIA, 18 ANS

Je signe un énième papier, sous le regard de mes parents et du notaire. Deux heures que ça dure, et je commence à en avoir marre. Bien sûr que je suis heureuse d'être devenu cheffe de l'empire Giordano/De Luca. Mais depuis que Leonardo m'a rejetée il y a trois jours, je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Je pensais que marraine avait raison, que Leonardo ressentait vraiment quelque chose pour moi. Mais je me suis trompée. Il n'a même pas répondu à mon baiser ! Je viens de gâcher une amitié de plus de quinze ans. Bien sûr, je n'ai parlé à personne de ce baiser. Mon père deviendrait fou, et irai lui mettre une droite, bien que ce soit moi qui l'aie embrassé. Mais la scène tourne en boucle dans mon cerveau.

Il m'a repoussé.

_ Narciso, on peut faire une pause ?

La voix de maman me fait lever la tête des nombreux papiers devant moi. Son regard suspicieux est déjà posé sur moi. Elle doit se douter que quelque chose ne va pas. Papa accepte la requête de maman sans rechigner, et quitte la pièce avec le notaire. Je soupire, en m'enfonçant dans le fauteuil. Maman vient s'appuyer sur le bureau, juste à mes côtés.

_ Qu'est-ce qui ne va pas, mon cœur ? Tu n'es pas dans ton assiette depuis le gala.
_ Tu me promets de ne rien dire à papa, ni à Andrea ? murmuré-je en relevant la tête. Tu dois absolument me le promettre, maman.
_ Je te le promets, ma chérie. En revanche, tu commences à m'inquiéter. Tu es malade ? Enceinte ? Tu as un copain ? Ou une copine ?
_ Maman, dis-je en souriant.

Maman a le don de partir dans les extrêmes, quand quelque chose me concerne. En voici une preuve. Elle ricane, en récupérant un autre fauteuil. Elle s'installe à mes côtés, en me prenant la main, pour m'encourager à lui parler. Je sais que maman ne me jugera pas sur ce baiser. Elle est quand même mariée depuis des années avec celui qui était l'ennemi de sa famille.

_ J'ai embrassé un garçon, sous les conseils de marraine, avoué-je en jouant avec son alliance. Elle disait qu'elle était persuadée qu'il ressentait des trucs pour moi. Mais quand je l'ai embrassé, il... Il m'a tout simplement rejeté. Je me suis senti tellement mal, maman.

Ma voix se brise sur ses derniers mots. Je ne veux pas pleurer, j'ai assez versé de larmes ses trois derniers jours. Je crois même ne plus avoir de larmes en stock.

_ Ce garçon, c'est Leonardo, pas vrai ?

Comment... ? Je croise son doux regard maternel, sans aucun jugement à l'intérieur. Elle me sourit tendrement, avant de décaler une mèche de cheveux de mon visage pour venir la coincer derrière mon oreille.

_ Je ne suis pas aveugle, Giulia. Tu es ma fille, je suis ta mère. J'ai bien vu comment tu le regardes depuis toujours. Je savais au fond de moi que l'un de vous deux aller craquer un jour ou l'autre.
_ Je suis la seule à ressentir des choses, maman. Il me l'a bien fait comprendre, lâché-je d'une voix amère. Il m'a repoussée comme une pestiférée !

Je sens les larmes revenir à nouveau. Mais je m'interdis de pleurer.

_ Oh, mon bébé. Viens là.

Je me fonds dans ses bras sans attendre. Son parfum familier me réconforte instantanément. Elle porte toujours le même parfum depuis ma naissance, voir même avant. Papa est dingue de cette odeur, il lui achète sans cesse de nouvelles bouteilles. Il l'aime d'un amour si pur, si fort. Je rêve qu'un jour, quelqu'un m'aime aussi fort que papa aime maman. Elle me sert si fort contre elle, comme si elle voulait aspirer toute ma douleur pour m'apaiser.

Power or love ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant