Chapitre Douze

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CHAPITRE DOUZE

Il y a deux ans
LEONARDO, 17 ANS

Assis autour de l'immense table de salle à manger, je termine de prendre mon petit déjeuner devant mon ordinateur. Je termine de planifier les livraisons pour les jours à venir, mais mon esprit est ailleurs. Quatre longs jours que je n'ai pas vu, ni entendu Giulia. Je n'ai aucune idée d'où elle est, ni ce qu'elle fait. Et ça me rend dingue. Son excuse ?

Un rendez-vous important en Suisse qui prend quelques jours.

Je n'y crois pas un mot. Si elle avait réellement un rendez-vous, j'en aurai entendu parler. Après tout, je reste son bras droit ! J'ai tenté de demander à Andrea s'il savait réellement où elle était, mais il m'a dit la même chose que sa sœur. Il croit aveuglement à son excuse bidon. Elle ne me répond pas quand je l'appelle, et ça, c'est un truc qui m'énerve. Je n'arrive pas non plus à la localiser avec notre application privée, comme le soir ou elle a recueilli Honey. Elle a dû bloquer quelque chose sur son téléphone. Si ça continue, je devrais aller voir le service informatique. Mais d'abord, il faut que je termine ses livraisons, et que je m'occupe d'un autre dossier.

Un dossier qui fâche.

Le soir ou je suis allé récupérer Giulia bourrée en ville, papa m'a appris qu'il avait eu des nouvelles de celle qui m'a donné la vie. En aucun cas je la considère comme ma mère. Elle m'a lâchement abandonné à ma naissance, sans raison valable. Mais papa m'a donné une enveloppe qu'elle lui a laissé ce jour-là, chose qu'il m'a caché depuis bientôt dix-huit ans. Je n'ai pas encore eu le courage de l'ouvrir. Quelque chose me bloque. Je crois qu'au fond de moi, j'ai peur de ce que je vais découvrir dans cette lettre. Je termine de bosser sur les livraisons, avant de fermer d'un geste rageur mon ordinateur. Je débarrasse ma vaisselle, récupère mon ordinateur, avant de partir en direction du QG de notre génie informatique. J'arrive dans le couloir menant à nos bureaux. Je m'arrête devant le bureau de Giulia. Je sais que je n'ai pas le droit. Mais au diable les règles. Je pénètre dans la pièce silencieuse, à la recherche d'un quelconque indice qui pourrait me permettre de savoir où elle est. Je fouille pendant de longues minutes, quand un dossier sans nom attire mon attention dans son tiroir. Il était si bien caché que j'ai failli le louper. Je l'ouvre, pour découvrir un papier provenant d'une clinique au nord de la ville.

_ Putain, mais c'est quoi ce bordel... ?

Je tombe des nues en voyant les inscriptions sur la feuille. Je récupère mon téléphone, pour venir appeler Giulia sans attendre. Et pour la énième fois depuis quatre jours, elle ne me répond pas. J'écoute chaque tonalité, sans quitter la feuille des yeux. Il faut que j'aille la voir, tout de suite. Elle ne peut pas rester seule face à ça. Je raccroche avant d'arriver sur sa messagerie. J'entre l'adresse de la clinique dans mon téléphone, avant de rejoindre au pas de course le garage. Je prends une voiture au hasard, pour m'engager dans les rues de Naples. Je suis incapable de penser correctement. Mes pensées s'entremêlent, essayent de comprendre comment Giulia a pu en arriver là. Et surtout, pourquoi elle me l'a caché ? Je fini par me stationner sur le parking de la clinique privée au bout d'un trajet qui m'a paru interminable, avant de me précipiter à l'accueil.

_ Bonjour, je cherche la chambre de Giulia Giordano.
_ Et vous êtes ?
_ Son fiancé.

J'ai dit ça sans réfléchir. Merci la génétique de me faire paraitre bien plus vieux que mon âge. Faites qu'elle me croit, s'il vous plait. Elle me scrute quelques instants, avant de taper sur son ordinateur.

_ Deuxième étage, chambre 1786.
_ Merci beaucoup.

Pas le temps de prendre l'ascenseur, je grimpe directement les deux étages à pied. J'ignore le regard de certaines infirmières sur moi quand je me précipite dans le couloir à la recherche de sa chambre. J'ai l'air d'un malade, mais il faut que je la vois. J'arrive au bout du couloir, devant le numéro 1786. Je toque trois fois en dansant sur chaque pied, en attendant son feu vert pour entrer.

Power or love ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant