Tant que tu vis - Tome 2

Chapitre 54 : Le pacte

Ils étaient à peine rentrés que l'effet de la potion se dissipa et Rogue reprit son éternel masque de froideur.

L'air frais de l'extérieur avait fait énormément de bien à Hermione mais le temps de rejoindre les cachots, son corps s'était déjà refroidi. Elle alluma un feu et se réchauffa les mains devant. Elle l'entendit s'approcher d'elle avant qu'il ne lui tende une tasse fumante de son thé préféré. Elle le remercia et posa ses mains autour de la tasse avant de la porter à ses lèvres.

Il lui apporta également sa cape qu'il posa sur ses épaules. Elle pivota la tête vers lui et le remercia d'un chaleureux sourire. Tant de bienveillance venant de sa part valait tous les mots de la terre.

- Je voulais te demander...

- Nous y voilà.

- Tu ne sais même pas ce que j'allais te demander.

- Tu veux savoir si j'accepte de te laisser lire ce satané livre.

Elle ne savait pas si elle était surprise par le fait qu'il avait deviné ce qu'elle allait lui demander ou si c'était par son tutoiement soudain. Peu importe ce que c'était, elle lui sourit timidement avant de boire une nouvelle gorgée de sa tasse.

Il soupira de lassitude et d'exaspération. Il savait qu'elle n'abandonnerait jamais et il redoutait qu'elle ne l'utilise dans son dos s'il refusait encore longtemps.

- Très bien, puisque tu sembles t'y intéresser autant, je te laisse le lire mais lorsque tu l'auras terminé, je veux que tu me le dises.

L'air enchanté qui était affiché sur son visage agaça Severus Rogue mais cela ne dura pas.

Elle était déjà partie vers le tableau qui s'ouvrit sans opposer de résistance. Elle s'empara du livre, s'installa dans le canapé, posa la cape de Rogue sur elle et se plongea dans la lecture comme si plus rien n'existait autour d'elle.

Rogue, qui avait assisté à toute la scène, ne put s'empêcher de s'installer, lui aussi dans un fauteuil, un livre à la main, tout en scrutant de temps à autre les réactions de la jeune femme.

Si lui se sentait irrémédiablement attiré par la Magie Noire, il craignait qu'elle ne se découvre une passion pour cet art également. Il regardait avec attention chaque muscle de son visage se contracter lorsqu'elle lisait un passage qui ne lui plaisait pas. Il n'y avait aucun doute possible : pour l'instant, elle n'aimait pas ce qu'elle lisait.

À force de l'avoir observée lire, il pouvait, par les plus infimes mouvements de son visage, découvrir quelle émotion la traversait et sans hésitation, il pouvait affirmer qu'il s'agissait du dégoût. Il craignait tout de même qu'elle ne soit attirée, tout comme lui, par certains sortilèges puissants.

Ce n'est qu'au bout du sixième bâillement qu'elle décida de fermer le livre, aussitôt rejointe par Rogue qui, après s'être assuré qu'elle ne replongerait plus dans sa lecture pour ce soir, quitta le salon pour rejoindre ses quartiers.

Les soirées suivantes se déroulèrent presque à l'identique. Seules leurs journées différenciaient. La plupart du temps, Rogue quittait très tôt ses appartements et ne revenait que pour le souper. D'autres jours, elle profita de sa présence pour s'entraîner à l'occlumancie et à la légilimencie. Cette dernière était beaucoup plus compliquée que l'autre mais elle faisait des progrès et, accompagnée par l'homme qu'elle aimait, il lui était plus facile d'apprendre. Elle était tellement réceptive à tout ce qu'il disait, sa voix grave, mélodieuse l'atteignait plus que de raison. C'était peut-être ça, le secret de sa réussite en la matière. Ce fut l'apothéose lorsque, une après-midi, elle réussit à le déstabiliser en forçant ses propres barrières. Il faut avouer qu'il était un maître en la matière alors sentir Granger pénétrer avec ténacité ses pensées, l'avait profondément ébranlé. Il ne lui avait pas avoué mais elle était devenue particulièrement puissante en ce domaine. Il ne doutait pas qu'un jour, avec beaucoup d'entraînement, elle arriverait à sa hauteur mais il avait jugé inutile de le lui dire.