Tant que tu vis - Tome 2

Chapitre 28 : Action ou vérité

Un peu plus d'un mois s'était écoulé depuis qu'il l'avait surprise dans son intimité et il ne l'avait que très peu revue depuis. Non seulement il avait peur qu'elle ne s'attache à lui mais en plus, il avait peur de ce qu'il ressentait. Elle prenait de plus en plus de place dans sa vie car même quand il ne la voyait pas, il pensait à elle, à sa volonté infaillible d'aller jusqu'au bout de son objectif, à la façon dont elle le regardait, les réactions qu'elle avait en sa présence et ce que lui ressentait lorsqu'elle s'occupait de lui. Il avait noté cette petite accélération de son cœur lorsqu'il se tenait près d'elle. Il n'avait plus ressenti ça depuis Lily, ce qui avait tendance à l'énerver.

Le professeur Rogue rentra plus tard que prévu ce soir-là. Il avait passé une journée très difficile en compagnie du Seigneur des Ténèbres et il avait encore subi les coups, les lacérations qu'il avait l'habitude de lui donner lorsqu'il était en colère. Ce soir encore, il n'y avait pas échappé.

Il avait fait un détour par ses appartements dans le but de se soigner du mieux qu'il put afin de n'éveiller aucun soupçon, surtout chez elle.

Lorsqu'il fut en meilleur état que lorsqu'il était rentré au château, il parcourut le long couloir qui menait à son bureau. Une fois la porte passée et refermée soigneusement derrière lui, il descendit l'étroit escalier en colimaçon qui menait à son laboratoire privé.

Quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu'il ouvrit la porte, d'entendre un bruit de verre cogner contre celle-ci. Il se baissa et ramassa la bouteille de Whisky pur feu entièrement vide.

D'après ce qu'il en conclut, Granger avait découvert sa réserve personnelle d'alcool dans l'armoire et son regard parcourut la pièce à la recherche de l'ivrogne qui venait très probablement d'ingurgiter ce précieux liquide.

Elle était assise, recroquevillée sur le bord du matelas, un oreiller contre son ventre.

Rogue était partagé entre l'irrépressible envie de la traiter de tous les noms qu'il connaissait et entre le fait qu'il pouvait la comprendre peut-être mieux que personne.

Toutefois, il mourrait d'envie de lui faire comprendre qu'elle n'avait pas à fouiller dans ses affaires et encore moins à boire le premier alcool qu'elle trouvait sous son nez mais en même temps, il avait la désagréable impression de se voir en elle. Il voyait ses démons ressurgir à travers son comportement et il comprenait mieux que personne ce qui pouvait l'avoir poussée à faire une telle chose.

Il s'approcha prudemment d'elle et lorsqu'elle s'aperçut de sa présence, Hermione essuya rapidement quelques larmes du revers de sa manche.

Elle leva les yeux vers lui et elle remarqua le regard dur qu'il posait sur elle. Elle savait pourquoi. Il n'avait pas besoin de mot pour lui faire comprendre tout ce qu'il pensait d'elle à cet instant précis. Elle devait certainement l'avoir déçu, une fois encore, et cela lui était douloureux.

Toujours sans dire un mot, Rogue leva sa baguette et fit disparaître les cadavres de bouteilles et de verres qui jonchaient le sol.

Il tira ensuite une chaise et s'assit à une table.

- Prenez place, Granger.

Sans oser croiser son regard, Hermione se leva et tituba tout en se rattrapant à la table devant elle. Quel spectacle déplorable elle offrait ! Elle s'était abaissée à ce qu'elle s'était toujours refusée de faire mais ces jours, semaines, mois d'isolement, sans voir personne si ce n'est son professeur, et encore, on ne pouvait pas dire qu'il avait été très présent ces dernières semaines, les tentatives infructueuses pour trouver un antidote au venin de Nagini, la date de la bataille qui approchait à grand pas et ce qu'elle ressentait pour lui, tout ça avait eu raison d'elle. Jamais elle n'aurait dû faillir. Jamais elle n'aurait dû perdre autant la face mais c'était arrivé.