Tant que tu vis - Tome 2

Chapitre 57 : À la mémoire de ceux qui nous ont quittés

Les couloirs étaient déserts, ce qui était une chose tout à fait courante en cette période de l'année. On ne pouvait entendre que le claquement de ses talons retentissant d'une manière si régulière qu'on pouvait deviner à quelle allure elle marchait. Son regard fut accroché par la neige qui se mit à tomber par la fenêtre parsèment rapidement la cour et les arbres d'une fine pellicule blanche.

Les portes défilaient devant elle ainsi que les marches, les statues et les tableaux. Sa robe à col claudine noire lui arrivait au-dessus des genoux et voletait de gauche à droite au rythme de ses pas. Ses cheveux soigneusement attachés qui laissaient dépasser quelques mèches ainsi que son léger maquillage lui apportaient une touche de féminité. Une assurance stupéfiante émanait d'elle. Elle avait changé et les lieux aussi. Non pas que les couloirs étaient différents, non, il s'agissait plutôt de l'ambiance qui y régnait. Elle n'avait plus rien avoir avec celle qu'elle était il y a sept mois. Tout avait été reconstruit et un mémorial était venu s'ajouter au décor. Elle avait d'ailleurs quitté la cérémonie d'inauguration de ce mémorial un peu plus tôt que les autres. Sans doute poussée par une absence qu'elle regrettait.

Elle descendit une volée de marches et l'atmosphère changea. Il faisait plus sombre, plus glacial et elle ne put s'empêcher de sourire. Un sourire qui laissait paraître une certaine mélancolie. Elle connaissait si bien les lieux que ses pieds semblaient marcher seuls, animés uniquement par la curiosité ou peut-être aussi par d'autres sentiments.

Soudain, ils se stoppèrent. Devant elle se dressait une porte close et elle repensa à ce fameux jour où elle était revenue dans le passé. Presque deux années s'étaient écoulées depuis lors et les choses étaient totalement différentes, à tous points de vue.

Portée par cette nouvelle assurance, elle toqua trois coups suffisamment audibles mais elle n'entendit rien. Elle n'en fut pas étonnée.

Elle savait qu'il était là, le professeur McGonagall le lui avait dit lorsqu'elle avait demandé pourquoi il n'était pas présent à la cérémonie.

Elle réitéra alors sa démarche mais cette fois, une voix se dégagea de derrière.

- Fichez le camp !

C'était le signal pour elle d'ouvrir cette porte. Lorsqu'elle franchit l'entrée, elle l'aperçut, derrière un chaudron, en train de préparer une mixture. Il fit volte-face, énervé que quelqu'un ose pénétrer en ce lieu alors qu'il avait été assez clair à ce sujet.

- Miss "Je sais tout"... dit-il d'une voix lente, que me vaut le malheur de votre désagréable visite ?

Elle ne s'en offusqua pas et se contenta d'avancer vers lui comme si elle y avait été invitée. Lui, la regardait en fronçant les sourcils, surpris par une telle audace.

- On ne vous a pas vu à la cérémonie, dit-elle d'une voix qui sous-entendait une réponse.

- Pourquoi devrais-je vous donner une raison à mon absence ? Depuis quand cela vous intéresse-t-il ? Je n'ai aucun compte à vous rendre.

Ce n'était pas tout à fait exact mais cela, Hermione le garderait pour elle. Elle le fixa droit dans les yeux et elle sentit son esprit s'embrumer. Il essayait de pénétrer son esprit mais elle le repoussa avec délicatesse et à en juger par la légère stupéfaction qu'il affichait, il était en train de se poser mille et une questions.

- Puis-je jeter un œil ? demanda-t-elle tout en montrant de l'index le chaudron sur lequel il travaillait.

- Non, dit-il d'une voix grave.

Hermione ne l'écouta pas et s'approcha du chaudron avant qu'il ne fasse barrage de son corps. Manifestement, il ne voulait pas que l'on sache à quoi il passait son temps. Seulement, Hermione avait tout compris. Elle redoutait que cela arrive et, de toute évidence, ses craintes étaient réelles. Elle avait eu le temps de jeter un coup d'œil à la couleur de la potion mais aussi aux ingrédients disposés sur le plan de travail et avec son absence à la cérémonie... Il ne lui en fallut pas plus pour comprendre. Elle eut un pincement au cœur.