25 - Mon échappatoire

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Comme toujours, le 25 décembre est dédié aux visites du reste de la famille qui n'était pas présente la veille. Nous allons même revoir des oncles lointain que nous n'avons pas vu depuis des siècles parce que c'est à ça que sert la magie de noël, alors qu'ils ne le font que par obligation. Comme moi au final, je ne voulais pas être ici et pourtant je suis là parce que je me sens bien obligée de le faire. Lorsque nous reprenons la route pour la quatrième fois de la journée pour changer de destination, je décide de prendre des nouvelles de Kaïl. Lui parler me fera du bien.

Maddie : Salut ! Quoi de neuf ?

Sa réponse ne se fait pas attendre. J'ai même cru un moment qu'il campait sur la conversation en attendant mon message. Est-ce que ça me ferait plaisir si c'était le cas ? Oui. Est-ce que je repense à l'instant à notre proximité d'il y a deux jours ? OUI.

Kaïl : Je prépare le repas avec ma petite sur et toi ? Je suis content d'entendre ta voix :). Enfin je ne l'entends pas vraiment mais tu as compris

Maddie : Mes parents m'ont kidnappée, on part voir des gens que je connais à peine et je vais devoir faire semblant d'être heureuse de les revoir

Je grince des dents en écrivant cette vérité. Si je pouvais sauter de la voiture en marche pour me carapater de cette situation, je le ferais.

Kaïl : Alors ça ne se passe pas bien cest ça ?

Maddie : Pas vraiment *smiley crispé*

Kaïl : Le smiley veut dire que tu es gênée ou que tu es constipée ?

Maddie : Première option

Kaïl : Jai hâte de te revoir Maddie

Mon téléphone tombe de mes mains et vient s'écraser à mes pieds. Ma soeur me demande ce qu'il se passe et je lui réponds simplement que je regardais une vidéo d'horreur. Une poupée est apparue à l'écran d'un coup et ça m'a fait peur. Tu parles. Mes joues ont rougies, je zozote subitement et surtout je parais plus suspecte qu'un tueur en série. Elle sait que je mens il n'y a aucun doute là-dessus. Il ne me reste plus qu'à prier pour qu'elle ne cherche pas plus loin.

— C'est lui ton petit copain ?

Quelle idiote, je me frappe le front mentalement. Décidément je baigne dans les mensonges en ce moment, à tel point que j'arrive à oublier les précédents. Je lui réponds timidement que oui, espérant que mes parents ne l'entendent pas. Mais c'était sans espoir, à peine ils ont entendu le mot copain qu'ils ont laissé pendre leurs oreilles jusqu'à nos pieds à l'arrière de la voiture.

— Qu'est-ce qu'il te raconte de beau ? s'enquit ma mère.

— Qu'il soccupe de sa petite soeur.

— Et c'est tout ? enchaîne mon père. Il ne te demande même pas comment tu vas ? Et nous alors ? Il ne veut pas savoir comment nous nous portons ?

— Papa il ne vous connaît même pas.

— Et alors ? Tu dois bien lui avoir parlé de nous, non ?

Je vois ses yeux me fixer dans le rétroviseur.

— Oui, évidemment.

Je détourne la tête vers le paysage et roule des yeux. Évidemment qu'il a entendu parler de ma famille parfaite. Il a d'ailleurs très hâte de vous rencontrer ! Il serait ravi de passer des moments mémorables à critiquer le journal télévisé, les musiques de noël qui passent à la radio, et même les propres enfants de son interlocuteur. Je récupère mon téléphone.

Maddie : Parle moi de ta famille s'il te plaît

Kaïl : Oh.. tu es sûre ? Parce que même si je suis moins avec eux ces derniers temps, on s'aime bien dans ma famille

Aïe, c'est difficile à entendre, mais c'est vrai. Je lui réponds par un simple oui. Son message se fait longuement attendre. Nous avons même eu le temps d'arriver chez l'oncle Julian et de prendre l'apéro avant que sa notification ne vibre dans ma poche.

Kaïl : Mes deux parents s'aiment plus que quiconque sur terre. Ils feront partie de ces petits vieux qu'on voit sur leur banc devant chez eux. Ils sont attentionnés envers nous. Ma soeur et moi avons toujours été traités dégal à égal. Quand on était petit, ils s'empêchaient de manger correctement les fins de mois pour nous offrir des petits plaisirs. On se parle moins ces temps-ci, mais ils continuent de me montrer chaque jour qu'ils sont là. Avec ma soeur, on s'est toujours très bien entendu. Je donnerais tout ce que j'ai pour la protéger des atrocités du monde. Même ma propre vie

Son discours m'émeut profondément. Je me surprends à espérer rencontrer sa famille un jour. Je voudrais qu'ils m'intègrent dans la leur, qu'ils m'aiment comme une seconde famille. Qu'ils deviennent ma belle-famille. Mais nous ne sommes pas encore à cette étape. Kaïl m'aide énormément à tenir bon ici. A des centaines de kilomètres il arrive à m'apaiser plus que n'importe qui. Il me porte quand j'ai des montagnes de douleur à gravir, il me traîne derrière lui en courant quand mes espoirs ralentissent et il s'accroche à moi quand je suis à deux doigts de tomber dans le gouffre du désespoir. Kaïl est un réel soutien pour moi et j'aimerais en faire autant pour lui. Lui permettre d'apaiser la colère qu'il porte depuis tout ce temps. Il faut que je parvienne à trouver le fond du problème pour l'aider comme il le fait. Mais à quel prix ?

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