Te souviens-tu ?

20 - La quiétude d'après tempête

— Qu'est-ce qu'il y a gamine ? T'es énervée parce que je me suis servi de ton copain comme d'une rampe ? Avoue que c'était drôle quand même.

Il me dit ça en me poussant légèrement par l'épaule, comme si nous étions de vieux amis. Je fulmine de colère, je n'en reviens pas de son comportement. Il ne trouve donc aucune gravité dans ce qu'il vient de faire ? Kaïl arrive derrière moi et tente de me dissuader, mais il ferait mieux de s'éloigner sinon lui aussi s'en prendra une dans la volée.

— T'es pas fini mon vieux si tu penses que mettre en danger la vie de quelqu'un c'est drôle.

— Va emmerder quelqu'un d'autre, j'ai pas ton temps.

— Si tu peux prendre le temps de te bidonner sur des conneries tu peux bien le prendre pour t'excuser au moins !

— Je ne compte pas m'excuser pour m'être amusé.

Ouais c'est ça, s'amusera bien qui rira le dernier. Euh.. Verra bien qui rigolera le dernier ? Je ne sais plus. Bref, ce salaud ne perd rien pour attendre. Noa et Naïm arrivent dans mon champ de vision et demandent à Kaïl ce qu'il se passe. Je me retourne pour leur expliquer, m'adressant plus à l'homme qu'à mes amis.

— Il se passe que ce crétin à profiter du fait que Kaïl soit à terre pour sauter au-dessus de lui. Tout ça pour faire rire les copains.

Je prononce la fin de ma phrase en le regardant dans le blanc des yeux. Voyant les veines de son front tressaillir, j'en rajoute une couche.

— On dirait bien qu'il manque de confiance, je le provoque d'une voix teintée de fausse empathie en faisant la moue pour le narguer.

Noa fait les gros yeux face à moi. Je ne sais pas si c'est parce qu'elle ne ma jamais vu hausser le ton comme ça ou si c'est l'ingratitude de l'homme qui l'étonne. Ducon continue de parler à ses amis comme si nous n'étions plus là. Quel adulte irresponsable ! La chaleur que cause mon agacement prend vie en moi à tel point que je pourrais faire démarrer un train. Mais Naïm agit avant moi. Il fonce sur le bonhomme, agrippe son poignet et retourne le type en deux mouvements. L'homme ouvre grand les yeux cherchant son agresseur du regard mais Naïm est trop vif et il le plaque à terre. Bah alors on fait moins le malin ? Quand je vois mon ami le rouer de coups, je prends peur. Une partie de moi craint pour le type et une autre à peur de lui. Est-ce que tous les hommes sont méchants ? Même ceux en qui j'ai confiance ? Kaïl passe son bras devant moi pour me faire reculer tandis que Noa essaie de dégrafer Naïm du corps de l'homme qui à le nez ensanglanté. On ferait mieux de partir rapidement si on ne veut pas avoir de problème. Nul besoin de mot entre nous, Nous nous regardons et en un claquement de doigts, nous prenons la fuite. Alors que Kaïl me tient le poignet pour me faire courir plus vite, je lâche un dernier mot à l'homme avant de partir.

— Je te souhaite de marcher sur des Lego sale type !

Mes amis rigolent de cette blague. Leur présence m'apporte un peu de légèreté même si je ne parviens pas encore à desserrer la mâchoire. Nous arrivons dans le magasin de location le plus naturellement possible. Le gentil monsieur s'étonne que l'on rende nos affaires si tôt. Noa bafouille des raisons pitoyables puis nous repartons aussi vite que nous sommes arrivés.

Nous sommes tous assis autour de la table de la cuisine à nous regarder dans le blanc des yeux. Noa a sa main sur mon poignet, son contact m'apaise légèrement. C'est elle qui rompt le silence en premier.

— ça te dit qu'on aille au spa ? Histoire de se détendre un peu.

Je lève un regard rempli d'espoir vers elle. Pile ce quil me fallait ! Une soirée de détente, entre filles, au chaud.

— Eh ! Et nous ? s'exclame Naïm.

— Ben vous, vous êtes des mecs. Vous n'avez qu'à faire des trucs de mecs. Faites un foot avec un saladier, jouez aux jeux vidéos sur votre téléphone, je ne sais pas moi.