21 - Quand les craintes refont surface

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Je me réveille tôt ce matin. J'ai passé la nuit à cogiter par rapport à demain. Je vais devoir rentrer chez moi à Reims pour le réveillon et je n'en ai absolument pas envie. Chaque année je passe un moment horrible à noël alors que tout le monde est heureux autour de moi. Comme si je n'existais pas. Comme s'ils ne voyaient pas la douleur que je ressens au creux de mon ventre chaque fois lors de cette période festive.

Quand je me retourne dans mon lit, je m'aperçois que la bouille de Noa manque à l'appel. Son lit est défait, ses draps froids et son oreiller a disparu. Tiens, tiens, on dirait bien que quelqu'un a fait l'école buissonnière. Quand je descends pour déjeuner, elle est déjà là, assise sur une chaise de la cuisine. Son éternel sourire m'accueille. Ses cheveux crépus partent dans tous les sens, ses cernes atteignent presque ses genoux et une bretelle de sa chemise de nuit tombe sur son épaule. On ne me la fait pas à moi. Je n'ai peut-être jamais couché avec quelqu'un, mais ça, c'est l'allure de quelqu'un qui vient de le faire.

Je lui offre mon plus beau sourire tandis que mes yeux lui disent clairement "tu as plutôt intérêt à me raconter ce qu'il s'est passé". Elle le comprend, hoche la tête discrètement et me fait comprendre de ne rien dire devant Naïm. Il est actuellement dans le fond de la pièce en train de se faire du café. Je lui demande de m'en faire couler un aussi. J'en aurais bien besoin après la nuit horrible que je viens de passer. Noa regarde discrètement son téléphone faisant semblant de ne pas me voir. Ce n'est que quand nous remontons à l'étage qu'elle daigne m'adresser la parole. Je m'assois en tailleur sur son lit, pressée de savoir ce qu'il s'est passé.

— Arrête de me regarder comme ça tu veux ! Je suis majeure et vaccinée, je fais ce que je veux.

Elle se défend alors que je ne lui ai pas encore adressé un mot.

— C'est lui le garçon qui te plaît depuis longtemps ?

— Quoi ? Non pas du tout, tu n'y es pas.

Elle m'avoue un peu honteusement qu'elle l'a fait pour se remonter le moral. Que ce n'était qu'un coup d'un soir. Elle ne veut pas sortir avec Naïm, mais avec quelqu'un dautre. Ce qu'ils ont fait hier (et ce matin) ce n'était que pour qu'elle se sente désirée, aimée. Elle me regarde en attendant ma réaction comme si elle venait de commettre un crime et qu'elle attendait ma sentence. Mais il n'y a rien à juger.

— Noa, tu fais ce que tu veux avec qui tu veux, moi je te soutiendrais toujours. Et puis tu lui as expliqué que ça ne durerait pas, nest-ce pas ?

— Oui, il sait pourquoi on l'a fait.

— Alors tu n'as aucun souci à te faire, par contre si tu ne me donne pas le nom de cet autre garçon je vais te séquestrer jusqu'à ce que tu me le dises !

Elle cache sa tête entre ses mains et s'écroule sur le lit. J'adore cette mimique, ça la rend mignonne.

— Je n'ose pas, tu le connais trop pour que je te le dise.

— C'est Jason ?

— Non, Maddie arrête de chercher.

Mais je sens son stress monter, je ne suis pas loin.

— Martin ? dis-je d'un air suspicieux.

Elle ne répond plus et place un coussin sur sa tête. Eh bien voilà, le tour est joué. Noa 0 - Maddie 1 (jai encore gagné notez-le).

— Sérieusement, Martin ? Mais il râle tout le temps en ce moment comment il peut te plaire ?

— Je ne sais pas, ça ne s'explique pas ces choses-là

Elle hésite à dire quelque chose, mon coeur se lance dans un marathon tandis que les secondes défilent.

— S'il s'énerve ces temps-ci, c'est parce qu'il est jaloux.

Te souviens-tu ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant