Chapitre 6 : Compatibilité

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Le soleil venait à peine de pointer le bout de son nez que Jeanne était déjà debout. Elle était anxieuse et excitée à l'idée d'enfin commencer son premier cours de magie et n'avait pas fermé l'œil de la nuit – expliquant les poches noires sous ses yeux. Ce monde fantastique l'intriguait beaucoup et elle avait hâte d'en apprendre plus sur l'origine de Dralyr et de ses pouvoirs. Et surtout pourquoi elle avait été choisie comme élémentaire.

Jeanne replissa sa jupe en se regardant dans la glace. Sa fine bouche se tordit en grimace quand elle aperçut une peluche de tissu, elle l'arracha puis la plissa à nouveau avant de sourire. Une belle journée s'annonçait.

Elle entendit sa colocataire bailler bruyamment.

— Salut marmotte, bien dormi ?

Sa camarade ne lui répondit que par un hochement de tête, cherchant à tâtons ses lunettes posées sur sa table de nuit. Elle les fit tomber maladroitement et Jeanne s'empressa de les ramasser pour les lui donner. Carla la remercia en les mettant.

— Ah ! Enfin je vois quelque chose ! J'ai failli être coupé d'un sens.

Jeanne lui répondit avec un sourire, elle était contente d'avoir Carla comme colocataire. Toutes deux s'étaient immédiatement entendues après s'être reconnues. Effectivement, Jeanne l'avait croisée en traversant Aerymh avec sa famille, lorsque leurs barques s'étaient entrechoquées. La veille, parmi toutes les têtes inconnues, Jeanne avait retrouvé son visage familier : une petite brune aux yeux noisette derrière des verres épais. Depuis, les filles ne se lâchaient plus d'une semelle, surtout qu'elles étaient dans la même classe.

— Bon Jeanne, on y va ? On a cours d'alchimie, j'espère que ça va me réveiller, dit Carla en nouant sa cravate.

— Une minute, j'arrive...

— Que fais-tu ?

Les robinets ouverts en grand dans leur petite salle de bain, la jeune Française se frottait énergiquement les mains.

— Mais ça fait déjà dix minutes que tu te laves les mains... Elles vont être toutes gercées.

Jeanne lui lança un regard en biais, l'air tourmenté, mais elle retrouva vite ses esprits et coupa l'eau.

— Désolée. On peut y aller.

Puis les deux filles quittèrent leur chambre et se baladèrent dans les couloirs à la recherche de leur classe.

Au bout de quinze minutes, elles avaient déjà fait trois fois le tour de l'école.

— Je suis persuadée d'être déjà passée devant ce tableau. Tu es sûre que c'est au troisième étage, Carla ?

— Euh... je ne sais plus trop, tous les couloirs se ressemblent.

— Je crois que nous sommes perdues...

Les deux amies regardèrent de tous les côtés, comme pour trouver de l'aide, mais elles ne voyaient que les étudiants qui traversaient rapidement les couloirs, ne faisant pas attention à elles.

Jeanne prit son courage à deux mains et décida de demander conseil à une aînée. Elle s'approcha d'un groupe de filles et s'éclaircit la voix :

— Excusez-moi, savez-vous où se trouve la salle 313 ?

— Bien-sûr, c'est tout au fond à gauche en descendant les petits escaliers.

Grazie*, répondit Carla en partant.

Grâce à ses indications, les filles arrivèrent enfin avec les autres élèves de Première E qui étaient déjà installés derrière des hautes tables. La pièce avait un très mauvais éclairage et les murs étaient recouverts de vieux livres poussiéreux. Dans un coin de la pièce, une grande étagère en bois portait des dizaines de flacons contenant des feuilles séchées, des métaux ou encore des liquides colorés.

Les Gardiens de Dralyr - I - MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant