Les Gardiens de Dralyr - I - Malédiction

Chapitre 25 : Sentiments

Le groupe était regroupé devant une cabane et attendait que leur professeure ressorte avec leur chauffeur. Pour aller en Aerymh, le moyen le plus rapide avec leur grand groupe était de prendre un bateau volant. Le domaine de l'Air était très loin et les élèves avaient estimé plusieurs jours de voyage.

Finalement, Mme Elwing les rejoignit accompagnée d'un homme barbu d'un âge mur.

— Bonjour, je suis Ricardo et je serais votre capitaine pour ce trajet. Suivez-moi, je vais vous amener à votre embarcation du jour.

Les adolescents le saluèrent poliment puis contournèrent le hangar qui cachait un petit port où ils trouvèrent un dirigeable qui était accroché à la coque d'un navire. N'en ayant jamais vu d'aussi près, les jeunes mages ne purent s'empêcher d'ouvrir la bouche émerveillés.

— Eh oui ! C'est moi qui l'ai construit l'année dernière, il est flambant neuf !

— Il est magnifique, Monsieur.

— Je vous en prie, appelez-moi Ricardo.

— D'accord, Ricardo ! On peut partir maintenant ? Je suis trop pressé de monter là-dedans.

— Mais tu as le vertige, Rayan. Tu es sûr que ça va aller ?

— La sensation du vertige se manifeste seulement quand nous sommes reliés à la terre, dans ce cas-là, il ne faut pas s'inquiéter, expliqua Mme Elwing.

Rayan n'avait pas attendu l'explication et sauta immédiatement sur le pont, suivi par Malia.

Jeanne regardait le véhicule, sceptique. Elle pensait qu'ils monteraient dans un traineau tiré par des pégases comme lors de son arrivée à Dralyr. Elle avait peur que le gros ballon n'explose ou ne soit percé par d'éventuelles attaques de démons, car ils étaient sûrement à leurs trousses depuis qu'ils avaient affronté un des leurs.

Percevant son trouble, Carla voulut lui tenir la main pour la rassurer mais s'abstint. Même si cela faisait déjà plusieurs mois qu'elle côtoyait Jeanne, elle avait du mal à éviter tout contact physique, car comme les paroles de Carla pouvaient parfois être sèches, elle avait l'habitude de rassurer ses amies par des gestes plutôt que des mots.

— Besoin d'aide, Mesdemoiselles ?

Carla tourna la tête en direction de leur pilote qui tendait la main à son amie pour l'aider à grimper. Jeanne ne put cacher son expression de dégoût et enjamba la passerelle.

— Surtout pas, merci. Je sais me débrouiller seule.

Jeanne n'était pas désagréable avec les gens habituellement mais depuis que Laury lui avait raconté sa mésaventure avec le barman pervers et drogueur, son amertume pour les hommes était encore plus forte qu'avant. Et le fait qu'un inconnu de quarante ans passe un voyage de cinq jours entiers avec des jeunes de quinze ans la mettait mal à l'aise, il était peut-être un agent des démons, ou un pervers.

Puis une fois tous confortablement installés entre les coussins que Ricardo avait ajoutés, ils purent enfin s'élever dans les airs. Le dirigeable resta d'abord assez près du sol puis après quelques minutes ils prirent de l'altitude et s'approchaient même des nuages. Les adolescents étaient excités de voler car c'était une sensation que les mages non-aerys ne pouvaient pas souvent expérimenter.

Laury s'était installée innocemment à côté d'Alexeï et ils parlaient ensemble sous les regards noirs de Rayan. Elle lui chuchotait un mot à l'oreille et ses joues chauffèrent immédiatement. Diego s'était éloigné d'eux et préférait regarder les nuages et les oiseaux pour réfléchir seul de son côté par rapport à sa discussion avec Malia.