Chapitre 14 : Contact

16 5 21
                                    

— Je suis contente d'être avec toi.

Jeanne leva la tête de son bouquin pour regarder son amie.

— Moi aussi, je sens que je peux vraiment être moi-même en ta compagnie.

La Française ferma son livre et fit un petit geste de la main droite : un ouvrage avec une reliure en cuir se détacha de la bibliothèque pour venir voler jusqu'à elle. Les deux jeunes filles se trouvaient à la bibliothèque d'Aeryhm pour faire des recherches sur l'histoire des statues de la première génération d'élémentaire et toutes les légendes qu'elles contenaient.

Jeanne analysait le sommaire quand des silhouettes masculines s'approchèrent d'elles. C'étaient deux jeunes d'une vingtaine d'années dont Carla avait déjà croisé les regards insistants. L'Italienne soupira et les ignora alors qu'ils s'asseyaient à leur table.

— Bien le bonjour mesdemoiselles, on vous voit travailler depuis pas mal de temps et on s'est dit que vous aurez besoin d'une petite pause... Ça vous dit de vous joindre à nous ?

— Désolée, mais nous sommes occupées, merci, au revoir, coupa court Jeanne sans lever les yeux vers eux.

Mais les deux Aerys n'étaient pas satisfaits de sa réponse. L'un d'entre eux posa donc sa main sur l'épaule de Jeanne.

— Je pense que vous nous avez mal compris...

Carla jeta un regard anxieux vers son amie dont le corps entier tremblait. L'Italienne se surprit à constater que Jeanne avait perdu toute sa confiance et regardait le sol, les yeux mouillés. Carla remonta ses lunettes sur son nez et répéta :

— On a dit non, donc partez avant qu'on appelle la sécurité.

Malgré son apparence frêle, la brunette avait la voix étrangement assurée et les deux hommes abandonnèrent, non sans les insulter le dos tourné.

Jeanne se leva précipitamment et partit au fond de la bibliothèque, elle tremblait encore, des sueurs froides lui parcouraient le corps. Carla hésita à la suivre, mais son inquiétude prit le dessus et elle la rejoignit aux toilettes. Jeanne se lavait les mains en respirant difficilement.

— Il y a un souci ?

La voix inquiète de Carla fit culpabiliser la Française qui ne voulait pas que son amie se sente fautive. En continuant de frotter frénétiquement ses mains sous l'eau, elle la rassura :

— Tout va bien. Il ne s'est rien passé.

Carla écarquilla les yeux derrière ses verres épais. Elle ne pouvait plus se retenir, elle était trop curieuse, mais surtout inquiète pour son amie. Depuis la rentrée, déjà, elle avait remarqué cette manie étrange et elle ne comprenait pas pourquoi Jeanne ne voulait pas lui parler de son trouble. Et en assistant de nouveau à cette scène, elle ne put se contenir cette fois :

— Ne me mens pas. Tu es clairement dans le mal, et j'aimerais vraiment que tu puisses m'en parler. Alors arrête d'être dans le déni, car ce n'est pas comme ça que tu vas pouvoir avancer.

En voyant les yeux mouillés de Jeanne, la jeune mage se rendit compte du ton qu'elle avait employé et s'excusa immédiatement. En voulant lui poser une main amicale sur le bras par réflexe, Jeanne fit un mouvement brusque et recula, les yeux horrifiés, comme si elle avait peur que Carla ne la frappe.

— Désolée Carla, mais... je n'aime juste pas qu'on me touche.

— C'est moi, j'ai oublié. Tu n'as pas à t'excuser, dit-elle avec un petit sourire réconfortant.

Les deux filles étaient seules dans les sanitaires de la bibliothèque et Jeanne se laissa glisser le long du mur jusqu'au carrelage froid. Elle semblait vouloir dire quelque chose à Carla, mais cela lui pesait. Son amie le remarqua.

Les Gardiens de Dralyr - I - MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant