Chapitre 11 : Lettres

21 6 48
                                    

L'hiver remplaçait l'automne et les arbres perdaient leurs belles feuilles chaleureuses pour se retrouver à découvert. Cela faisait déjà plusieurs semaines que les entraînements de Mme Elwing avaient commencé, et pendant ses cours elle leur apprenait à entraîner aussi bien leur corps que leur esprit, car l'essence de la magie venait de l'équilibre entre les deux. Ce vendredi-là, ils finissaient plus tôt, leur séance d'entraînement secret avait donc été avancée. Cependant, le gymnase était exceptionnellement pris par les troisièmes années, donc ils durent se contenter de l'arrière-cour, assez éloignée du bâtiment. Avec ce temps, ils ne risquaient pas de croiser grand monde. Mais malgré le froid, l'elfe ne les ménageait pas, et les quatre mages travaillaient leur cardio avec des séries de pompes et de gainage.

— Il faut que votre corps soit prêt pour contenir toute la puissance de vos pouvoirs.

— Et si... on... n'arrive... pas ? demanda Jeanne, le souffle court.

— Vous explosez.

Cette réponse eut l'effet d'une douche froide et tout le monde se mit à sa tâche avec plus d'acharnement et de détermination qu'avant. Après une vingtaine de minutes, l'elfe les fit s'étirer pour détendre leurs muscles, puis asseoir en tailleur afin qu'ils puissent pleinement se concentrer.

— Fermez les yeux et videz votre esprit. Tendez l'oreille, écoutez la voix de la nature et percevez la vie qui s'écoule autour de vous.

Rayan était silencieux – pour une fois – et suivait avec application les indications. Il perçut le chant d'un oiseau immédiatement rejoint par un autre. Puis, avec un peu plus d'attention, il entendit le froissement des feuilles sèches sous les pas de Mme Elwing et même le craquement d'un bout de bois un peu plus loin – sûrement un petit animal.

— Maintenant, concentrez-vous sur votre respiration... Puis suivez votre rythme cardiaque.

Le mage du Feu posa la main sur son cœur, il s'était apaisé depuis ce matin. Comme Rayan était toujours en mouvement, il avait l'habitude de sentir son cœur battre très rapidement contre sa poitrine mais cette fois-là, c'était beaucoup plus lent et calme. C'était une sensation très étrange.

— Maintenant, suivez le parcours de votre mana traversant votre corps, puis concentrez-le en un point que vous pourrez manipuler, vers la main par exemple. Et quand vous sentez que vous avez amassé assez d'énergie, ouvrez les yeux, visez la cible devant vous et relâchez l'énergie.

Le garçon s'était concentré sur sa paume droite et leva le bras devant lui. Il rouvrit les yeux au moment où il libéra sa magie. Un faisceau flamboyant passa à côté de Mme Elwing pour aller brûler l'arbre derrière elle. Il avait manqué le mannequin de bois.

— Raaaah ! Encore loupé ! J'en ai marre ! J'arrive jamais à bien viser.

Le garçon tourna la tête pour voir dans quel état étaient les cibles de ses amis : Laury avait comme d'habitude réussi à inonder la sienne, tandis que Zitao avait enroulé une liane autour du mannequin pour l'étrangler, mais celui de Jeanne n'avait pas remué, elle était encore concentrée.

En entendant un autre craquement, Rayan scruta l'arbre le plus proche. Son tronc était très épais, assez pour cacher une ou deux personnes.

— Arrête de bouger, on va se faire repérer, entendit-il murmurer.

— Rayan ? T'es où ? Ah, Ray !

Il tourna la tête et reconnut Malia, courant vers lui, d'un air paniqué.

— Enfin ! Ta sœur te cherche ! Elle est près du lac ! Vite !

Le garçon, ne comprenant pas trop la situation, courut sans réfléchir et en passant devant l'arbre, il vit deux silhouettes, mais il ne s'attarda pas et rejoignit sa sœur. Avant d'être trop loin, il parvint à entendre Malia demander d'une voix vexée aux autres :

Les Gardiens de Dralyr - I - MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant