Chapitre 2 : Langage

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Un éclat intense lui fit ouvrir les yeux brutalement. En sentant ses membres engourdis, Zitao remarqua qu'il s'était endormi assis. Il se frotta les yeux pour se réveiller et prit l'emballage du pendentif pour aller le jeter à la poubelle, lorsque son regard se posa sur une inscription qu'il n'avait pas vu la veille : « Si tu veux les réponses à tes questions, suis les lumières »

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

Le jeune Chinois retourna le papier kraft dans tous les sens pour vérifier qu'il n'y avait plus rien, et à cet instant précis le papier se décomposa en de fines particules de poussière dorée. Et étrangement, ces grains semblaient dégager une lueur avant de s'envoler à travers la porte de sa chambre. Zitao n'avait pas prêté attention à ce détail, et les yeux mi-clos, il alla dans la cuisine pour prendre un petit déjeuner – son père étant déjà parti travailler, il était seul avec son chien. D'ailleurs, ce dernier semblait plutôt agité : il ne cessait d'aboyer devant la porte d'entrée, ce qu'il prit comme l'envie d'une promenade. Sûrement à cause de la lumière du jour ou alors parce qu'il n'était pas bien réveillé, mais l'Asiatique n'avait pas remarqué la poussière dorée sur le pelage de son chiot.

Il suivait son chiot dans un parc depuis déjà une vingtaine de minutes d'une démarche lente et endormie, lorsqu'un jappement le fit sursauter.

— Bah alors Zhon*, qu'est-ce que tu as ?

Zitao se pencha vers son chiot pour le caresser et le rassurer, et remarqua des paillettes d'or collées à ses mains. Il fronça les sourcils et releva la tête devant un imposant tronc. Et alors qu'il l'avait à peine effleuré, un rayon de lumière éclaira soudainement l'arbre et le garçon se sentit basculer en avant.

Ses yeux verts s'ouvrirent sur un ciel bleu. Il se redressa avant de poser une main sur sa tête qui lui tournait. Il balaya les alentours, cherchant son chien mais n'aperçut qu'une étendue d'eau longeant un petit bois.

— Zhon, mon brave, où es-tu ? cria-t-il affolé.

Mais aucun aboiement ne s'ensuivit.

Il se frotta les yeux avec insistance pour vérifier si cela n'était pas une hallucination, mais rien ne changea.

L'Asiatique entendit un éclat de voix au loin et vit une silhouette masculine penchée sur un corps, semblant le frapper. Zitao – soudain devenu bien courageux – accourut pour lui porter secours mais se stoppa à quelques mètres. Devant lui se tenait un adolescent qui avait réveillé une jeune fille avec des petites claques. Cette dernière s'était redressée d'un coup et elle s'était éloignée de quelques mètres du garçon, les bras tremblants, le regard noir.

Qu'on me pardonne, j'ai péché ! Je m'excuse d'avoir frappé une femme, s'exclama soudain le premier adolescent dans une langue étrangère en direction du ciel.

Excuse-toi auprès de moi, plutôt, répondit la fille.

Puis elle se tourna vers Zitao pour lui demander quelque chose, mais elle dut se contenter d'un lourd silence car le jeune Chinois n'avait pas compris un mot de ce qu'elle avait dit.

« Super... je me retrouve dans un endroit inconnu avec deux étrangers qui ne parlent pas la même langue que moi. » ironisa Zitao pour lui-même.

Comme l'Asiatique ne savait pas quoi faire, il regarda les deux autres discuter vivement en français – qu'il devina grâce à sa connaissance du mot "bonjour" – et en profita pour les détailler. Le premier avait la peau hâlée par le soleil et des yeux ambrés, tandis que la seconde venait de relever sa tignasse brune en un chignon, et il ne fallait pas être bilingue pour comprendre qu'elle était aussi perdue que lui. En les comparant, une évidence surgit tout à coup : les deux jeunes possédaient chacun une chaîne argentée à laquelle pendait un triangle identique à celui que Zitao avait dans la poche. L'esprit du garçon bouillonnait en émettant de nombreuses hypothèses et en essayant de faire des liens.

Les Gardiens de Dralyr - I - MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant