Alors qu'elle coule des jours paisibles sur la côte d'Opale depuis quelques années maintenant, le quotidien de Louise va être littéralement bouleversé du jour au lendemain, avec l'arrivée fracassante de Ruben dans le paysage serein qu'elle s'est con...
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Mais qu'est-ce qu'il fout bon sang ? Les yeux plissés et l'esprit vraiment pas tranquille, je regarde au loin.
En arrivant sur la plage tout à l'heure, j'ai encore repéré sa silhouette stagnante au milieu de l'eau. C'est la troisième fois que ça arrive et j'ai remarqué qu'il peut rester des heures comme ça. Enfin, à vrai dire, je n'en sais trop rien, je repars toujours avant lui, alors qu'il reste figé face à l'horizon. Qu'est-ce qui l'empêche autant de surfer ?
Au bout d'un moment, je le vois entreprendre une action. Il se retourne, pivote pour faire demi-tour de façon à regagner le rivage. Son buste est penché en avant, et il pagaye avec ses bras pour avancer, pourtant j'ai la sensation qu'il lutte, il a l'air... faible, fatigué, sur le point de s'écrouler. La main en visière pour mieux apercevoir la scène, une boule se forme au creux de mon ventre au fil des secondes qui paraissent s'étirer comme des heures.
Soudain, il se stoppe net d'avancer, portant une main sur sa poitrine et puis tout à coup, plus rien. Un léger mouvement, une fraction de secondes, qui semble se dérouler au ralenti sous mes yeux.
Sans comprendre ce qui se passe, son corps bascule en arrière et tombe dans la mer. Je me lève d'un bond sur mes deux pieds, alarmée. La panique m'envahit instantanément, alors j'accours vers le bord de mer à toute allure et ne le voyant toujours pas remonter à la surface, je me précipite vers lui en traversant vivement le courant, puis plonge pour le rejoindre. Dieu merci, il n'était pas trop loin du bord et j'arrive rapidement vers sa planche qui ondule légèrement avec le courant.
Prenant une grande inspiration, je me laisse couler dans le fond, tout en regardant autour de moi. Et là, je l'aperçois, le corps inactif et statique, les bras remontés, comme s'il s'enfonçait peu à peu dans les tourments mouvants. Je nage vers lui, passe mes mains en dessous de ses aisselles, puis essaye de toutes mes forces de le faire remonter à la surface. La force et l'effort que ça me demande est intense. Tous mes muscles sont contractés, me tirent et je manque de souffle à cause de la panique. Par je ne sais quel miracle, tant bien que mal, alors qu'il pèse de tout son poids, nous tirant en profondeur, j'arrive à nous faire remonter.
Son corps ramené fermement contre le mien, j'essaye de garder sa tête hors de l'eau. Même si la peur d'échouer est présente, l'adrénaline me renforce. Laborieusement et à bout de souffle, j'arrive peu à peu à faire déplacer nos deux corps vers la plage, même si je me prends un tas de tasses pendant cette remontée qui me paraît interminable. Je suis épuisée, les bras en feu, la respiration courte, mais je ne peux pas abandonner.
Enfin, une vague vient nous projeter contre le sable, la respiration hors d'haleine, le corps de Ruben sans réaction contre moi. Je suis à bout de force et totalement affolée par ce qui se passe, néanmoins cette peur me renforce et m'oblige à me surpasser.
