La princesse et moi

Chapitre 33

Main dans la main, nous entrons dans la salle. Être la fausse petite amie du prince n'est pas si facile que je le pensais. Je suis invité à toutes les soirées et j'ai presque l'obligation de m'y rendre sinon ça élèverait les soupçons. Ça ne me plaît pas de devoir tenir la main à Arthur, mais ces dernières semaines, on a appris à se connaître. Une amitié est née entre nous. À chaque fois que je venais au château, je me rendais discrètement dans la chambre de sa sœur le soir, mais le reste du temps, nous discutions de plein de choses tous les deux.

Nous saluons toutes les personnes présentes, un faux sourire scotché sur mon visage. C'est épuisant de faire semblant, mais bon, je ferais tout pour Allison. La voilà justement. Tenant la main d'un garçon ? Je n'étais pas au courant de ça. Elle trouve mon regard et comprend ma confusion. Elle sort son téléphone et je reçois un message quelques secondes après.

Alison❤️
Mon père m'a demandé de me montrer main dans la main avec un garçon pour couper toute rumeur à propos de ma sexualité.😕

De la colère monte en moi, mais je me retiens. Après tout, moi aussi, je tiens la main d'un garçon. Je croise Antoine qui travaille encore en tant que serveur, il est sortis en dehors des heures autorisé donc il a encore gagné un mois de boulot. Je le vois beaucoup moins qu'avant depuis ma rupture avec Victor, notre groupe s'est un peu séparé. La seule restante est Sarah.

La soirée commence à être longue, les invités ont tous un verre dans le nez et mon hypocrisie commence à manquer. En plus, Allison est restée collée à ce garçon toute la soirée.

-« Tout va bien ? »

Je tourne la tête vers Arthur, j'avais oublié son existence.

-« Oui oui. »

-« Je ne savais pas que tu étais jalouse. » Dit-il en pointant les deux tourtereaux un peu plus loin.

-« Je ne suis pas jalouse, mais il n'arrête pas de la coller. »

-« Oui donc tu es jalouse. Tu sais, on peut la rendre jalouse aussi. »

Je le regarde un sourcil levé. C'est mesquin, mais j'avoue que l'idée me tente. Après tout, elle ne m'a pas porté d'attention de toute la soirée.

Arthur se rapproche de moi et met son bras sur mes épaules. Il me chuchote des mots à l'oreille. Je ne pensais pas que ça fonctionnerait aussi vite, la princesse nous fixe d'un regard assassin. Si seulement elle savait qu'Arthur me chuchote juste une recette pour faire un gâteau au chocolat.

-« Tu n'as pas trouvé mieux à me raconter ? »

-« Mieux que les gâteaux au chocolat ? Non. »

Je rigole. J'évite le regard d'Allison et je continue de jouer le jeu. Un couple de personnes âgées nous rejoignent.

-« C'est beau l'amour entre les jeunes, n'est-ce pas Bob ? »

-« Profitez-en parce que plus tard, vous vous retrouvez coincé avec une vieille personne qui ne fait que râler. »

La femme tape gentiment l'homme sur l'épaule tandis qu'il émet un rire grave.

-« Liv, je te présente mes grands-parents du côté maternel. »

Je leur tends la main et nous discutons quelques minutes. Je dois dire qu'ils sont assez sympas pour des bourgeois.

J'en ai marre de toutes ces discussions, je m'éclipse aux toilettes. Lorsque je ressors du cabinet, une main m'attire dans la cabine de nouveau. Aucun doute, elle est énervée.

-« Qu'est-ce que tu fous ? »

-« Pardon ? De quoi est-ce que tu parles ? »

-« Ne te fous pas de ma gueule, tu n'arrêtes pas de flirter avec mon frère. »

-« Jalouse ? C'est toi qui flirtes avec ce garçon depuis le début de la soirée. Je n'ai fait que suivre le mouvement puis ton frère est assez sympa.»

Elle souffle lourdement.

-« Laisse tomber. »

Elle tente de partir, mais je la retiens par le bras. Je la colle contre moi et l'embrasse tendrement. Elle ne répond pas à mon baiser pendant la première seconde, mais elle finit par poser ses mains sur mes hanches et me coller encore plus à elle. Ses lèvres m'ont manquées et je ne vais pas mentir, elle est vraiment belle quand elle est énervée.

J'arrête le baiser avant que ça ne parte trop loin. Nous nous séparons à bout de souffle et toutes les deux rouges. Il fait tellement chaud dans ces toilettes.

-« Notre dispute a été vite réglée. »

Je souris à sa phrase.

-« J'ai envie d'être avec toi, pas lui. » Me dit-elle.

-« Alors reste ici. »

-« On ne va pas finir la soirée dans les toilettes. »

-« J'ai une idée, suis-moi. »

Nous sortons discrètement des toilettes. Elle me prend la main et nous montons au dernier étage du château. Nous empruntons un passage que je n'avais jamais vue avant.

-« Tu m'emmènes où ? »

-« Tu verras, sois un peu patiente. »

Elle ouvre une pote et une grande terrasse se dresse devant moi.

-« Waw. »

Il fait entièrement noir, nous sommes éclairés par la lune. C'est magnifique. Je ne savais pas qu'on pouvait monter sur le toit. Il a été transformé en terrasse.

Allison s'assied par terre et je m'installe à côté d'elle.

-« J'adore venir ici. »

-« Tu m'étonnes, c'est magnifique. »

-« J'ai une question que je ne t'ai pas encore posée. »

Je le regarde curieusement. Elle a l'air stressé, je n'ai pas l'habitude de la voir dans cet état. Je pose ma main sur la sienne pour l'encourager.

-« Ça fait quelques semaines qu'on se côtoie. »

-« Qu'on se côtoie sérieusement ? On a fait bien plus que se côtoyer. » Je dis en rigolant.

Elle rigole et continue.

-« Non mais tu vois ce que je veux dire. Je t'apprécie vraiment beaucoup et je n'aime pas te voir avec quelqu'un d'autre. »

-« Si tu comptes me demander en mariage maintenant, c'est trop tôt. Je sais que les relations lesbiennes sont connues pour aller vite, mais là, c'est exagéré. » Je dis en rigolant.

Elle me met une tape sur l'arrière de la tête pendant que je rigole de sa moue boudeuse.

-« Laisse-moi parler non ? »

Je hoche la tête et elle reprend. Elle est adorable.

-« Voilà, je me demandais si tu voulais être ma copine ? »

-« Ah, il faut que j'y réfléchisse. »

Elle se tourne vers moi en un mouvement. Sa tête me fait rire, je m'approche doucement et l'embrasse.

Je me recule.

-« Évidemment que je veux être ta copine débile. »

Elle se détend enfin et m'embrasse. On ne se sépare que quelques secondes après et elle me prend dans ses bras. Nous passons la soirée à regarder les étoiles dans le ciel et à discuter de tout et de rien. Je suis beaucoup mieux ici avec elle.