Chapitre 1

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Luna

De tous les coups que ma mère aurait pu me porter, celui-ci était le plus cruel. La veille, elle m'annonçait froidement que je partais vivre chez un inconnu, et dès le lendemain, me voilà en route pour la maison de cet homme que je ne connais que de nom. Après l'épouvantable année qui venait de s'écouler, il m'était inconcevable que ma génitrice puisse me faire ça, m'arracher à ma vie et à Alec, mon meilleur ami, la seule personne sur qui je pouvais compter depuis son départ. L'idée de m'envoyer chez lui en plein mois d'août, sans attendre la rentrée scolaire, était aussi absurde que cruelle. Je n'ai même pas eu l'occasion de dire au revoir à qui que ce soit, prévenant mes amis par un simple texto que je déménageais.

Nous avons toujours vécu dans une banlieue chic et tranquille de Los Angeles. C'est là que j'ai grandi avec la plupart de mes amis, malgré le temps que je passais à la patinoire ou à l'école. Je n'étais pas particulièrement attachée à ce quartier où les ragots se propageaient comme une traînée de poudre et où les habitants, riches et arrogants, semblaient se croire au-dessus de tout. Ma mère faisait malheureusement partie de cette élite superficielle. Le seul point positif à ce déménagement était de ne plus jamais avoir à supporter leurs enfants gâtés et prétentieux. Tous les élèves de mon lycée n'étaient pas comme ça, heureusement pour ma santé mentale.

Assise dans la voiture, plongée dans mes pensées, je fus tirée de ma torpeur par la voix du chauffeur, Georges, m'annonçant que nous étions arrivés.

- On est arrivé, mademoiselle. C'est ici.

- Quoi, déjà ?

Georges, le chauffeur personnel de ma mère, vit mon incompréhension et ma stupéfaction. Le trajet n'avait duré que moins d'une heure, signifiant que mon géniteur vivait tout près de chez nous, à environ quarante-cinq minutes. Il n'avait pourtant jamais voulu me connaître. À cette pensée, un léger pincement au cœur se fit sentir, mais je me ressaisis rapidement.

J'ai grandi entourée de luxe, de voitures somptueuses et de grandes maisons, mais ce que j'aperçus en tournant la tête me subjugua. Une grande villa se dressait devant moi, d'une beauté éblouissante. Ses lignes modernes et épurées contrastaient avec le paysage environnant, créant une impression de grandeur indéniable. Une allée pavée menait à l'entrée principale, où plusieurs voitures de luxe étaient soigneusement garées. Mon regard s'attarda sur elles, avant de revenir à la contemplation de la maison.

Georges s'arrêta devant la porte d'entrée. Mes mains devinrent moites d'appréhension. J'inspirai profondément, rassemblant mon courage avant de sortir de la voiture et d'admirer la demeure imposante. Pendant ce temps, Georges déchargea mes bagages et les quelques cartons qui avaient trouvé place dans la voiture, les déposant devant l'immense porte d'entrée. Une fois son travail terminé, il se tourna vers moi, me demandant s'il pouvait me laisser ici.

- Mademoiselle, ça va aller ? Je peux vous laisser, ou avez-vous besoin d'autre chose ?

- Non, merci Georges, merci beaucoup pour le trajet, mais ça devrait aller.

Il acquiesça avant de remonter dans la voiture et de s'éloigner. Je le regardai partir, et une fois qu'il quitta mon champ de vision, l'appréhension revint en force. Je me tournai vers la grande porte, m'armant de courage pour toquer. Mais avant que je n'aie le temps de faire quoi que ce soit, la porte s'ouvrit brusquement. Une femme en sortit pour m'accueillir, se jetant littéralement sur moi et m'étouffant dans un grand câlin. Je me raidis, sentant l'angoisse monter en moi; le contact humain n'a jamais été mon fort. Je tentai de réguler ma respiration, luttant contre une crise d'angoisse imminente.

Respire, respire, respire. Respire Luna, ce n'est pas le moment de faire une crise.

Je parvins à me calmer. Lorsqu'elle me lâcha enfin, je soupirai de soulagement. Elle se présenta alors, souriante.

Ice & DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant