Chapitre 2

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Luna

Cet homme imposant, qui semble être mon père biologique, entre dans la cuisine sans remarquer ma présence, son téléphone collé à l'oreille. Il s'adresse directement à Carmen, comme si elle était seule dans la pièce.

— Bonjour Carmen, mais à qui parlez-vous donc ? demande-t-il, perplexe.

— Je ne suis pas seule, retournez-vous, monsieur Cruz, lui répond-elle calmement.

Parce que oui, la seule chose que mon père m'ait laissée avant de partir, c'est son nom. Il a au moins eu la décence de me reconnaître avant de disparaître. Il se retourne, et se fige en me voyant assise à cette table. Bonjour le malaise, mais au moins il semble savoir qui je suis. Un silence gênant s'installe, et même Carmen, qui n'a cessé de parler depuis mon arrivée, se tait. Je décide de briser le silence.

— Euh... salut ! Je suis Luna Cruz, vot... enfin, ta fille.

Je ne sais même pas si je dois le tutoyer ou le vouvoyer. Il continue de me fixer, comme s'il venait de découvrir une créature extraterrestre dans sa cuisine. Son interlocuteur doit lui parler à l'oreille, car il sort de sa torpeur pour reprendre son appel. Puis il sort de la pièce sans un mot, comme si de rien n'était.

Waouh ! Je suis abasourdie. Il est parti comme ça, sans décrocher un seul mot. Il m'a juste regardée avant de se barrer, comme si je n'étais rien pour lui. La scène qui vient de se dérouler me laisse glacée. Je me tourne vers Carmen, et son regard désolé me confirme que je déteste déjà cet homme.

— Est-ce que je peux savoir où est ma chambre, s'il vous plaît ? Je n'ai plus faim, finalement, j'aimerais me reposer.

— Pas besoin de me vouvoyer, tu sais. Et puis ne t'en fais pas, mon enfant, ton père...

— Ce type n'est pas mon père, la coupai-je sèchement. Maintenant, je peux savoir où est ma chambre ou pas ?

Elle voit bien que je ne souhaite rien ajouter et abandonne. Elle arrête ce qu'elle faisait et me demande de la suivre. Nous traversons de nouveau l'énorme salon et montons le grand escalier. Un autre escalier, dissimulé dans un mur, apparaît au loin. Elle continue à marcher dans un immense couloir décoré de meubles, de vases et de tableaux. Je la suis mécaniquement, observant chaque détail autour de moi. Finalement, elle s'arrête devant une porte qu'elle pousse doucement.

— Voici ta chambre, ma grande. On y a monté tes affaires. Tu as besoin d'autre chose ? Tu es sûre de ne pas vouloir manger quelque chose ?

— Non, merci. Je veux juste me reposer. Mais c'est gentil, merci.

— Très bien. N'hésite pas à m'appeler si besoin.

— Merci, lui répondis-je avec un micro sourire.

Une fois seule, je ferme la porte derrière moi et me mets à analyser cette pièce qui sera ma nouvelle chambre. Au centre se trouve un lit king size. Deux portes grandes ouvertes révèlent une salle de bain et un dressing. Je soupire, déjà fatiguée à l'idée de défaire mes valises. Je contourne le lit pour m'y asseoir et aperçois une enveloppe sur la table de chevet. Curieuse, je l'attrape et découvre qu'elle contient une clé de la maison, une clé de voiture BMW, et une note.

« Voici la clé de la villa, et celle de ta nouvelle voiture en attendant que la tienne arrive.

Papa »

Je ricane nerveusement en lisant le mot "papa". Peu importe le ressentiment que j'éprouve, cette voiture m'est nécessaire. La mienne est encore chez ma mère. En plus, mes cartons n'arriveront pas avant la fin de la semaine. Je m'affale sur le lit en repensant à la rencontre désastreuse avec "papa Cruz". Puis une idée me traverse l'esprit en regardant les deux clés sur la table de chevet. Une balade s'impose. J'ai encore un mois avant la rentrée, et il est hors de question que je le passe enfermée ici.

Ice & DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant