• Chapitre 15 : Solitude

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La lumière du matin perçait à travers les rideaux de la cuisine de Satoru Gojo, inondant la pièce d'une lueur douce et dorée. L'air était frais, porteur d'une tranquillité trompeuse, presque sereine, qui contrastait violemment avec la tension invisible qui régnait dans la pièce. Sur la table de la cuisine, une tasse de jus d'orange reposait à côté d'une petite assiette en porcelaine blanche, sur laquelle se trouvait un comprimé, minuscule et blanc, presque anodin dans son apparence.

Mei était assise à la table, ses yeux encore embués de sommeil, ses cheveux en désordre tombant sur ses épaules. Elle semblait épuisée, ses mouvements lents et délibérés alors qu'elle prenait la tasse de jus d'orange entre ses mains tremblantes. Elle leva son regard vers son mentor, cherchant quelque réconfort dans sa présence imposante. Satoru se tenait debout près du comptoir, son bandeau couvrant ses yeux, dissimulant l'intensité glaciale de son regard. Seul un sourire mince, presque imperceptible, jouait sur ses lèvres.

"Juste un cachet pour ton mal de ventre," dit Satoru doucement, sa voix délibérément calme, presque apaisante. "Ça ira mieux après."

Mei regarda le comprimé, ses yeux se plissant légèrement de doute. "C'est... c'est juste un médicament, c'est ça ?" demanda-t-elle, son ton hésitant, mais sans réelle méfiance. Elle était trop fatiguée, trop épuisée par les événements récents pour questionner davantage. Ses yeux brillaient d'une innocence naïve, cherchant une vérité réconfortante chez son mentor.

Satoru hocha la tête, son sourire s'élargissant légèrement. "Oui, Mei. Juste un médicament," répéta-t-il doucement. Mais derrière son bandeau, ses yeux étaient autre chose : une tempête silencieuse de douleur, de peur, et de quelque chose de plus sombre, de plus tordu. Il ne pouvait pas la regarder directement, pas sans que sa propre folie ne soit révélée. Elle devait croire en lui. Elle devait le faire.

Mei, rassurée par sa voix douce, prit le comprimé dans sa main, le tenant entre ses doigts fins, hésitant un instant de plus. "D'accord," murmura-t-elle finalement, un sourire timide, fatigué, se dessinant sur ses lèvres. "Je te fais confiance, Satoru."

Ces mots étaient comme des poignards pour lui, transperçant son cœur avec une douleur sourde. Fais confiance. Un concept si simple, si puissant, mais tellement brisé dans cet instant. Il la regarda porter le comprimé à ses lèvres, son estomac se nouant. Ses doigts se resserrèrent contre le bord du comptoir, ses ongles s'enfonçant si profondément dans sa peau qu'il sentit une douleur aiguë. Il voulait crier, l'arrêter, lui dire la vérité, mais il resta silencieux, figé dans son propre tourment.

Mei avala le comprimé, ses mouvements lents et gracieux, ignorant le regard intense de son mentor. Satoru observait chaque détail, chaque mouvement de sa gorge, ses lèvres se refermant autour du jus d'orange, le liquide froid glissant le long de sa gorge alors qu'elle avalait le comprimé sans méfiance.

"Voilà," murmura-t-il doucement, presque pour lui-même, mais assez fort pour qu'elle l'entende. "Ça ira mieux maintenant."

Elle hocha doucement la tête, reposant la tasse sur la table, ses yeux se levant à nouveau vers lui. "Merci," dit-elle, sa voix faible mais sincère. Elle sourit, un sourire doux, presque enfantin, qui lui serra le cœur. Elle ne savait rien de la trahison qu'il venait de commettre, de l'acte impardonnable qu'il venait de commettre sous ce voile de protection.

Satoru sentit ses mains trembler, le sang coulant doucement de là où ses ongles avaient percé sa peau. Une nouvelle journée commence, pensa-t-il, mais les mots résonnaient creux, vides de sens. Pour elle, une journée comme les autres. Pour moi, un enfer vivant.

Il la regarda, assise à la table, toujours souriante malgré sa fatigue. Elle ne savait rien des démons qui dansaient dans sa tête, des pensées sombres et tordues qui le hantaient. Chaque fois qu'il la regardait, il voyait la scène sous le pont délabré, la première fois qu'il l'avait vue, vulnérable et perdue, mais avec une étincelle dans les yeux qui l'avait attiré comme un papillon à une flamme. Il se souvenait de leurs moments partagés, de la passion interdite, des rires volés. Et maintenant, tout cela était enveloppé dans un voile de culpabilité et de peur.

𝐋'𝐡𝐞́𝐫𝐢𝐭𝐚𝐠𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐮𝐝𝐢𝐭𝐬 (𝐒𝐚𝐭𝐨𝐫𝐮 𝐆𝐨𝐣𝐨 𝐱 𝐎𝐜)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant