24-Alex: combat contre le traître

51 12 83
                                    

Une immense chaleur enveloppe mon corps, telle une épaisse couverture. Je me laisse submerger par cette mystérieuse énergie, à la fois agréable et envoûtante. Son intensité se décuple, quand je vois Nabra s'apprêtant à transpercer le cœur d'Arthème. 

Sans réfléchir, je me précipite, m'emparant, au passage, de l'épée de Zephael, laissée par terre. Courant aussi lestement qu'un félin; je traverse la distance qui nous sépare et, de justesse, je parviens à dévier l'arme de Nabra. Ce dernier me regarde haineusement en maugréant:

-Misérable humain! Comment oses-tu t'interposer dans un combat qui ne te regarde même pas?!

J'aperçois mes amis tenter d'intervenir; mais je leur ordonne de cette voix sombre, qui m'est étrangère:

-Non! Laissez-le moi! Je peux le vaincre seul!

-Mais Alex, tu sais que tu ne peux pas le tuer! -Me rappelle Rosalie.-

Je n'ai aucune idée si c'est mon égo disproportionné qui parle ou cette étrange énergie qui semble avoir pris le contrôle, en moi; néanmoins, je rétorque d'une voix assurée:

-Nul besoin de tuer, pour triompher d'un ennemi et je vais vous en donner la preuve!

Nabra me regarde dédaigneusement et siffle:

-Tu as l'arrogance de ton espèce! Puisque tu tiens tant à mourir, ici; alors, qu'il en soit ainsi!

Il s'avance, alors, vers moi, tel un loup enragé; en scrutant impassiblement mes pupilles, probablement devenues jaunes.

-Les yeux ambrés! -Tonne t-il, avec mépris.- La caractéristique des descendants de Gardiens! Un gène que tu as hérité de tes ancêtres et qui a dû se manifester, à partir du moment où tu es revenu sur Zibaë! Dommage, pour toi, mais tu n'auras pas eu l'occasion de t'en servir beaucoup de fois.

Il tente de me surprendre, se jetant sur moi, en fendant l'air, avec son sabre; mais en dépit de ma surprise, je réussis difficilement à parer son assaut. 

Décontenancé par son attaque en traître, je tente de reprendre rapidement mes esprits, puis, à mon tour, j'essaie de le lacérer, à de multiples reprises. Cependant, comme si de rien n'était, le Gardien contre chacune de mes offensives.

-Allons, -me dit-il, en continuant de progresser dans ma direction.- C'est tout ce que tu sais faire?! Je te croyais plus redoutable. À moins que tu ne sois juste qu'un beau-parleur.

De rage; je continue d'essayer de l'entailler, un peu partout... mais sans succès. Ce qui pousse Nabra à poursuivre ses sarcasmes:

-Tu sais pertinemment que tu ne peux pas me tuer. Alors à quoi bon persister.

Je tente alors de m'extirper de sa trajectoire, en partant sur la gauche, pour l'attaquer latéralement. Derechef, il devine mon intention et pare mon assaut. Je me sens démuni, face à un tel adversaire. 

Qui plus est, éprouvé par mon dernier combat, je sens la fatigue engourdir mes muscles, ce qui me ralentit grandement dans mes mouvements. Pour ne rien arranger; ma brûlure au flanc (que m'a précédemment infligé Zephael), me torréfie de plus belle. Me touchant, instinctivement, l'endroit de ma blessure; je donne, malgré moi, à Nabra, mon point faible. 

Ce dernier saisit l'opportunité de m'infliger un horrible supplice. Trop rapidement, pour que je puisse le contrer; il m'écorche le flanc, avec son épée. Je réprime, difficilement, un hurlement de douleur; tant la souffrance a doublée d'intensité. Je plaque ma main sur la plaie, qui vient d'apparaître. Un liquide vermeil en ruisselle abondamment. 

Préférant ne pas perdre la face, devant quelqu'un comme Nabra; je décide de me ressaisir. J'empoigne fermement mon épée, tentant de ressentir au maximum l'énergie pour cet ultime élan. Serrant férocement les dents, je me jette sur mon adversaire. 

Au terme d'un bref entrechoquement de lames; le Gardien réussit à me désarmer, puis, de sa force surhumaine, m'envoie valser quelques mètres plus loin. Comparable à une hyène se délectant, de son sadisme, Nabra s'avance lentement vers moi, en susurrant:

-Bien que tu descendes des Gardiens, tu ne reste qu'un humain. Autrement dit; tu es faible.

Il affiche un sourire mielleux, brandissant son épée au-dessus de ma poitrine:

-Maintenant; reçois, avec équanimité, le châtiment que tous les êtres de ton espèce méritent de subir.

D'une rapidité hallucinante; il transperce, avec une précision chirurgical, mon thorax. Un flot de sang en jaillit, troublant ma vue et me faisant vomir. 

Je sens mon souffle qui commence à s'estomper. J'entends des voix lointaines hurler mon nom. J'aperçois indistinctement plusieurs personnes courir dans ma direction. Je n'arrive pas à savoir s'il s'agit de la réalité ou d'une hallucination. 

Bientôt cela n'a même plus d'importance. Mes paupières s'alourdissent tellement, que je ne peux plus les retenir. Tout devient noir autour de moi, comme si le monde qui m'entourait, à l'instant, n'existait plus; ou plutôt, comme si JE n'existais plus.


Zibaë, les mystères de l'autre monde T1. Les fantômes du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant