À mon réveil; je suis assis, sur une chaise en bois, les mains attachées. C'est alors qu'un rire cynique retentit, dans l'obscurité. D'un claquement de doigt, l'individu allume plusieurs flambeaux. Je plisse les yeux, le temps que ces derniers puissent s'adapter, à la luminosité.
-Tu es enfin réveillé. -Remarque Zephael, ne pouvant dissimuler un plaisir sadique.-
-Que comptes-tu faire de moi?!
Bien que je crois deviner la réponse; faire diversion reste ma seule solution. Le sourire de mon tortionnaire s'élargit; lui donnant une allure de dément.
-Tu vas me servir d'approvisionnement. J'absorberai ta puissance; pour la cumuler a la mienne. Ainsi, plus personne n'aura la force nécessaire pour se dresser contre mon accession au trône.
-Je suppose que personne n'est au courant; pas même les gardes que tu as engagé pour ton attaque durant la fête?
Le Réprouvé explose de rire. Il semble devenir encore plus fou; au fur et à mesure que les secondes passent.
-En effet. Tu es la première personne à qui j'expose mes véritables intentions. Malheureusement pour toi; tu n'auras pas l'occasion d'aller les dévoiler à qui que ce soit, car je t'aurai pompé ton énergie bien avant.
Voyant qu'il devient de plus en plus difficile de le contenir; je tente de trouver de nouvelles questions:
-Comment as-tu fait pour passer les protections mises en place, le soir de la fête?! Même Vieux-Débris n'a pas pu t'informer; nous ne l'avions pas mis dans la confidence.
-J'ai un agent double, à Bellgir.
Mon sang ne fait qu'un tour. Immédiatement, je rugis:
-Qui est-ce?!
-Oh, si tu le savais. La réponse ne te plairait pas du tout...
-Mais comment...
-Ça suffit les questions! Place à la fête!
Zephael attrape mon bras. Une intense lumière bleue jaillit de ce contact. La terrible douleur qui en découle, me fait pousser un épouvantable hurlement de supplice.
J'espérais, au fond de moi, qu'il bluffait. Qu'il n'oserait pas commettre une telle immondice. Dans nos lois; un Gardien qui s'empare des pouvoirs d'un autre Gardiens, n'est rien d'autre qu'une abomination, un monstre.
Je sens que je m'affaiblis progressivement. Zephael, quant à lui, pousse des grognements impatients. Ma vision commence à devenir flou. J'aperçois de la fumée sortir de mon corps. Tout espoir me quitte.
«C'est fini, pour moi.» me dis-je. Mes paupières deviennent excessivement lourdes; je n'ai plus la force nécessaire pour les retenir. Je sombre dans l'obscurité.
Même lorsque j'entends la porte du cachot grincer faiblement; je n'ai pas la volonté d'ouvrir mes yeux. La douleur s'arrête soudainement. «Suis-je mort?! Je n'en ai pas l'impression. Alors que se passe t-il?!» Ma fatigue est trop importante, pour que je puisse réfléchir.
Malgré tout, je finis par entendre une voix de femme:
-Tu ne croyais, quand même pas, que ton plan pitoyable allait passer inaperçu; Zephael?
L'intéressé soupir, d'un air exaspéré.
-Que me veux-tu encore, Tendaï?
-Je viens mettre un terme, à ton stupide projet. Tu n'as aucun droit légitime de prétention au trône. Si le Général Morad apprenait que tu tentes d'usurper Maître Haris...
-Morad?! Pourquoi me parler de lui; Tendai?
La voix du Réprouvé devient instantanément plus craintive, après avoir entendu les noms auxquels Tendaï vient de faire référence.
Moi-même, je ne peux m'empêcher d'éprouver un frisson, à leur évocation. J'ouvre à moitié les yeux; pour avoir un aperçu de la scène qui se déroule. Je distingue Zephael, me tournant le dos, en s'avançant vers la femme au foulard. Le réprouvé reprend:
-Où est-il, d'ailleurs, Morad?! Plus ici, que je sache. Il nous a quitté pour partir sur terre...
-Son départ n'est que temporaire; pas définitif! Tu ferais mieux de t'en rappeler, si tu ne veux pas finir en morceaux, à son retour!
Zephael commence à passer, dédaigneusement, son index crochu, sur le visage de Tendaï. Cette dernière s'écarte, dégoûtée.
-Écoute, ma chère; notre peuple a besoin d'un souverain sur lequel il puisse compter. Quelqu'un de présent, en toute circonstance...
-Quelqu'un comme toi?! Tu es vraiment taré de penser que tu as l'étoffe d'un souverain!
-Je ne suis pas Morad. Je ne suis pas du genre à aller faire joujou avec les terriens, alors que mon peuple a besoin de moi.
-Dommage; ça nous ferait des vacances! -Siffle t-elle, entre ses dents.-
Zephael ricane, apparemment amusé de la répartie de Tendaï.
-Ton insolence finira par te coûter chère; ma jolie.
-Je ne suis pas ta jolie! De plus, je pourrais te renvoyer ta remarque.
-Mis à part que, contrairement à toi; je n'ai rien à cacher... et encore moins mon visage.
Il mime l'intention d'arracher le foulard de Tendaï. Même sans l'avoir réellement fait; son interlocutrice le foudroie du regard, excédée par un tel chantage. Malgré tout, Zephael s'en amuse. Un garde apparaît soudainement, dans l'encadrure de la porte, en demandant:
-Tout va bien; mademoiselle Tendaï?
-Oui. De toute manière, Zephael allait partir!
Ce dernier ricane, en toisant le garde. Puis; je l'entends, difficilement, susurrer à l'oreille de Tendaï:
-Je vois que tu avais pris toutes tes dispositions, avant de venir t'opposer à moi.
Le réprouvé sort du cachot, jetant un dernier regard méprisant au garde. Une fois Zephael parti; Tendaï s'avance dans ma direction. D'une voix à peine audible; je souffle:
-Merci...
-Ne te méprends pas. Je n'ai pas agi ainsi, dans le dessein de te protéger.
Je lève la tête, pour affronter son regard ardent et mystérieux.
-L'unique sacrifice auquel tu devras servir d'offrande; sera celui qui verra notre maître renaître de ses cendres et revenir au pouvoir. En attendant, tu es sous ma protection. Je ne laisserai pas ce fou, de Zephael concrétiser ses plans.
Elle tourne les talons, puis ordonne au garde, en fermant la porte:
-Surveillez cette cellule. Si Zephael tente d'y pénétrer, n'hésitez pas un instant: tuez-le.
-Bien; maîtresse.
Je me retrouve, alors, derechef, plongé dans un silence oppressant et une obscurité lugubre; submergé par l'espoir vain qu'Alex et Sibylle viendront m'en délivrer.
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Zibaë, les mystères de l'autre monde T1. Les fantômes du passé
FantasyDans un monde où règne le chaos et la division; l'illégalité est synonyme de survie. Moi; c'est Alex, jeune vingtenaire à l'avenir de délinquant tout tracé. Ma vie ne se résume qu'aux trafics de drogue, aux arts-martiaux ainsi qu'à mes deux seules a...