11-Arthème: L'interrogatoire du félon

93 20 77
                                    

Profondément immergé dans ma méditation; je me laisse emporter par la concentration de mes sens: notamment mon ouïe s'épanouissant d'entendre la pluie tomber à l'extérieur ou encore mon odorat s'exaltant de l'odeur d'encens qui embaume la pièce. 

Rien ne peut venir troubler ma parfaite sérénité... du moins, c'est ce que je croyais; jusqu'à ce que j'entende:

-Quel temps de chien! On peut vraiment dire qu'il pleut comme vache qui pisse!

À contre cœur; j'ouvre les yeux, frustré. En me retournant; je fais face à une scène encore plus inattendue, que la phrase qui vient de me sortir de ma méditation. 

Un homme gigantesque; que je reconnais comme étant Bruno; rentre dans le temple, en poussant une brouette. À l'intérieur de l'engin, se trouve sa grand-mère; tranquillement installée, comme si elle était dans un pousse-pousse. 

La vieille dame referme son parapluie. C'est alors que je remarque que, contrairement à elle; son petit-fils est trempé de la tête aux pieds. Face à mon étonnement; Bruno m'explique:

-Les rhumatismes de mémé l'empêchent de faire de longs trajets, à pied. De plus, elle supporte mal, de monter sur un Dahus. Comme les chaises roulantes n'existent pas, sur Zibaë; on se débrouille comme on peut.

Lorsque je me relève, je prends conscience de l'imposante carrure de Bruno. Du haut de ses deux mètres cinq; le jeune homme, proche de la mi-vingtaine, atteint presque le plafond du temple. Je n'ai eu que, très rarement, l'occasion de le croiser (jamais en intérieur, qui plus est) et n'y avais donc, pas vraiment prêté attention. 

Derrière ses lunettes de soleil, qu'il arbore en permanence (même les jours de pluie, visiblement); l'ancien catcheur, dont les longs cheveux blonds mouillés dégoulinent à flot sur les tatamis, finit par dire:

-On est venu te dire quelque chose de très important; Arthème... Simplement, je ne me souviens plus de quoi il s'agit! Tu t'en rappelles, toi, mémé?

Décidant d'aller droit au but, la grand-mère s'adresse directement à moi:

-Le jeune homme que tu nous as demandé d'héberger; ben... il s'est fait la malle.

La stupeur qui m'envahit me laisse sans voix; espérant un instant avoir mal entendu.

-Ah, oui; c'est vrai! C'est ça! -S'exclame Bruno.- Ça me revient, maintenant! Le garçon, que tu nous as demandé d'héber...

Je soupire d'indignation; coupant Bruno au milieu de sa phrase. Bien que ce ne soit pas dans mes habitudes; je ne peux m'empêcher de lâcher un juron. 

«Cet effronté ne peut vraiment pas rester en place», me dis-je. Le plus rapidement possible, je tente, alors, de réfléchir aux endroits où Alex peut bien se trouver. Je me remémore notre conversation de la veille; espérant y trouver un indice... 

Évidement! La réponse me vient spontanément. Il désire plus que tout revoir ses amies. Maintenant, reste à déterminer quels sont les moyens auxquels il aurait pu avoir recours. J'entrevois deux hypothèses: la première d'entre elles est qu'il aurait essayé de retourner sur terre. 

Mais comme je le lui ai dit; le dispositif mis en place, l'en aurait empêché; donc cette hypothèse n'est pas valable. Seconde possibilité, il est allé retrouver les Réprouvés pour leur demander d'exhausser son souhait. Ceci semble plus probable; d'autant plus que je lui ai dit que l'idéologie des Réprouvés était opposée à la nôtre. 

Malgré tout, il aurait fallu pour cela qu'il les trouve, en s'aventurant sur des terres qui lui sont inconnues... À moins que quelqu'un l'y ait aidé. Mais qui aurait eu intérêt à le faire? Pas une personne qui lui veut du bien, c'est certain. 

Zibaë, les mystères de l'autre monde T1. Les fantômes du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant