Ils commencèrent à gravir l'important escalier de marbre. Plus ils approchaient de la paroi rocheuse et plus celle-ci semblait devenir translucide. Lorsqu'ils arrivèrent au sommet, l'épais mur de l'école s'était volatilisé. Les élèves découvrirent alors que l'ascension ne faisait que débuter.
Une fois la cloison magique franchie, les marches devinrent plus larges et plus hautes. Ils se trouvaient dans une galerie somptueuse. La montagne avait été élégamment taillée. Les murs étaient lisses et illuminés grâce à la multitude de pierres précieuses emprisonnées à l'intérieur. Quelques tableaux avaient été disposés çà et là, leurs occupants observaient les nouveaux élèves avec curiosité.
L'escalier se scinda en deux pour prendre des directions différentes. Justin bifurqua à gauche et ils débouchèrent sur une vaste salle au plafond aussi haut que le hall d'entrée. Nul besoin de lustres pour éclairer la pièce, les énormes blocs de saphir jaunes, minutieusement taillés dans le plafond, suffisaient pour y voir comme en plein jour.
Devant eux s'offraient plusieurs chemins, des portes, des couloirs, encore des marches et même des passerelles.
— Ceci est le premier étage, leur apprit Aubépine. Ici vous trouverez principalement l'infirmerie et quelques salles de classe. Il y a aussi certains bureaux de professeurs. Vous pouvez accéder à la bibliothèque dès cet étage, bien qu'elle s'étende sur les deux prochains niveaux également.
— Perdez pas vot' temps avec les bouquins, les jeunes, les interpella un homme dans l'un des tableaux proches d'eux.
Curieux, les élèves tournèrent la tête vers lui. Le portrait représentait une rue peu éclairée. Un vieil homme portant un chapeau miteux était accoudé à un fût sur lequel reposait une bouteille de vin à moitié vide. Il était accompagné d'un autre individu dont le visage était en partie mangé par sa barbe et qui semblait s'être endormi, une bouteille à la main, assis contre le tonneau.
— Profitez d'la vie tant que vous le pouvez, continua-t-il. C'pas vos bouquins qui vous rendront heureux.
Le barbu assoupi eut un tressautement, leva sa chopine et s'écria :
— Ça, c'est bien vrai !
— Ignorez-les, leur conseilla Namirion, sauf si vous tenez à écouter leurs conversations qui n'ont ni queue ni tête durant les deux prochaines heures.
L'homme au chapeau fronça les sourcils et se rapprocha des élèves d'une démarche titubante.
— Qu'est-ce qu'il veut le gringalet ? s'écria-t-il. Tu te crois malin avec tes bouquins ? Tu penses que tu vaux mieux que nous parce que tu sais lire ? On est d'honnêtes gens, dit lui Roger.
— Ça, c'est bien vrai, balbutia difficilement le barbu qui luttait contre le sommeil.
— On n'est pas tous nés avec une cuillère en argent dans la bouche, continua-t-il avec véhémence. On n'a pas eu des vies faciles, nous. Ça, non. On n'a pas eu le luxe d'avoir une éducation, mais, pour sûr, on est d'honnêtes gens. Pas vrai, Roger ?
Le dénommé Roger s'était de nouveau assoupi et laissa tomber sa bouteille qui roula au pied de l'homme au chapeau.
— C'est ça, fuyez bande de cafards, les morigéna-t-il tandis qu'ils reprenaient la route. Vous avez de la chance que je sois fatigué parce que je vous aurai refait le portrait.
— Il y a de nombreux tableaux dans le château, leur apprit Aubépine une fois qu'ils se furent éloignés suffisamment. Fort heureusement, tous leurs occupants ne sont pas aussi... excentriques.
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[T1] Ethan Thobois - La pierre du voleur
ФэнтезиEthan Thobois est un garçon ordinaire. À l'exception près qu'il vit depuis sa plus tendre enfance dans un orphelinat religieux. Son existence bascule le jour de ses douze ans lorsqu'il fait une étrange rencontre en forêt qui lui laisse une légère am...