Chapitre 1

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Orlando

— Tout, j'ai tout vu. Je me souviens parfaitement du jour où mes parents sont morts.

Mon état second appuie mes propos, je suis en sueur et désorienté. J'ai l'impression d'avoir dormi vingt heures d'affilée. N'ayant jamais fait de séance d'hypnose auparavant, je me sens troublé. Comment ai-je réussi à revoir tout ça ? J'ai revécu cette horrible journée qui s'est produite il y a de ça vingt-trois ans..

Assise sur son fauteuil bleu face à moi, la thérapeute acquiesce et note toutes mes paroles dans son petit carnet jaune.

— Pouvez-vous me décrire exactement ce que vous avez vu et ce que vous avez pu ressentir face à cela ?

Je l'observe d'un air assez dubitatif, je viens de lui expliquer avoir vu le souvenir d'un jour marquant et traumatisant, celui de la perte de mes parents. Et elle, elle souhaite savoir mon ressenti face à ça? Elle ne voit donc pas l'état dans lequel je suis face à elle ?

Les sentiments se bousculent en moi et je ne souhaite qu'une seule chose à présent : sortir de ce cabinet.

— Écoutez, je ne pense pas que tout ceci ne serve à grand-chose, à part ressasser le passé, je n'en vois pas l'utilité. Et je n'ai vraiment besoin de ça en ce moment.

En me levant du canapé, je m'approche de son bureau et elle m'y rejoint, je sors alors mon portefeuille de ma poche arrière, attendant le prix de cette séance d'hypnose. Séance à laquelle j'ai été forcé d'assister.

— La séance a déjà été réglée par le commandant, vous n'avez donc rien à payer.

J'opine et sans dire un mot je me dirige vers la sortie, mais c'est sans compter sur la blonde qui n'a pas l'intention de me laisser m'enfuir aussi facilement. Pitié qu'elle ne me redemande pas de prendre un autre rendez-vous..

— Attendez, Mr Tehahe, ne partez pas !

Je souffle et me retourne à ses paroles pour l'écouter, elle a intérêt de faire vite, je n'ai actuellement plus une once de patience. Je commence à étouffer dans cette pièce.

— Je souhaite vous revoir, me dit-elle.

Ce rendez-vous était déjà une source de conflit entre Retty et moi, donc il est évident que je ne compte pas réitérer l'expérience.

— Ne vous méprenez pas, mais je ne souhaite pas refaire de séance d'hypnose d'aussi tôt.

Elle s'approche un peu plus de moi et son parfum emplit mes narines, une odeur de lingette pour bébé..

— Nous pouvons nous revoir dans un cadre un peu plus convivial si vous le souhaitez.. Nous pourrions peut-être aller boire un verre ensemble ?

Visiblement gênée par sa demande, la thérapeute enroule ses cheveux blonds autour de ses doigts et se mord nerveusement la lèvre inférieure. Ce n'est pas pour une nouvelle séance qu'elle espère me revoir.

L'instant d'une demi-seconde, je me vois lui dire oui et lui laisser mon numéro de téléphone pour saisir l'occasion de m'envoyer en l'air avec elle dès qu'elle le souhaite, mais la réalité me remet rapidement les pieds sur terre. Je n'ai pas assez de temps pour une femme. Je repars en mission demain, et ce ne serait pas raisonnable de ma part de lui donner de faux espoirs.

Et puis, même si cette femme est diablement sexy, je n'apprécie guère son odeur. Je trouve ça malsain le fait de vouloir porter l'odeur d'un bébé lorsqu'on est adulte. Elle n'en reste pas moins la thérapeute qui m'a plongé il y a cinq minutes de ça dans le pire souvenir de ma vie.

Une vie à t'attendreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant