Chapitre 10

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Louie

Le soleil se couche enfin pour clôturer cette journée éprouvante et riche en émotions. Cette première journée d'entraînement ne s'est absolument pas déroulée de la façon dont j'en rêvais. Moi qui pensais exceller immédiatement et être appréciée de tous, je comprends rapidement que je me suis trompée sur toute la ligne. 

Lors du dîner de ce soir, j'ai mangé à une table seule à la cantine, personne n'est venu vers moi. Même si j'ai remarqué les regards insistants de Gabriel et d'Orlando, j'ai mangé seule, comme une pestiférée que tout le monde évite. 

J'ai l'impression de replonger à l'époque de l'orphelinat, où personne n'osait s'asseoir à ma table parce que j'avais une tache sur le visage. Je n'ai, à cause de ça, jamais eu d'amis, tous les enfants se moquaient de moi, et avec le temps je me suis forgée une carapace.

 La seule personne qui a osé franchir le regard des autres et venir vers moi, c'est Tommy. Et c'est aussi pour ça qu'à l'heure actuelle, j'ai du mal à me défaire de lui. 

Parce qu'à part lui, personne n'avait osé m'aimer.

Donc être seule ici n'est pas bien grave, il y a pire dans la vie et il faut que je relativise, de toute façon, je ne suis pas là pour me faire des amis.

Après une bonne douche froide qui a servi à me remettre les idées en place, je me glisse dans mon petit lit tout en m'enroulant dans ma couverture.

Demain est un nouveau jour, et ce jour se passera mieux que le précédent, je dois continuer à voir le positif dans tout ce qui m'arrive. Comme j'ai toujours eu l'habitude de faire. Il n'y a pas de positif sans négatif, c'est pour cette raison que j'accepte de manière légère tout ce qu'il peut bien m'arriver.

Car je sais qu'un jour, le positif l'emportera.

La tête allongé sur mon matelas, je roule des yeux dans le noir de ma chambre, il faut que je trouve rapidement le sommeil si je veux me lever du bon pied demain matin et attaquer la journée comme je le souhaite, avec envie et détermination.

Mais ma tranquillité est perturbée par une lumière qui passe sous l'encadrement de ma porte, une lumière assez faible, qui provient sûrement d'une lampe torche ou d'un flash de téléphone. Quelqu'un est sûrement en train de se balader dans le couloir, si le capitaine Orlando voyait ça, il ferait immédiatement une crise de nerfs. Il nous avait bien précisé "pas de balade nocturne".

J'essaie de ne pas y prêter attention, lorsque j'entends toquer à ma porte.

Qui peut bien me déranger ici à cette heure-ci ? J'hésite à faire semblant de dormir et à ne pas répondre, mais la curiosité est trop grande donc je me lève et déverrouille la porte que j'ai décidé de fermer à clé depuis l'incident du réveil ce matin. Je me ferais avoir une fois, pas deux. Et contre toute attente, je retrouve face à moi Larry, une lampe torche à la main et des larmes roulantes sur les joues, il a l'air dans un état déplorable.

— Lou.. Louie, laisse-moi entrer s'il te plaît..

Il pleure à chaudes larmes et sans l'ombre d'une hésitation, j'ouvre ma porte en grand pour le laisser pénétrer dans ma chambre. Mon empathie va au-delà de l'énervement que j'éprouve envers lui.

Il s'installe sur mon lit et s'effondre un peu plus, il essaie de me parler mais je ne comprends rien à ses paroles à cause de ses sanglots.

— Larry, calme-toi, respire un peu tu veux ?

Je reconnais à son attitude les signes d'un début de crise d'angoisse, il devient rouge, commence à suffoquer, agite ses mains et sa respiration se fait de plus en plus rapide.

Une vie à t'attendreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant