Une vie à t'attendre

Chapitre 28

Orlando

Dès lors que mon téléphone sonne, je sais que j'ai fait une connerie. Après m'avoir laissé cinq heures sans réponse, c'est elle qui m'appelle. Et comme je viens de la solliciter, je suis obligé de décrocher. Je ne sais pas trop quoi lui dire, alors j'espère qu'elle sera tout autant entreprenante que la dernière fois.

Je regrette déjà ma décision..

— Allo ?

— Orlando.. je suis surprise d'avoir reçu un message de ta part..

Sa voix me paraît différente par rapport à la dernière fois, dans mes souvenirs elle avait une voix plutôt grave, mais là, c'est une voix suave qui glisse dans mes oreilles. Et ce n'est pas si désagréable.

— Je suis tout autant surpris que toi, Alicia.

Je joue la carte de l'honnêteté, parce qu'après tout, je n'ai rien à perdre.

Puisque j'ai déjà tout perdu.

— Qu'est ce que tu veux ?

— Je suis à New-York ce soir, et si la proposition que tu m'as faite le mois dernier tient toujours, je serais ravi de te voir.

Putain, je m'enfonce là.

— Ah bon ? Comme je n'ai plus eu de nouvelle de toi, je pensais que tu n'étais pas intéressé..

— Écoute Alicia, je n'ai ni le temps, ni l'envie de discuter avec toi, alors soit tu viens à l'adresse que je t'ai envoyée à vingt heures, et on passe une bonne soirée, soit tu ne viens pas et tu raccroches.

Je suis en train de me comporter comme un parfait connard, et je déteste ça. Mais les mots sortent de ma bouche sans que mon cerveau ne puisse les stopper.

— À ce soir.

L'appel prend fin, et je reste un peu bête. Je lui ai parlé comme une moins que rien, et elle accepte de venir ? Comme quoi, être un connard, ça plaît à certaines filles.

Si ma mère m'entendait, elle m'en mettrait une..

Je ne sais pas trop ce que je cherche en faisant tout ça, mais j'ai un petit espoir que cette soirée me fera tout oublier.

Je ne veux plus penser, je ne veux plus me prendre la tête, je veux juste..me sentir bien.

Parce que je n'ai jamais réussi à me sentir bien. J'ai vingt-sept ans et je n'ai jamais connu le bonheur, et je crois que ce poids commence à être lourd sur mon cœur.

— Orlando, descends dans le hall, on a besoin de toi !

Vittorio m'appelle depuis le rez-de-chaussé, et je sors donc les rejoindre en bas. Ils ont besoin de moi pour avancer sur la décoration, ça fait cinq heures que je suis arrivé, et appart réfléchir, je n'ai rien fait d'autre. Rien ne sert de m'enfermer dans une chambre à ruminer en attendant que le temps passe. Je mets officiellement mon cœur et mon cerveau en pause, dans une seule optique : m'amuser.

Il est maintenant vingt heures, les invités commencent peu à peu à arriver, et le hall devient vite rempli. Il y a énormément de monde car chaque personne que nous avons conviée, ramène des amis, et les amis ramènent également des amis.. Et on se retrouve avec une soirée a plus de deux-cent personnes. Les déguisements des invités se coordonnent parfaitement avec notre décoration, certains sont en clown tueurs, d'autres en costume plus léger comme Vittorio et Giovanni qui sont en Mario et Luigi.. Nous avons mis le budget cette année, en hommage à Alejandro et Xavier, qui adoraient Halloween. On a accroché des fantômes au plafond qui se suspendent dans le vide, avec des toiles d'araignées dans les coins, ornés les murs de lanternes oranges, je ne peux qu'être fier de nous. Accoudé contre le bar, je bois mon troisième cocktail en fixant les portes battantes de l'entrée, je ne sais pas qui j'attend, Louie ? Alicia ? Personne ?