Chapitre 23

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Louie

Les yeux rougis par les pleurs de ma nuit, j'ai du mal à les ouvrir lorsque mon réveil sonne ce matin à cinq heures. Encore dans le coaltar, je pose à côté de moi ma peluche Winnie avec laquelle je dors, et me lève pour ouvrir ma fenêtre ainsi que mes volets afin de profiter de l'air frais des aurores. Les coudes posés sur le rebord de ma vitre, je respire un semblant de pureté qui émane de la forêt qui nous entoure. Le soleil n'est pas encore levé, quelques étoiles sont encore visibles au zénith et l'humidité de la nuit est encore présente dans le vent. Si seulement la journée pouvait se passer de cette façon : douce, calme, sans embûches...

Hier, je suis restée enfermée dans ma chambre toute la journée. Après la matinée que j'ai subie, j'ai préféré ne pas me mélanger aux autres et rester dans mon coin, pour évacuer ma tristesse et réfléchir.

Seul Larry a séché les cours théoriques de l'après-midi pour me tenir compagnie. Après le désastre de la matinée, il n'a pas voulu se mêler à nos camarades, et je le comprends. Orlando lui a demandé d'assurer l'épreuve à sa place, et Larry s'est retrouvé face à tout le monde, avec la bombe lacrymogène entre les mains. Il m'a expliqué avoir commencé par Henry, une des recrues, mais qu'en plus d'avoir visé les yeux, il lui en a mis dans la bouche et le nez... Heureusement que Vittorio faisait son jogging matinal et qu'il a pu prendre le relais... Il a donc passé l'après-midi à me réconforter du mieux qu'il pouvait, et a réussi à me convaincre d'une chose : ne plus cacher mon visage. Je sais qu'il a raison, et que ça ne sert à rien de camoufler ma véritable identité, mais personne ne peut comprendre. Personne ne peut comprendre que me cacher est devenu pour moi un instinct de survie, une protection. Qu'après avoir subi des moqueries toute sa vie, on a juste envie que d'une chose : disparaître.

Alors oui, cacher ma tache de naissance sous du fond de teint n'est peut-être pas la meilleure des idées, mais c'est la seule sur laquelle j'ai pu me rattacher.

Mais comme m'a dit mon ami : "tu es belle, parce que tu es différente..."

Alors c'est avec la boule au ventre que je sors de ma chambre, sans fond de teint.

Je fais exprès de me diriger vers la cuisine assez tôt, à cette heure-ci, tout le monde dort encore, donc je vais pouvoir déjeuner tranquillement sans avoir les regards plantés sur moi.

Je suis déjà dans ma tenue pour l'épreuve d'aujourd'hui qui est une épreuve de premiers secours. Nous allons apprendre à extraire une balle d'un corps et ensuite recoudre la peau. Je n'ai jamais fait ça, donc je suis assez contente d'apprendre de nouvelles choses, surtout que, normalement, ce cours n'est pas donné par Orlando, mais par Gabriel. Je n'ai donc aucune raison d'être stressée ce matin.

J'avance fièrement et sereinement vers la cuisine, mais plus j'avance, et plus je vois une lumière au loin.

Ce qui signifie que quelqu'un est déjà debout, présent dans la cuisine.

Comme par hasard...

Je prends mon courage à deux mains et avance vers l'endroit allumé, et j'y retrouve Orlando, accompagné d'Eden, à table en train de déjeuner tranquillement.

Super...

Je m'attends à ce qu'Eden me dévisage, qu'il m'observe avec des yeux ronds et que je me sente une nouvelle fois humiliée, mais non. On dirait qu'il s'en fiche et que de me voir comme ça ne le choque pas.

Peut-être que tout ça n'est finalement que dans ma tête...

Le grand brun sourit sincèrement et engage même la conversation avec moi.

Une vie à t'attendreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant