Chapitre 5

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Orlando

À peine le chronomètre est activé qu'elle part en courant. Quinze tours de terrain en seulement dix minutes, je suis peut-être un peu cruel. Elle n'y arrivera jamais.

Mais qui fait ça ? Qui ose se pointer en retard au premier entraînement, d'une allure nonchalante, sans même prendre la peine de s'excuser ? Et en plus de ça, elle trouve le temps de se maquiller ? C'est trop pour moi et il faut que je la recadre.

J'ai l'habitude en tant que chef d'équipe d'être testé par mes camarades, mais une bonne gifle en pleine tronche et tout repart à la normale. La violence ne résout rien, mais avec les gars de mon équipe, elle ne fait parfois pas de mal.

Mais avec elle, je ne peux pas me permettre d'agir de la sorte. Frapper une femme reviendrait à cracher en pleine figure à ma mère, et même d'en haut, elle réussirait à me faire tomber la foudre en pleine tête pour me corriger.

Alors je tente de la punir autrement, je ne connais pas sa personnalité donc je ne peux pas savoir ce qui fonctionne avec elle. Mais en tout cas, elle a respecté mon ordre sans rechigner et se dépense sur le terrain.

Six minutes se sont écoulées et je la vois revenir vers moi, assez rouge mais ne transpirant pas une seule goutte.

— Déjà fini ? Lui dis-je assez étonné.

— Vous avez l'air surpris, chef.

Surpris ? Bien-sûr que je le suis. Ni mes hommes, ni moi-même, n'arrivons à faire quinze tours de terrain en six minutes sans perdre ne serait-ce qu'un poumon.

— Oui, suffisamment. Je ne pensais pas que tu réussirais du premier coup.

Je suis honnête, et quand l'une de mes recrues m'impressionne, je me dois de le faire savoir. C'est ça, le rôle d'un chef d'équipe, réprimander, mais aussi féliciter.

Un sourire s'affiche sur son visage et elle hausse les épaules.

— En général, je réussis tout ce que j'entreprends.

La détermination se lit facilement sur son visage et j'aperçois là le premier trait de sa personnalité : elle est compétitive.

— Je constate donc que de te lever à l'heure pour les entraînements ne fait pas partie des choses que tu souhaites réussir.

Le sourire qui était jusqu'à maintenant présent sur son visage s'estompe peu à peu.

Orlando - 1 / P'tite Lou - 0

— Je voulais m'excuser, ça ne se reproduira plus. J'ai juste eu du mal à régler mon réveil.

Elle me dit ça sans pour autant me regarder dans les yeux, ce qui lui donne l'allure de ne pas être sincère dans ses excuses. Mais pour cette-fois, je laisse couler.

— Que ça ne se reproduise pas Lou, je ne veux pas que les autres pensent que je te favorise parce que tu es la seule femme.

— Me favoriser ? Parce que pour vous, me faire courir quinze tours de terrain en moins de dix minutes, ça peut faire croire à du favoritisme ?

Elle semble étonnée par mes aveux, mais je ne peux pas lui en vouloir, elle ne me connaît pas encore. Elle ne sait pas qu'en temps normal, j'aurai ajouté une série de cent abdos, suivie de pompes et de tractions comme punition.

— Oui, car c'est une punition en douceur que je t'ai offerte. Déroge une seconde fois au règlement et tu verras ce qu'est une véritable sanction.

— Je n'ai pas besoin que l'on me traite différemment des autres, Orlando.

Une vie à t'attendreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant