Une vie à t'attendre

Chapitre 3

Orlando

— Tu sais pertinemment que nous sommes en manque de personne volontaire, et tu te permets d'en dégager un, dès le premier jour sans raison valable ?

Le commandant face à moi n'est pas vraiment ravi de ma décision, mais je ne reviendrai pas dessus, il m'a nommé chef de cette brigade, il en assume donc les conséquences. Je prends des décisions qu'il se doit de respecter, point à la ligne.

— Je ne reviendrai pas dessus commandant, il a manqué de respect à l'une de ses camarades, et je ne tolère pas ça dans mon équipe, sinon il y aura une mauvaise cohésion de groupe. Et vous savez mieux que moi que c'est le plus important.

J'ai raison, s'il y a une pomme pourrie dans le panier, il faut l'éjecter avant que sa noirceur n'atteigne les autres.

Son visage se ferme et il prend alors un air dur.

— Une femme ? Parce qu'il y a une femme dans l'équipe ?

Je ne sais pas où est-ce qu'il compte en venir, mais l'air qu'il prend ne présage rien de bon.

— Oui, elle a fini major de sa promotion et a eu de meilleures notes que tous les hommes qui sont dans son groupe.

Elle a même eu une meilleure note que moi sur les tests physiques, d'ailleurs, ma fierté en a pris un léger coup.

— Renvoie-là, et rappelle l'homme que tu as viré. Demain tu commenceras les entraînements avec eux.

J'ai sûrement mal entendu, je suis un peu fatigué à cause de la nuit dernière. J'ai passé une bonne partie de la nuit à tenter de retrouver cette fameuse "Louie", mais elle n'est sur aucun réseaux sociaux, je ne la retrouverai probablement jamais.

— Pardon capitaine, mais vous m'avez demandé de la renvoyer ?

— Oui, tu as bien entendu, renvoie-la.

Je me mets à la place de cette jeune femme et je reçois un coup de poignard en plein coeur. On la renverrait sans même prendre le temps d'évaluer ses capacités, juste parce que c'est une femme ?

— Hors de question, dis-je fermement pour tenir tête à mon supérieur.

— Excuse-moi Orlando ?

— Vous m'avez bien entendu.

Un petit rire mesquin résonne dans son bureau et son regard me foudroie, il peut continuer à me foudroyer autant de temps qu'il le souhaite, je ne virerai pas cette fille.

— C'est donc ça, une paire de seins et un cul bombé et tu perds la tête, fils ?

Je claque la langue dans un signe de mécontentement, ce surnom "fils", il peut se le garder et se le mettre là où je pense. D'autant plus que je n'ai même pas pris le temps de contempler son corps, mais là n'est le sujet.

— Je ne vais pas quand même pas perdre du temps précieux à vous expliquer ce qu'est l'égalité homme/femme, chef ? Je suppose que vous êtes de ceux qui pensent qu'une femme doit rester dans la cuisine et à la maison s'occuper des enfants, pendant qu'un homme ramène l'argent ? Ou alors, qu'un petit garçon doit faire du foot et qu'une petite fille doit faire de la danse ? Et bien, je ne partage ni vos avis ni votre façon de penser. Une femme a autant de droit qu'un homme, une femme peut avoir le même salaire qu'un homme voire même gagner plus que lui. Une femme peut faire partie des forces spéciales de l'armée américaine tandis qu'un homme reste à la maison pour s'occuper des enfants. Nous sommes au vingt et unième siècle, il serait peut-être temps de briser vos mœurs.

Il ouvre la bouche mais aucun son ne sort, et oui, c'est l'effet que ça fait, de se faire remettre à sa place.

— Tu es féministe toi maintenant ? Dit-il enfin.