Chapitre 17

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Louie

— Tu peux m'expliquer ce bordel, Lou ?

Larry me questionne sur la scène qui vient de se dérouler devant lui, et je le comprends.

C'était lunaire.

Je m'installe dans sa voiture, côté passager, et nous démarrons. Nous avons à peu près une heure de route pour rejoindre New York.

Une heure à rester plongée dans mes pensées, une heure à réfléchir aux événements passés, une heure... C'est bien trop long.

Je suis assise sur le siège passager, le vent frais d'automne s'engouffre par la fenêtre entrouverte. Les arbres bordant la route de Kingston explosent de couleurs : des rouges ardents aux oranges chaleureux, chaque feuille danse délicatement au rythme du vent. Je les observe tomber, hésitantes, comme si elles prenaient un dernier moment pour saluer le monde avant de se poser sur le sol. Les éclats de lumière passent au travers des branches dénudées. Mon ami conduit, son regard concentré sur la route, tandis que moi, je laisse mes pensées vagabonder, emportées par la beauté de ce paysage automnal.

Au loin, je peux apercevoir d'anciennes maisons en briques. Le ciel est d'un gris nuageux, mais sa mélancolie est contrebalancée par ces éclats de couleurs éclatantes qui, sous la caresse du soleil, semblent presque vibrer. Une douce brise joue avec mes cheveux, me rappelant que l'hiver approche à grands pas, mais pour l'instant, tout est encore chaud, vivant, émerveillant. J'inspire profondément, laissant l'air frais, chargé de senteurs des feuilles humides, envahir mes poumons.

Soudain, une rafale un peu plus forte fait tourbillonner les feuilles autour de nous, et je ne peux m'empêcher de sourire. Mon regard balaye le paysage : le petit ruisseau qui serpente le long de la route, les canards qui nagent paisiblement, indifférents à la magie environnante. Chaque détail se grave dans ma mémoire, comme une promesse de chaleur dans les mois froids à venir.

Alors que nous continuons notre route, je me sens étrangement reconnaissante. Pour ce moment, pour cet automne, pour cette journée où le monde, avec tous ses changements, semble s'arrêter pour me laisser savourer la beauté de la ville. Kingston, en cette saison, n'est pas simplement une ville : c'est un poème visuel, un hommage à la beauté éphémère, et je suis simplement heureuse d'en faire partie, même pour un instant. Je ne me suis jamais sentie aussi vivante.

— Allô la terre ici la lune, mademoiselle Louie, êtes-vous avec moi ?

Je me suis tellement laissé emporter par la splendeur du paysage que j'en ai oublié Larry.

— Pardon, j'étais perdue dans mes pensées.

— Oui ça, je l'ai bien vu ! Tu m'expliques le bordel de ce matin avec Gabriel et Orlando ?

Comment lui expliquer tout ça ? Je ne peux pas lui dire que j'ai passé la nuit avec notre capitaine et qu'en plus de ça, j'étais à moitié nue ? Si ?

Après tout, Larry est mon ami, il me fait assez confiance pour me livrer entièrement sa personnalité, je me dois de faire pareil.

— Après le désastre que j'ai commis au feu de camp, Orlando m'a raccompagnée, et sous l'effet de l'alcool, j'ai fait quelques conneries...

— Ne me dis pas que...

— Non ! dis-je pour le stopper immédiatement dans son idée, je n'ai pas couché avec lui.

Soulagé par ma réponse, il fait mine de s'essuyer le front avec un air qui veut clairement dire "tu l'as échappé belle !".

— Mais sauf que dans mes conneries, j'ai été un peu trop loin...

Une vie à t'attendreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant