Quitter la France pour retourner sur la terre de mes racines, j'en rêvais depuis longtemps.
Retrouver le soleil de l'Italie et les souvenirs de mon enfance j'en rêvais depuis mes 10 ans.
Revenir ici en tant qu'institutrice et emménager dans la ville...
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Trois semaines viennent de passer depuis mon arrivée ici et je dois avouer que mon état est pire que lorsque j'ai passé le pas de cette maison.
J'ai l'impression que mon ennui c'est multiplié, mon envie de consommer de l'alcool à augmenté et pour couronner le tout, mes nuits sont hantés par des cauchemars.
À chaque fois c'est la même chose, je me réveille en pleine nuit et César me retrouve en larme et toute transpirante.
Mes cauchemars sont toujours les mêmes, je rêve du moment où j'ai vrillé et tué Diego, mais ma folie ne s'arrête pas là, je viens assassiner toutes les personnes présentes dans la pièce et finissant par Dario.
Alors bien souvent, je refuse de m'endormir ou même de me rendormir.
Je me contente de fixer le plafond en bois, à me demander si ils vont bien, qu'est qu'ils font et surtout si je leur manque, comme ils me manquent.
Heureusement que César est là, je pense que je me serais noyé dans le lac ou bien dans l'alcool si j'avais été seule.
Je passe mes journées assise sur cette chaise à bascule, à fixer le paysage devant moi. Qu'il pleuve ou qu'il fasse beau, froid ou chaud, je reste là.
«Tiens »
Je relève la tête vers César et je lui souris pour le remercier de la tasse de thé qu'il vient de m'apporter.
Il s'assoit sur la chaise à mes côtés et vient fixer à son tour la vue.
L'automne est bel et bien là, les feuilles ont virés à l'orange et certaines commencent à tomber au sol.
«C'est la saison que je préfère » me dit-il.
«Je comprends, je l'aime bien aussi, mais je préfère le printemps»
«Le renouveau » dit-il alors que sur le moment je trouve ça risible en voyant mon état.
Je suis bloqué, j'arrive pas à avancer et je me demande même si c'est ce que je veux.
«C'est du thé que j'ai acheté au marché ce matin, il est censé être apaisant ».
«Merci sincèrement, je suis pas la colocataire la plus bavarde »
«Alma il faut que tu comprennes qu'on vient de t'arracher à une vie que tu ne voulais pas pour au final en prendre goût»
«C'est de ma faute »
«Pourquoi tu penses ça ? »
«J'ai tué Diego, je.. je me suis transformé en une autre moi et je dois avouer que je ne l'aimais pas beaucoup »
«Moi non plus » dit-il dans un rire «Mais si tu es ici aujourd'hui ce n'est pas parce qu'ils ne voulaient plus de toi parce que tu vrillais et que tu commençais à leur taper sur le système. Tu es ici pour ta sécurité, pour te protéger de celle que tu étais en train de devenir, pour ton bien-être»
«Tu n'es pas faite pour faire partie d'une organisation dangereuse, malgré ton act Alma»
Il prend une pose, souffle et me regarde.
«Le premier homme que j'ai tué avait 20 ans alors que j'avais un petit garçon de 10 ans à la maison. Je venais de reprendre la tête de la mafia, c'était 5 semaines après le décès de ma femme. Il se nommait Vincento, il commençait à créer un gang sachant l'instabilité de la mafia italienne à ce moment là. J'étais persuadé qu'il voulait ma place, je n'étais pas légitime, c'était à une femme de revenir au pouvoir, mais il n'y avait personne. Alors pour faire assoir mon autorité, j'ai du tué ce garçon de sang froid. Je me souviens du bleu de ses yeux, de ses 'larmes et de ma main qui ne cessait de trembler. Mais je l'ai fait, pour Valentina et pour toute les femmes qui ont régné. Pour la protection des hommes et des femmes travaillant pour moi, je l'ai fait pour mes enfants Dario et Kiara et je l'ai fait pour ma sécurité aussi. Pour montrer au monde que César Savaltore est et restera le chef de la mafia jusqu'à ce que mon successeur ne prenne ma place».
«Tu veux savoir un truc Alma ? »
Je hoche la tête comme unique réponse.
«Tu as fait pareil»
«Non»
«Si» dit-il.
Je pose ma tasse sur la table basse et je remonte mes jambes contre mon buste.
«Tu l'as tué pour protéger les enfants. Il a parlé de toi, mais tu as agis seulement quand il commençait à parler des deux petites ainsi que de tes élèves ».
Une larme coule sur ma joue tandis qu'il poursuit.
«Tu ne l'as pas tué par plaisir ni par choix, tu l'as tué car c'était un pervers, un pédophile. Tu ne l'as pas tué pour ce qu'il t'avait fait vivre, mais pour ce qu'il a fait vivre à ces enfants»
«Dario a raison tu as débarrassé la terre d'un psychopathe et tu as vengé tous les enfants auxquels il avait touché et laisse moi te dire que c'est un act remarquable.»
Je me rappelle encore la manière dont il avait parlé des petites filles, ça me donne encore la gerbe.
«Oui ça va être dur à oublié, parce que tu te sens coupable d'avoir ôté la vie, mais il a eu de la chance de tomber sur toi que sur le boucher »
«Le boucher ? »
«Dario»
Je le regarde en ne comprenant pas où il veut en venir.
«Lorsque Dario est arrivé au pouvoir, il était aveuglé par sa vengeance encore plus que maintenant. Ses ennemis en ont payé le prix fort»
«Qu'est-ce qu'il faisait ? »
«Le travail d'un boucher»
Un drôle de goût s'empare dans ma bouche alors qu'il poursuit.
«C'est ce qui était prévu, il allait l'interroger et était en train de sortir son tablier quand tu es arrivé »
«Mais il l'a rangé, je me souviens »
«Il voulait pas que tu le voies comme ça et je pense sincèrement qu'il a bien fait ».
«Combien de temps as-tu mis pour oublier ton premier crime ? »
«Tu veux dire quand j'étais gamin et que j'ai volé un bonbon à la boulangerie ? » dit-il en plaisantant.
«Je ne l'ai jamais oublié, mais on vit avec et maintenant j'ai plus de remords parce que je sais que j'ai fait le bon choix »
«Tu finiras par en faire de même Alma, mais sois patiente. Tu vis plusieurs choses dur à digérer »
Il me montre la tasse du regard et je viens la prendre pour en boire une gorgée et mes papilles me remercient en sentant de la camomille.
«Tu es un père génial César»
«J'ai fait au mieux »
«J'aurais aimé t'avoir comme professeur »
«Je n'en suis pas certain » dit-il en riant «Je vais aller chercher le Scrabble »
Il me laisse seule et je remercierai jamais le ciel pour l'avoir mis sur mon chemin.
Parce que César est définitivement une nouvelle figure parentale pour moi maintenant.
