Mon cher Livaï. [Isekai]

Chapitre 20 : Sacrifice.

Chapitre 20 : Sacrifice.

Lorsque nous arrivâmes au district, l'atmosphère était lourde de désolation. Les nouvelles que nous reçûmes confirmèrent le pire : le champ d'activité des humains s'était considérablement réduit, se repliant jusqu'au mur Rose. Le mur Maria était perdu, et avec lui, une grande partie du territoire. Malgré la gravité de la situation, il y avait eu de nombreux rescapés, une maigre consolation dans un océan de pertes.

Quelques jours plus tard, alors que l'armée se réorganisait et que chacun tentait de trouver sa place dans ce nouveau monde, je fus convoquée personnellement par Erwin Smith. Il venait tout juste d'être promu major du Bataillon d'exploration, après la démission de Keith Shadis. La nouvelle de sa promotion s'était répandue rapidement, et malgré les circonstances, cela représentait une lueur d'espoir pour le Bataillon.

Lorsque je fus introduite dans son bureau, Erwin me reçut avec son calme habituel, mais quelque chose dans son attitude me sembla différent. Je lui offris un sourire et le félicitai avec sincérité. « Encore félicitations pour ta promotion, Erwin. »

Il me remercia d'un simple hochement de tête, « Je te remercie, Azul. »

Cependant, sa voix manquait de l'enthousiasme que l'on aurait pu attendre en de telles circonstances. Après un bref instant, il se leva de son bureau et me tourna le dos, fixant la vue par la fenêtre, son regard perdu dans le lointain. Le silence qui suivit était pesant, presque oppressant.

Sentant que quelque chose n'allait pas, je pris la parole avec précaution. « Quelque chose ne va pas ? »

Erwin soupira légèrement, un son presque imperceptible, avant de parler. « Je suis désolé, Azul... » commença-t-il, et mon cœur se serra en entendant l'inquiétude dans sa voix. « Il va y avoir une mission de reconquête... Ils vont envoyer 200 000 personnes. C'est une tentative désespérée, mais ils veulent essayer de reprendre le territoire perdu. »

Je restai silencieuse, absorbant la gravité de ses paroles. Une mission de reconquête, après une défaite aussi écrasante, semblait presque insensée. Mais je savais aussi que l'armée était prête à tout pour ne pas perdre espoir, même si cela signifiait sacrifier des vies.

Erwin continua, ses mots devenant plus lourds à mesure qu'il parlait. « Ils veulent envoyer des soldats... compte tenu de la dangerosité de la mission, ils ont procédé à un tirage au sort. »

Il se retourna enfin pour me faire face, et le regard qu'il posa sur moi me coupa le souffle. Il y avait dans ses yeux une tristesse et une résignation que je n'avais jamais vues chez lui. Mon cœur s'accéléra, une peur instinctive montant en moi.

« Ton nom a été tiré au sort », annonça-t-il finalement, sa voix pleine de regrets.

Ces mots résonnèrent dans la pièce comme un coup de tonnerre. Le choc me paralysa un instant, alors que je tentais de comprendre pleinement ce que cela signifiait. J'avais été choisie pour participer à cette mission désespérée, une mission où la survie serait plus une question de chance que de compétence.

Je me sentis soudainement déconnectée de tout ce qui m'entourait, comme si le sol s'était dérobé sous mes pieds. Mon esprit s'emballa, essayant de trouver une issue, une manière d'échapper à ce sort. Mais la réalité s'imposait, implacable : il n'y avait pas de choix, pas d'échappatoire.

Je regardai Erwin, cherchant un signe, une indication qu'il y avait une autre solution, mais son expression me confirmait qu'il avait déjà tout tenté, et que c'était hors de son contrôle.

« Erwin... » commençai-je, ma voix tremblante. Mais les mots me manquaient. Que pouvais-je dire face à une telle fatalité ?

Erwin s'approcha de moi, sa voix plus douce, presque paternelle. « Azul, je sais que c'est difficile. Je ne voulais pas que ça se passe ainsi, mais... je crois en toi. Cette mission est désespérée, oui, mais si quelqu'un peut faire la différence, c'est toi. »