« Tu me reconnais ma Sally ? »
Une ampoule. Ce fut ma première vision. Cet objet lumineux qui éclairait l'ensemble de la pièce. Mes yeux s'adaptèrent à cette luminosité que j'avais la sensation de ne pas avoir vu depuis... Aucune idée. Je dérivai vers la gauche, des fils, des tubes, il y en avait partout. La panique me gagna. Je levai les mains, elles étaient intactes. Je repliai alors lentement mes jointures, ça faisait un mal de chien. Puis mes mains allèrent parcourir mon corps, mon ventre, mes cuisses, j'aggripai chacune des parties de mon corps comme si je le découvrais. Est-ce le cas ? Qui suis-je ? Ou suis-je ? La panique me gagna a nouveau, mes yeux tournèrent vers la droit, la pièce était manifestement vide. Un manteau gisait sur le fauteille, je ne devais pas être totalement seule.
Je décidai donc de faire un exercice de mémoire, l'évidence m'apparaissait : je ne savais rien. Rien. En essayant de fouiller dans mes souvenirs, je ne trouvai qu'un large trou noir. Mon coeur cognait contre ma poitrine, ma bouche était sèche. Je sentis des larmes au coin de mes yeux. J'avais la sensation d'avoir vécu et pourtant je n'aurais jamais pu dire quoi. Mes mains agrippèrent les draps, je tirai dessus aussi fort que je pus avant que la porte de ce qui semblait être une chambre d'hôpital ne s'ouvre.
-Sa... Sally ! S'écria une fille brune de taille moyenne.
Sally. Je notais cela dans un coin de ma tête. La jeune femme pleurait à présent, j'étais totalement prise au dépourvu face à cet élan d'affection, elle se précipita autour de mon cou en bredouillant des tonnes de paroles incompréhensibles.
-Bonjour. Dis-je enfin.
Ma voix semblait rouillée. La jeune femme desserra son étreinte.
-Tu me reconnais ma Sally ? Demanda t-elle.
Dans son regard on lisait toute l'angoisse du monde. Je me sentais totalement désolée pour cette jeune femme qui semblait relativement attacher à ma personne.
Je la regardai droit dans les yeux, "non." Admis-je.
Son regard dépité ne me surprit pas. Elle mit sa main devant la bouche, et recommença a pleurer de plus belle, mais cette fois-ci cela s'apparentait à de la grande tristesse. Elle me lança un dernier regard et quitta la pièce.
De nouveau seule j'essayais de visualiser le visage de cette fille, c'était peut-être ma mère. Mais elle semblait beaucoup trop jeune pour cela. Pourquoi son visage était celui d'une totale inconnue ? Pourquoi n'étais-je pas capable de reconnaitre quelqu'un qui semblait pourtant lier à moi ?
Soudain la porte se rouvrit, la jeune femme réapparu suivie d'une autre femme, qui semblait être du personnel au vu de la blouse et d'un homme en blouse lui aussi. Les deux ne furent pas aussi hystériques que l'inconnue fasse à moi. L'homme s'approcha lentement de moi.
-Bonjour Sally. Je suis le docteur Robbinson.
Il me lança un sourire colgate, je ris à cette expression en me demandant d'où elle pouvait venir. Et une fois de plus l'évidence me frappa, cette expression sortait d'un vaste néant.
-Bonjour. Décidement, je me répétais.
-Sally, voila ta soeur, Cloé. Il montra la jeune femme brune qui me lança un piètre sourire.
J'hochai la tête ne sachant que dire. Cloé me semblait aussi inconnue que les deux autres protagonistes dans la pièce, l'idée même qu'on pouvait être liées par le sang me sembla absurde.
-Sally, reprit le médecin, tu as été dans le coma pendant 1 mois et 4 jours. Ce qui représente une très longue période
Il marqua une pause. 1 mois et 4 jours... Coupée totalement du monde. Une seule question me vint à l'esprit face à cette information.
-Comment suis-je arrivée ici ?
Le médecin me regarda tristement
-Tu as eu un accident Sally. Il s'arrêta. Un accident de moto. Reprit-t-il.
Je faisais de la moto donc.
-Pourquoi je me réveille tout d'un coup ?
-Le mystère des comas. Il n'y en a pas un identique, soudain, les patients se réveillent. Et on trouve souvent peu d'explications logiques. Admit le médecin.
Soudain la porte s'ouvrit d'un coup sec. On sursauta tout les quatre, coupés dans notre moment d'intimité. Un homme à l'allure fatiguée entra dans la pièce, ses yeux étaient rouges, il se précipita vers moi m'enlaçant comme s'il cherchait à m'empêcher de respirer.
-Mon bébé ! S'exclama t-il en resserrant son étreinte.
Le médecin se racla la gorge.
-Mr Hezt, je dois vous prévenir que votre fille a une perte partielle de sa mémoire. Ce qui veut dire qu'elle est incapable de vous reconnaitre, ou même de connaitre son passé. Ses souvenirs ont disparus.
Celui qui était donc mon père me regarda et se tourna vers le médecin.
-Sa mémoire va revenir, n'est-ce pas ?
Le médecin s'éclaircit la voix.
-Comme je le disais, aucun coma n'est pareil. Peut-être que sa mémoire reviendra, c'est une option. Mais il faut aussi vous préparer a lui expliquer son passé et son histoire. Nous allons procéder à des tests pour voir à quel point sa mémoire est atteinte, enfin quelle partie de son cerveau est touchée. Acheva t-il dans ce qui m'apparut comme un simple murmure.
"Mon père" hocha la tête, tandis que "ma soeur" semblait totalement désemparée. Pendant un instant j'imaginais leur sentiment, ils devaient me connaitre tellement bien, me connaitre par coeur et moi j'étais incapable de les reconnaitre et me connaitre moi même. Je sentis mon coeur chuter et taper contre ma poitrine. Un sentiment affreux de détresse, et si je ne me souvenais jamais de ce qu'était ma vie ?
-Nous comprenons très bien Docteur. Nous ferons tout pour que Sally se souvienne ou alors pour qu'elle réapprenne.
Il dit tout cela en caressant mon cuir chevelu. Ce geste m'apaisait.
-Votre femme n'est pas là ? Demanda le docteur.
Sa femme devait donc être ma mère. Une question me brulait les lèvres, mais je la renflouai à l'intérieur.
-Elle a été prévenue, elle est en déplacement, je suppose qu'elle rentrera le plus vite possible.
Le docteur hocha la tête. Je ressentais une légère excitation a l'idée de rencontrer ma mère. J'espèrais qu'elle serait le déclic à ma perte de mémoire.
-Et le garçon qui venait lui rendre visite, souhaitez-vous qu'il soit prévenu ?
Le regard de mon père se durcit. Ma soeur poussa un petit cri aigu. Le garçon ? Qui est-ce ?
-Puis-je vous parler quelques instants Mr Robbinson ? Interrogea mon père.
Le docteur hocha la tête et ils disparurent de la pièce suivit de l'autre femme en blouse.
Ma soeur s'avança vers moi.
-Qui est ce garçon ? Demandai-je.
Le visage de Cloé se ferma.
-Il... C'est compliqué à expliquer Sally, sache juste que ce garçon n'est vraiment pas bon pour toi, et que peut importe ce qu'il arrive il ne faut plus jamais que tu aies de contact avec lui.
Je frémissais. Apparement quelqu'un dans le passé ne me voulait pas du bien au vu du visage triste de ma soeur.
-Qui est-ce ? Demandai-je.
Cloé ouvrit la bouche, aucun son ne s'en échappa, puis elle me glissa.
-Justin Bieber.
Ce nom passa dans mes oreilles, je fus à la recherche d'un quelconque electroche, mais il ne se passa rien. Rien qu'un prénom et un nom qui me semblait totalement inconnu.
-Ca ne sera pas dur de ne pas contacter quelqu'un qui m'est totalement inconnu. Dis-je.
« Inconnu ? »
