Musique d'ambiance du chapitre.
- Maman. Implorai-je.
Ses yeux s'assombrirent, sa bouche s'entrouvrit mais aucun son n'en sortit. Son visage était aussi blanc que la peau laiteuse d'un bébé. Je sentais que j'allai exploser si elle ne posait pas rapidement des mots sur la situation.
- Je... Elle fondit en larme et se précipita hors de la chambre.
Ma petite sœur se leva et vint vers moi, son regard était vitreux, elle semblait sortir d'une longue nuit de sommeil, je vis ses lèvres bougeaient et les mots qui me parvinrent semblaient sortis d'un autre monde.
- C'est... Papa.
Je sentis mon corps se dérober sur le lit, mes mains serrèrent les draps fins. Je luttai contre un flot de larmes.
Je n'avais pensé qu'à Justin. Un gout de sang imprégna ma bouche mais plus rien avait de sens. Non, ce n'était pas possible, mon père ne pouvait pas être...
- Il est mort...
Je fus surprise par le ton de ma voix, elle semblait être brisée comme du verre pillé. Ma sœur couvrit son visage et s'échappa dans le couloir. Je voulus la retenir, la supplier de rester avec moi, de me serrer dans ses bras. Je voulais qu'elle me dise que ce n'était pas vrai, que personne n'était mort. Que rien de tout ça n'était ma faute.
- Mort.
Je me laissai retomber sur le lit, tout était flou. L'idée s'imprégnait progressivement dans mon esprit, mort. Tout était de ma faute. C'était pour moi qu'il était venu et c'était à cause de moi si il n'en était pas revenu. Ma tête menaçait d'exploser. La douleur semblait se propager dans tout mon corps comme si mon cerveau n'avait plus la capacité d'encaisser toute ma tristesse.
- Ce n'est pas... Juste. Dis-je la voix étranglé par les sanglots.
Mon rythme cardiaque avait ralenti à présent. Je restai là, les yeux fixé sur un point invisible. A mon réveil la dernière fois je n'avais qu'un souhait ; me souvenir. A présent je ne demande qu'une chose : oublier. Tout.
- Mon amour.
Je relevai les yeux vers la porte. Justin était là, en vie, devant moi, le regard perdu et apeuré. Il avança de quelques pas dans la chambre. Il allait parfaitement bien.
Un frisson me parcouru quand il posa sa main sur ma joue. Un mélange de colère et de joie. Je lui en voulais tellement et en même temps je n'avais qu'une envie c'était le serrer dans mes bras.
- Je suis désolé... Souffla t-il. Tyron allait me tirer dessus... et ton père l'a tué avant qu'il n'ai eu le temps de le faire.
Il s'arrêta, la mort de Tyron ne me réjouissait même pas, qu'avions-nous réellement gagné dans cette stupide guerre de gang ?
- Sauf qu'un des hommes de Tyron... a tiré sur ton père par derrière. Acheva t-il d'une voix si faible qu'elle ressemblait plus à un murmure.
Je repoussai sa main de mon visage. Il était là, vivant, nous étions sains et sauves, c'est tout ce que j'avais souhaité ce soir. J'avais été tellement égoïste.
- Je ne peux pas Justin. Mon père est mort et tout ça c'est à cause de nous.
Ma voix se brisa lorsque je croisai son regard mais c'était trop tard, nous ne pouvions pas revenir en arrière.
- Je ne peux plus faire ça maintenant...
- Ne me rejette pas, pas là.
Je plantai mon regard dans le sien. J'étais brisée, comme si tout ce que j'avais réussi à reconstruction, le semblant de vie qui m'animait avait disparu, emporté dans un éclat de balle. C'est ce qu'il avait fallu à mon père pour mourir, un impact de balle aussi rapide et inattendu.
- Pars Justin, je t'en prie... Pars. Soupirai-je. Mon père avait raison, nous deux c'était une mauvaise idée depuis le début, regarde tout les dégâts qu'on a fait autour de nous. Je ne veux plus jamais voir une arme, je ne veux plus de ces gangs et de ces merdes. Elles nous ont bien trop anéantis. On aurait du arrêter bien avant.
Je baissai les yeux.
- On aurait du le savoir que nous n'étions pas fait pour nous aimer. Achevai-je d'une voix aussi tranchante qu'une lame de couteau. Les mots peuvent briser bien plus qu'un coup de poing et je venais de planter le coup de massue à Justin et même si il tenait encore debout il était écrasé par le poids de mes attaques.
Ma mère et ma sœur entrèrent dans la chambre, ma mère semblait tellement affaibli que mon cœur se serra. Je vis son regard se poser sur Justin mais elle ne fit rien.
- Je suis désolé.
Justin m'adressa un dernier regard et quitta la chambre. Quand son dos disparu de ma vision j'avais l'impression qu'il avait pris un bout de moi, la plus belle partie de mon être et que plus jamais je ne pourrais être la Sally que j'étais. Pas sans lui.
J'offris mes bras à ma mère et ma sœur qui s'y faufilèrent. Ensemble nous allions faire le deuil.