Chapitre 1

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La nuit est tombée sur Paris, enveloppant la ville dans une obscurité épaisse, à peine percée par les faibles lueurs des rares lampes à huile qui scintillent ça et là. Le silence est presque total, seulement troublé par le lointain murmure de la Seine et le cri occasionnel d'un hibou solitaire. Dans une petite chambre, à l'ombre imposante de la cathédrale Notre-Dame, un jeune homme est assis à un bureau couvert de parchemins et de livres anciens. Claude Frollo, à peine âgé de vingt ans, est plongé dans l'étude, comme à son habitude.

Claude est un homme sérieux, marqué par les épreuves de la vie, malgré son jeune âge. Après la mort prématurée de leurs parents, il a assumé la responsabilité d'élever seul son jeune frère Jehan, un garçon espiègle et insouciant. C'est cette responsabilité qui l'a poussé à renoncer à une grande partie des plaisirs de la jeunesse, se consacrant entièrement à ses études et à l'éducation de Jehan. Les jours de Claude sont rythmés par la prière, les leçons, et la surveillance attentive de son frère, qu'il chérit plus que tout au monde.

Mais cette nuit-là est différente. Alors que Claude Frollo trace lentement une ligne de texte sur le parchemin devant lui, une étrange fatigue s'abat sur ses paupières. Les mots, si familiers, commencent à danser devant ses yeux, et bientôt, le jeune homme se laisse emporter par le sommeil, sa plume encore dans la main.

Soudain, une lumière éclatante remplit la pièce, réveillant Claude en sursaut. Devant lui, une silhouette angélique se tient, flottant dans l'air comme un rêve. Les ailes de l'ange sont d'un blanc éclatant, et son visage est empreint d'une sérénité divine. Claude se frotte les yeux, croyant d'abord à une hallucination causée par la fatigue, mais l'ange ne disparaît pas. Au contraire, il s'approche, et sa voix, douce mais solennelle, résonne dans l'esprit du jeune homme.

« Claude Frollo, » dit l'ange, « tu as été choisi pour une épreuve qui déterminera le sort de ton âme. »

Claude, encore stupéfait, se redresse sur sa chaise, son cœur battant la chamade. « Quelle épreuve, messager céleste ? » parvient-il à murmurer.

L'ange le fixe de ses yeux perçants, qui semblent sonder les tréfonds de son âme. « Tu seras tenté par les forces du mal, mais tu devras toujours faire le bien, quelles que soient les souffrances que cela t'impose. Si tu succombes à la tentation, ton âme sera perdue et tu seras condamné à l'enfer. »

Le jeune homme sent une sueur froide perler sur son front. « Mais comment savoir si je fais le bien ? Comment résister aux forces du mal si elles s'immiscent dans mes pensées ? »

L'ange incline légèrement la tête, une expression de compassion adoucissant ses traits sévères. « Ton cœur te guidera, Claude. N'oublie jamais la lumière de la foi, et garde en toi la pureté de ton intention. Si tu agis par amour et par justice, tu trouveras la force de surmonter toute épreuve. »

Claude hoche la tête, essayant de saisir la portée des paroles de l'ange. « Je ferai de mon mieux, » promet-il, sa voix tremblante mais résolue.

L'ange esquisse un léger sourire. « Je reviendrai lorsque l'heure sera venue de juger ton âme, mais d'ici là, souviens-toi : chaque choix compte. »

Et sur ces mots, la lumière qui inondait la pièce s'évanouit, et l'ange disparaît aussi soudainement qu'il était apparu, laissant Claude Frollo seul dans l'obscurité de sa chambre. Il reste immobile, bouleversé par ce qu'il vient de vivre, son esprit envahi de questions et de doutes.

Il lui semble que des heures passent avant qu'il ne se lève finalement de sa chaise. Il se dirige d'un pas mécanique vers le petit lit de Jehan, qui dort paisiblement dans l'autre coin de la pièce, ignorant tout de la vision qui vient de troubler son frère. Claude s'agenouille à côté du lit, observant le visage innocent de l'enfant. Il se souvient de la promesse qu'il a faite à ses parents sur leur lit de mort : veiller sur Jehan, quoi qu'il en coûte.

« Je ferai le bien, » murmure Claude, fixant le plafond obscur. « Pour toi, Jehan, et pour mon âme. »

Le lendemain matin, le soleil se lève sur Paris, inondant la ville de sa lumière dorée. Claude se réveille, le cœur encore lourd du poids de la révélation de la nuit. Il sait qu'il ne peut plus ignorer ce qu'il a vu. Il a une mission, une épreuve à surmonter, et il doit commencer dès aujourd'hui.

Il sort de sa chambre, le pas décidé, et se dirige vers l'entrée principale de la cathédrale. Là, près des grandes portes de bois, il aperçoit une petite foule rassemblée autour d'un objet insolite. En s'approchant, il découvre un bébé, abandonné dans un panier, difforme et hurlant.

Les villageois, superstitieux, murmurent des mots de malédiction en voyant l'enfant. « Un monstre », disent-ils. « Un signe du diable. »

Claude Frollo regarde l'enfant, et quelque chose en lui se brise. Il revoit l'ange, ses paroles résonnant dans sa tête : « Fais le bien. » Sans hésiter, il pousse la foule de côté, se penche, et prend le bébé dans ses bras. Le silence tombe sur l'assemblée, surprise par son geste.

« Cet enfant n'est pas un monstre, » déclare Claude d'une voix forte. « C'est une créature de Dieu, tout comme nous. Il mérite amour et protection, non le rejet. »

Il serre l'enfant contre lui, sentant sa résolution se renforcer. Il ne sait pas encore comment, mais il a l'intuition que cet enfant, cet être si vulnérable, jouera un rôle crucial dans l'épreuve qui l'attend.

Il ramène le bébé à la cathédrale et, sans plus de cérémonie, l'adopte. Il le nomme Quasimodo, en référence au jour où il l'a trouvé, le dimanche après Pâques. Claude Frollo sait que sa décision changera à jamais sa vie, mais il est prêt à affronter ce que le destin lui réserve.

Le premier acte de l'épreuve de Claude Frollo a commencé, et dans le silence sacré de Notre-Dame, le jeune homme sent une étrange paix l'envahir, comme si l'ange, quelque part, l'observait encore, prêt à le guider sur ce chemin difficile.

Notre Dame de Paris une nouvelle chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant