Quatrième chapitre. Marque-page

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‒ Sully ? SULLY !

Autant dire que l'heure n'est plus à la sérénité. Le rythme cardiaque de Romy est en pleine ascension alors qu'elle écume chacune des pièces de la maison. Elle allume les moindres lumières, vérifie sous le lit, deux fois, puis derrière le meuble à vinyles. Son constat est toujours le même : le Ragdoll de Jim est introuvable.

‒ Jim ! Oh, là, là ! se désespère-t-elle. Premier jour de travail et je paume son chat !

Mains sur les hanches, elle ferme les yeux et inspire une grande goulée d'air. C'est à l'expiration qu'elle se raisonne :

‒ Bon, il ne doit pas être loin, pas de panique, Romy. Pas de panique !

BONG !

‒ AAAH !

Le bruit relance les battements frénétiques de son cœur. 

‒ Qu-est-ce que...

Ça vient de la buanderie. Elle espère que Sully a fait tomber un objet lourd, sur du métal, ou quelque chose s'en approchant. Mais elle constate que ce n'est que la chaudière. 

‒ Je vais faire une crise cardiaque si ça continue. Bon... j'étais... 

Romy se replonge dans les derniers instants avant d'aller admirer le coucher de soleil.

‒ J'ai quand même pas laissé la porte entrouverte pendant que j'arrosais ? 

La jeune femme fonce , chignon droit devant, à l'extérieur en s'assurant de bien laisser la porte fermée. Elle court jusqu'aux hortensias. Ils dansent, seuls dans le vent, indifférents à son angoisse. Romy trottine, pour faire le tour de la maison. 

‒ Mais qu'elle galère ! peste-t-elle. Sully ! Viens bébé chat !

Réalisant que son attitude de mouette effarouchée risquerait de l'effrayer, elle ralentit le pas et tente de l'attirer plus calmement, faisant claquer sa langue en rythme. Le jardin n'est pas clôturé, ce qui attise son angoisse, d'autant plus que la visibilité autour du bâtiment se limite à quelques mètres, la lueur de la maison s'évanouissant dans la pénombre de la nuit. 

‒ Bon, on se calme. 

Romy se décide à prendre smartphone et à écrire à Jim un message se voulant le moins alarmiste possible :

Romy : Dis-moi, Jim, est-ce que Sully a des cachettes qu'il affectionne dans la maison ? Que je sache où chercher en cas de partie de cache-cache ? Connait-il le jardin, au fait ?

Revenue à la porte, elle rentre et se dirige vers le bol de croquettes qu'elle remplit à ras bord, espérant faire suffisamment de bruit. Le sac manque de se renverser. Elle ramasse quelques billes éparpillées et remarque la chatière dans la buanderie. Sully va donc dehors tout seul ?

Elle ouvre la porte qui donne sur une arrière-cour intérieure, de quelques mètres carrés. Sauf qu'il n'y a qu'un banc et des plans d'aromates. En appuyant sur la porte de la chatière, elle constate que celle-ci a été neutralisée. Romy revient à l'intérieur. En Chine, il est seulement 5 heures du matin, mais elle vérifie son smartphone. Sans surprise, Jim n'a pas encore vu son message.

Priant fortement pour une issue joyeuse, la jeune femme décide de refaire le tour dans la maison. Au-devant de la gamelle, une boule de poils à la rondeur du coton, dévore ses croquettes.

‒ Sully ! Te voilà !

Romy s'agenouille et rit de soulagement, caressant le chat qui tente d'esquiver sa main sans pour autant arrêter de manger. Elle est si dopée au bonheur qu'à cet instant elle pourrait chanter. 

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