‒ Sully, attention !Le tabouret flanche, puis tombe, manquant d'un poil le yucca dans son pot de terre cuite. Parmi les jouets du chat, Romy a dégoté une canne à pêche avec un fil extensible au bout duquel se balance des fanions dorés. Sully en est devenu dingue, poursuivant sa partenaire de jeux qui courait de la cuisine au salon.
‒ Ça va, ti chat ?
Elle ramasse le tabouret. Sully n'a, semble-t-il, eu aucune réaction de peur ou de mal. Il a foncé dessus, mais ça lui est égal, seul compte sa proie. Romy l'agite alors, et il repart, sautant d'un bond en écartant les deux pattes avant comme un gardien de foot prêt à réceptionner une balle.
‒ Mais ce chat est fou ! constate-t-elle en riant.
Il a pu agripper l'un des fanions avec ses griffes, ramenant le bout de la canne à sa gueule. Mordillant et léchant les lanières de plastiques. Romy, surprise par sa force, a lâché le jouet. Sully le traîne alors dans sa gueule et se réfugie sous la table basse pour le couver tout en léchant les fanions.
‒ Je ne t'avais encore jamais vu sauter comme un kangourou ! constate-t-elle.
Sully est étonnant. Les jours passant, elle sent qu'un lien s'est noué entre eux, et les attitudes et les comportements du Ragdoll défient les clichés qu'elle avait des chats. Un chat-chien, c'est clairement ça !
Ce qui l'étonne aussi dans cette rencontre, c'est le réconfort et l'affection qu'il lui procure. Sa douceur est à l'image de son pelage de soie.
Les coups de langue de Sully se font plus forts. Romy préfère lui reprendre son jouet des pattes, de peur qu'il n'avale une des lanières de papier doré. Le jouet retrouve alors sa place dans le coffre, sous le regard interrogateur du chat resté sous la table basse. Tel un pigeon, il penche la tête par à-coups, d'un côté puis de l'autre.
‒ On jouera plus tard. Fini de faire le zouzou !
Une caresse plus tard, elle se penche sur le yucca. Le pot a une légère marque, sûrement causée par le tabouret, ou – espère-t-elle – par une session de jeu antérieure avec son maître.
‒ Je vais devoir en parler à Jim...
***
Avec la permission de son maître, Romy a pris Sully en voiture pour visiter l'un des villages voisins.
Les nuages gris donnent de l'envergure au panorama visible de la colline. Elle se tient devant ces strates composées de bâtiments de pierre et de bois : de la librairie à la façade en bois bleu, aux maisons à colombages, en passant par les échoppes variées, desquelles se détache en haut le clocher d'une église millénaire. Un décor de cinéma.
On pourrait croire que Sully est tout autant intrigué. Aux pieds de la pet sitter au gilet rose, il fixe le toit des maisons. Les mouettes qui s'y posent sont des plus divertissantes pour lui.
Romy s'est penchée à la balustrade. Elle regrette de ne pas avoir laissé d'élastique dans sa poche. Son chignon a laissé place à une chevelure prise au vent qu'elle ne cesse de dégager de ses yeux pour pouvoir prendre des photos.
Malgré tout, son smartphone ne rend pas justice aux nuances du ciel. Les différents filets de lumières qui se dégagent des nuages tourbillonnants ne sont pas suffisamment bien capturés par l'objectif.
‒ Bon, ça restera dans les souvenirs, admet-elle en rangeant son téléphone.
Romy poursuit l'allée du panorama, et vient en bord de lac. Apercevant un labrador en train de jouer à rapporter une balle de tennis avec son maître, elle prend Sully dans ses bras.
‒ Ca va aller, t'as pas peur, hein ?
Elle lui fait plusieurs bisous sur le front. Mais Sully reste concentré sur les mouvements du chien.
‒ Autant revenir sur la plage, décide-t-elle.
Plusieurs promeneurs la dévisagent. Faut dire que des chats que l'on promène, c'est moins commun que des toutous en laisse. D'autant plus quand c'est un chat moyen, aux yeux de mers d'été, à la truffe rose bonbon et au pelage d'ivoire et de nougat. Une gourmandise pour les regards.
Romy, préférant la tranquillité, serre Sully. C'est son rempart pour supporter cette attention, bien qu'elle ne soit pas directement pour elle.
En s'approchant du littoral, l'une des marcheuses se fait particulièrement insistante. Elle se dirige vers Romy :
‒ Bonjour. Qu'il est beau ! C'est votre chat ?
L'inconnue est à moins d'un mètre, subjuguée par le félin. Sully n'a donc aucune fidélité ? Il est déjà à quémander une caresse auprès de la jeune femme. Elle s'agenouille à demi, son bob dissimulant un peu ses yeux mais pas son sourire.
‒ Non, ce n'est pas le mien. Je le garde pendant les vacances de son maître.
‒ Donc, c'est bien Sully ?
Romy reste muette. Ça lui trotte de questions dans la tête. L'inconnue devient une personne non identifiée du cercle de Jim.
‒ C'est bien lui, je l'ai reconnu. Il a une tâche noire au-dessus du jarret de sa patte arrière droite.
‒ Oui, c'est bien lui, finit par lâcher Romy.
‒ Je suis Stacy. C'est moi qui le garde habituellement... Désolée, mais je ne comprends pas trop. Vous êtes la nouvelle copine de Jim ?
Romy ne peut s'empêcher de s'esclaffer, entre gêne et surprise.
‒ Non, non, pas du tout. Il m'a juste embauchée pour les semaines de son absence. Je ne l'ai même jamais vu. D'ailleurs est-ce que...
L'occasion est trop belle pour lui demander le nom de famille de Jim. Mais Stacy semble très perplexe, et ne l'écoute pas :
‒ Pardon, mais je ne comprends pas, répète-elle. Il m'a donné congés pour cette période. Il m'a dit qu'il l'emmenait en Chine avec lui...
***
Et voilà donc un nouveau chapitre !
Qu'en avez-vous penser ? J'espère que votre lecture vous plaît toujours :)
Bon, ce Jim semble bien calé sur le sujet des livres, mais vous conviendrez que Stacy sème le doute sur sa personnalité, non ?
Merci encore pour vos votes et commentaires !
<3
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Ragdoll Lovers
ChickLitJuste avant sa dernière rentrée scolaire, Romy est embauchée en tant que pet sitter. Le propriétaire du chat à garder, Jim, qu'elle n'a jamais vu, lui a donné toutes les indications nécessaires avant de partir pour une conférence à l'étranger. Ell...