Dix-neuvième chapitre. Il est des départs... (1)

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 Romy dépose un nouveau baiser sur les lèvres de Jim. Il garde une main sur sa hanche et l'autre sur son sein.

‒ Nous aurions dû compter nos baisers, susurre-t-elle. Je suis certaine qu'on a battu un record.

‒ Pourquoi faut-il que tu t'en ailles ? demande-t-il.

Elle se relève et prend sa sacoche.

‒ J'ai déjà fait du rab... J'ai promis à Paco d'aller visiter son appart à Montpellier, et puis, il faut que je trouve un colocataire pour la rentrée...

‒ Je sais...

Jim se lève à son tour, émerge derrière elle et l'enlace, plongeant sa tête dans son cou en inspirant profondément. Elle frissonne.

‒ Je ne pars que ce soir, je reviens dans vingt minutes.

‒ Tu me manques déjà.

La jeune femme se retourne et ils se font face. Sully miaule à leurs pieds.

‒ Tiens, t'étais là, toi ?

Ils se penchent pour le caresser. Le ragdoll tournoie entre l'un et l'autre, pour son plus grand plaisir. Double dose de papouilles.

‒ Dis, Romy, tu reviendrais quelques jours ici, juste avant ta rentrée ? Si tu as réglé ton souci de colocation ?

‒ Je... Oui, j'aimerais bien.

‒ Putain, c'est beau !

Jim lève le poing en l'air, heureux comme un môme.

‒ Je ne vous connaissais pas ce vocabulaire, monsieur Jaouen.

‒ On joue les prolongations !

‒ Ça me fait plaisir aussi. En vrai, ça va me faire bizarre, sans toi.

Il s'avance pour l'enlacer à nouveau, mais elle recule, riant :

‒ Ah, non ! Je vais jamais réussir à acheter mon sandwich ! Je file, avant que la boulangerie ne ferme !

Romy l'esquive, à contrecœur mais anticipe déjà l'excitation de leurs prochaines retrouvailles alors que sa Clio démarre en direction du bourg.

La jeune femme se sent dans son élément, dans ce début de quotidien avec son beau breton. Elle pense à Paco et imagine presque son envie lorsqu'elle ira un peu plus loin dans les détails.

Alors qu'elle patiente dans la file de la boulangerie, une scène lui revient en mémoire, le premier jour où elle et son meilleur ami ont découvert leur professeur.

Monsieur Jaouen était dans le couloir de la sortie de l'amphithéâtre. A ce moment là, Romy avait pensé qu'il devait être en reprise d'études, parce qu'il était bien plus jeune que les autres professeurs de l'université.

Paco lui avait donné un coup de coude.

‒ L'année commence bien, avait-il dit. On s'assoit à côté de lui !

A ce moment-là, Paco était célibataire et n'avait donc pas encore rencontré Idriss.

Monsieur Jaouen portait une chemise en lin gris, et un jean blanc qui suggérait quelques séances de musculation, à en croire la courbe de ses fesses. Il avait un sac à dos en cuir, nonchalamment posé sur une épaule, et souriait aux autres étudiants qui le croisaient. Certains s'en étonnaient. Lorsqu'il fut l'heure de rentrer, Paco et Romy laissèrent passer les premiers élèves puis s'engouffrèrent dans la salle fourmilière. En voyant le jeune homme prendre place sur le bureau central, ils s'étaient regardés, entre incompréhension et rire.

‒ C'est notre prof ? J'ai envisagé des choses avec notre prof !

‒ Au moins, tu seras plus assidu en cours !

‒ Je suis vert...

‒ Allez, Paco, monte, on va pas rester dans les marches !

Puis ils s'étaient trouvés une place, pas trop haut. Romy avait senti la timidité de monsieur Jaouen. C'était sa première année en tant que professeur, mais il était déjà si calme, doux et intéressant, que l'amphithéâtre l'écoutait avec attention, et Romy était tombée sous son charme, redoublant d'effort pour l'impressionner au cours de l'année.

La caissière de la boulangerie l'arrache à ce souvenir :

‒ Bonjour, madame ? Qu'est-ce que je vous sers ?

‒ Euh, oui, pardon. Je vais prendre le Nordik, s'il vous plaît, demande-t-elle en désignant le sandwich élégamment posé dans la vitrine.

Payant son dû, elle sort et manque de percuter une passante sur le trottoir.

‒ C'est pas vrai... chuchote-t-elle.

‒ Tiens, comme on se retrouve ! s'exclame Léa.

‒ Bonjour, Léa. Comment tu vas aujourd'hui ? feint-elle en amabilité.

‒ Pas mal. Dis, t'as l'air en forme. C'est quoi ce sourire. Le bonheur, c'est ça ?

Son ton ironique est si malaisant que Romy devine le venin sous les crochets.

‒ Je suis heureuse, oui.

‒ Écoute, je vais la jouer solidarité, entre femmes. Faut se soutenir, non ? C'est bien, tu vois, de profiter de tes vacances, amourette et compagnie. Mais si t'envisageais que ça devienne sérieux, je préfère te le dire. Tu savais que Jim est sorti avec moi alors que j'étais mineure ?

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