Vingt-et-unième chapitre. Tu t'envoles

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Le vent fait danser les pages de son livre.

– Mince ! J'en étais où?

Romy n'avait pas senti venir la chaude bourrasque. Le grand-père du banc d'en face non plus. Il s'est fait aussi surprendre et demande à son petit-fils de lui rattraper sa casquette.

– Ah, voilà, murmure Romy en reprenant sa lecture au pied de l'arbre.

Autour d'elle, elle ignore les allers et venues des promeneurs, nombreux dans cette roseraie parfumée. D'autres sont assis sur les bancs, jouent au basketball sur le terrain plus loin, dévalent les toboggans de l'air de jeux, ou marchent dans le parc.

La jeune femme a délaissé son chignon et laisse ses cheveux libres sur ses épaules. Son haut vert menthe s'accorde parfaitement aux couleurs des roses qui l'entourent.

Depuis que la bourrasque est passée, il n'y a plus une brise pour soulever ses mèches. Il ne fait pas lourd pour autant, c'est le genre de journée d'été qu'elle préfère.

Romy se sent plus apaisée. L'avenir et ses futures décisions sont encore incertaines, mais elle profite de la douceur de vivre de cet après-midi calme et ensoleillé.

Mais alors qu'elle termine son chapitre, elle est sent une présence à côté d'elle.

– Bah, alors, t'es perdu, petit chat... Oh !

Son cœur s'est stoppé.

Ses yeux lui joueraient-ils un tour ? Un pelage crémeux, une truffe rose et deux yeux ciel d'été. Le félin qui s'est approché ressemble en tout point à Sully.

– Mais...

Il miaule avec entrain, et insère sa tête sous le coude de la jeune femme, toujours autant interloquée. Elle n'a pas besoin de vérifier si la tâche noire sur sa patte existe. Elle sait.

– Sully ! Oh, Sully !

Elle l'entoure de ses bras et le couvre de baisers. Elle en pleurerait de joie, presque.

– Mais, qu'est-ce que tu fais là ?

Romy perce sa bulle, relève la tête pour regarder le monde extérieur.

Jim est en face, la laisse de Sully dans une main, l'autre insérée dans sa poche. Il lui sourit, avec un air d'excuse, mais n'ose pas s'approcher plus près. Il attend de voir si elle l'invitera dans son espace.

– Bonjour, dit-elle, tout en continuant les grattouilles sous le menton de Sully.

– Bonjour.

Il s'approche, foulant l'herbe bien coupée, et s'accroupit à quelques mètres d'eux. Il est toujours aussi beau, ses yeux sont doux et ses gestes posés. Romy sent qu'elle n'a plus de colère, ni ne se sent perdue dans leur histoire. Il la rassure d'un regard, et elle a très envie de l'embrasser.

– J'espère qu'il ne vous a pas dérangé. Moi, c'est Jim.

Le jeune brun lui tend la main et elle la serre, mi étonnée, mi amusée.

– Moi, c'est Romy.

– C'est beau.

Il garde sa main dans la sienne et l'échange des sourires est sans équivoque.

– Je suis vraiment désolé, Romy.

– N'en parlons plus, je ne t'en veux pas.

Il s'étonne. Jim s'était attendu à devoir tout réexpliquer, à patiemment dialoguer pour désamorcer les non-dits et voilà que la jeune femme semble, dès cet instant, faire table rase des événements négatifs.

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