Neuvième chapitre. Lui ou toi (2)

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Après une glace terminée et un passage à une fontaine à eau, Romy, rassasiée et propre, a repris Sully, bien moins aventurier. Même en voulant jouer avec une mouche, il s'allonge par intermittence. 

‒ S'il est fatigué, on va devoir se poser un peu.

‒ On peut aller boire un verre en terrasse. Ou bien se poser dans le parc.

Le seul banc libre dans le square est en plein soleil. Romy sort son chapeau de paille de son sac. Morgan reconnaît celui qui est abîmé, mais ne lui dit rien. Elle accroche la laisse au pied du banc. Dès lors, Sully fait le tour, alternant des pauses sur le dos ou reniflant la main d'un enfant qui passe sous les yeux attendris de sa mère. 

‒ C'est possible qu'on croise des amis. Ils sortent bientôt du boulot et ils passent par ici pour rejoindre la plage.

Morgan désigne l'autre entrée du square, blottie entre deux arbres de Constantinople en fleurs. 

‒ Ceux que tu as vu la dernière fois, quand on était sur la plage avec ta mule ?

Romy ne sent pas de chaleur particulière à cette évocation.

‒ Les mêmes, oui. On se connaît depuis quelques temps, maintenant. C'est une petite ville, comme tu l'auras remarqué.

‒ J'aime bien, ici. C'est beau. C'est étonnant qu'il n'y ait pas plus de touristes. 

‒ Je trouve qu'il y en a déjà bien assez. Enfin, je ne parle pas pour toi, hein ! Tu ne gâche en rien le décor.

Morgan lui sourit, et elle lance un : « Oh, n'importe quoi, enfin, oui, non, bon... » qui n'aboutit à rien, sa voix se réduisant en un filet à peine audible.

‒ Tu m'avais dit que tu venais souvent en Bretagne.

‒ Oui, répond-elle, ravie de reprendre à ce qui ressemble à une conversation.

‒ Et tu ne penses pas à t'y installer du coup, après tes études ?

‒ Je n'ai pas vraiment pensé à ça. J'imagine que cela dépendra d'où je suis affectée après mon diplôme.

‒ Tu ne pourras pas choisir du tout ?

‒ Si je suis bien classée, oui. Et toi, tu penses rester toujours ?

‒ Je ne quitterai pas la région. Par contre, je ne me ferme pas sur l'avenir. Je veux continuer à faire évoluer la ferme de mes parents, possiblement embaucher de nouvelles personnes, et voir si je peux monter d'autres projets, ailleurs. 

‒ Dans l'agriculture ?

‒ Pas forcément. On n'a qu'une vie, et je ne veux pas me limiter. Je bosse aussi au magasin. J'ai fait un peu de service aussi, plus jeune. Alors pourquoi pas découvrir encore autre chose où je pourrais mettre à profit mes compétences. Quoi ?

‒ Non, rien. Tu es... surprenant.

‒ Eh, bien venant de toi, Romy, je le prends comme un énorme compliment. 

‒ Tu sais, ça me plairait de voir ton exploitation.

‒ Vraiment ? Eh bien, rendez-vous sera bientôt pris, alors. 

Miaou...

Sully vient s'étendre à leurs pieds. Ses pattes avant et arrière étirées à l'extrême, il mesure pas loin de quatre-vingt centimètres.

‒ Beau pépère quand même !

‒ Il veut que tu lui caresses le ventre.

Morgan s'exécute, grattant de ses mains habiles le pelage soyeux.

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