Dix-huitième chapitre. Toile

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Romy est penchée sur Sully, passant la brosse sur le pelage de coton. Il garde les yeux fermés, et ronronne alors que sa queue fait l'essuie-glace sur le tapis. Tous deux sont baignés par le soleil. La chevelure de la jeune femme créé un contraste avec la blancheur du ventre du ragdoll. 

‒ Il n'a pas l'air malheureux, affirme-t-elle.

‒ Tu dis ? demande Jim depuis la cuisine. 

‒ Je disais qu'il n'était pas malheureux, répète-t-elle plus fort.

‒ C'est la belle vie, ici ! confirme Jim en rangeant le dernier verre du lave-vaisselle.

Sully a repéré quelque chose et bondit sous le canapé. Seule sa tête peut passer, le reste de son corps dépasse, sans aucune chance de passer en-dessous.

‒ Et dire qu'il pouvait se glisser dessous quand il était chaton, précise Jim en revenant dans le salon. La vie est cruelle, pauvre Sully ! Qu'est-ce que tu as trouvé ?

Jim s'agenouille et vérifie, tout comme le chat. Romy dégaine son smartphone pour prendre en photo les deux chercheurs.

‒ Je te vois, tu sais.

‒ Vous faites la pair, tous les deux ! 

Le fessier relevé de Jim est bien plus rond que celui de Sully.  Romy zoome dessus.

‒ Ah, c'est ça ?

Le jeune homme a retrouvé une paille, sûrement cachée par le chat lors d'un apéritif entre amis. Il la lance à Sully qui court après en donnant des coups de patte et en sautant tout autour.

‒ Il est drôle. Trop mignon ! 

‒ Pas si mignon que son maître ? 

‒ Tu as une sacrée concurrence.

Jim vient à elle et pose un baiser sur ses lèvres.

‒ Tu as d'autres talents, expire-t-elle.

Sully surgit d'un bond, se calant à ses pieds.

‒ Je rêve où il me ramène sa paille ?

Sully ouvre sa gueule, libérant l'objet à côté de sa main.

‒ Il veut que tu lui lances. C'est une marque d'affection.

‒ Un vrai chien !

Romy envoie valser la paille jusque dans la cuisine. Le ragdoll détalle, ses griffes glissant sur le parquet, et il récupère la paille.

‒ Alors, où en étions-nous ? demande Jim.

*** 

Ça fait une heure qu'ils prennent le soleil sur la plage. Le ciel est aussi bleu qu'un parterre de dauphinelles, mais l'air est un peu froid. Le torse bronzé de Jim est bien chaud. Romy passe sa main dessus, et il soupire d'aise. La peau de Romy se fait albâtre en comparaison. Jim a hérité de la peau, de la chevelure et des yeux de son grand-père italien. 

Les deux dernières journées n'étaient qu'une alternance entre des conversations et des activités dans la chambre à coucher. La chaleur qui irradie Romy depuis leur premier baiser ne l'a pas quitté. 

Elle se décide à consulter les messages de son smartphone : dire à sa mère qu'elle rentre le lendemain, à Paco qu'elle va bien et qu'elle a plein de choses à lui raconter, répondre à Morgan qui lui demandait des nouvelles.

Elle ne sait pas trop pourquoi elle culpabilise. 

‒ Tu veux faire quelque chose ?

‒ J'aimerais bien aller au cinéma, en fin d'après-midi. J'ai vu qu'il passait une comédie romantique. 

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