15. Lendemain

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Un rayon de soleil traversa la vitre, s'écrasant avec une douce chaleur sur le visage endormi de Gabriel. Il était encore tôt, trop tôt.

La lumière, d'abord agréable, devint vite éblouissante, forçant Gabriel à papillonner des paupières, encore à moitié plongé dans le sommeil. Ses yeux s'ouvrirent lentement, dévoilant un regard brumeux, confus.

Le jeune ministre se tourna vers la fenêtre, maudissant le fait que ni ses volets ni ses rideaux ne soient tirés, le privant de quelques précieuses heures de sommeil supplémentaires. Un grognement d'exaspération s'échappa de ses lèvres alors qu'il se retournait sur le ventre, enfouissant sa tête au plus profond de son oreiller. Mais l'obscurité de l'oreiller ne suffisait pas à étouffer les pulsations douloureuses qui battaient à ses tempes.

La migraine était subtile, mais constante, rappel cruel de la quantité d'alcool ingurgitée la veille. Chaque battement dans sa tête semblait réveiller des fragments de souvenirs, des images floues qui défilaient sans ordre ni logique. Il se sentait vidé, usé, comme si la nuit avait siphonné son énergie au lieu de la restaurer.

Gabriel tourna la tête sur le côté, cherchant l'oxygène dont il manquait au fond du moelleux de son oreiller. Son souffle se faisait court, comme si quelque chose pesait sur sa poitrine.

Ses yeux se perdirent sur un point vague du mur, et peu à peu, les événements de la veille affluèrent, d'abord en flashs désordonnés, puis avec clarté...

La légion d'honneur... Le cérémonial, si grandiose et ennuyeux à la fois. Les discours interminables... Des mots creux qu'il avait écoutés sans vraiment les entendre.

Et puis, Jordan.

Jordan, qui revenait sans cesse dans ses pensées. Il n'était pas seulement une présence dans la salle, il était devenu presque une obsession dont il essayait d'en connaître la raison.

L'alcool, toujours là pour effacer le malaise, mais seulement temporairement. Des flûtes de champagne qui s'enchaînaient, des conversations superficielles... Mais au milieu de tout cela, Jordan, encore Jordan. Sa présence magnétique, impossible à ignorer, impossible à fuir.

Et puis, Stéphane, dont la silhouette floue semblait avoir voulu faire barrage, emporté par un sentiment qui paraissait être de l'inquiétude, si ce n'était plus.

Et encore Jordan...Toujours Jordan. Plus près de lui, au fur et à mesure que la soirée avançait. Se faisant si proche qu'il avait pu sentir son parfum enivrant, plus que le champagne lui-même...

Enfin, les souvenirs devinrent plus précis, plus accablants. La cravate de Jordan, sa bouche...

Gabriel écarquilla les yeux, son souffle se coupant sous l'effet du choc.

En une fraction de seconde, il se redressa sur son lit, comme frappé par la foudre. Ses joues se mirent instantanément à brûler, un mélange de honte et de panique se déversant dans ses veines et rougissant sa peau.

- Putain...! murmura-t-Gabriel, incrédule. Ne me dites pas que j'ai vraiment fait ça ?! Mais c'est pas vrai... ?!

Gabriel sentit une vague de chaleur, de honte monter en lui. Il se souvenait maintenant. Pas de tous les détails, mais de l'essentiel. L'ivresse de l'alcool avait libéré des gestes et des paroles qu'il n'aurait jamais osé en pleine conscience.

Un sentiment de culpabilité écrasant s'installa, accompagné d'une pointe de peur.

L'homme enfouit son visage dans ses mains, tentant de chasser ces pensées. Il se sentait pris au piège, la gêne plus irradiante et plus lourde au fur et à mesure que les minutes passaient.

La France brûlera pour Nous, Le Monde brûlera pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant