9. Icare et le Soleil

211 11 10
                                    

C'est une victoire plutôt amère pour le Parti Présidentiel, après une guerre acharnée des scrutins. Bien que le Président ait été réélu pour un second quinquennat, permettant ainsi une certaine continuité politique, la victoire aux législatives s'est avérée plus complexe. Le Centre n'avait obtenu qu'une majorité relative à l'Assemblée Nationale, rendant la gouvernance future plus difficile. Les résultats du premier tour avaient déjà semé le trouble dans la sphère politique française, avec trois partis arrivant au coude à coude, laissant planer l'incertitude sur l'issue finale.

Ce fut un véritable soulagement pour Gabriel, qui s'était donné corps et âme dans cette campagne. Le temps d'une soirée, il pourra se relâcher un peu pour fêter la fin des élections, avant d'entamer de nouvelles journées emplies de travail.

Depuis la Fresque du Climat, les débats s'étaient enchaînés du fait du 1er tour mais Jordan était resté toujours distant avec lui, à un point que le jeune ministre avait accepté la situation et lâché l'affaire. Si le jeune homme voulait lui reparler, ça serait de sa décision et de sa démarche.

Ce soir, Gabriel avait participé aux dépouillements des scrutins en live sur un plateau de télévision, avec également la participation d'un porte-parole pour chaque parti ayant gagné des sièges à l'Assemblée. Et Jordan faisait partie des convives. 

Visiblement, le froid persistait toujours avec Gabriel. Il était assez vindicatif à son encontre, prenant parfois plaisir à rappeler la défaite du Parti Présidentiel qui n'avait pas obtenu la majorité absolument et rappeler à quel point le Parti d'Extrême-Droite avait réalisé une percée historique. Rarement, son regard noisette croisait ceux de l'ainé, qui ne cherchait plus de contact visuel. 

Néanmoins, à la surprise de tous, Jordan était intervenu au moment même où une candidate et porte-parole d'un parti adverse harcelait presque Gabriel, lui touchant le bras et l'épaule à plusieurs reprises, ce qui avait provoqué un fort malaise chez le ministre, ce qui n'était pas resté invisible aux yeux de Jordan :

« « On ne va pas tirer sur l'ambulance toute la soirée ! Bien sûr que Monsieur Gabriel Attal n'a aucune réponse à apporter puisque personne ne s'attendait à de tels résultats. Même les tous puissants, tout là haut dans leur sphère de pouvoir ne pouvait imaginer cette situation... ! » »

Ce à quoi Gabriel n'avait pu s'empêcher de lâcher un sourire, assez touché de ces mots. Peut-être était-ce un signe que le froid entre eux commençait à se dissiper. Malgré cette intervention, les discussions restèrent houleuses, alimentées par les remarques cinglantes et les provocations incessantes des autres participants.

C'était fatigant.

Cependant Gabriel préféra garder en mémoire sa propre réélection, avec l'envie de quitter ce plateau au plus vite, ce qui ne tarda pas une fois le résultat national définitif.

***

Gabriel et ses collègues décidèrent de fêter cela au QG du parti, quand bien même ils n'aient pas eu la majorité absolue, ils restaient le parti avec le plus de sièges à l'Assemblée Nationale.

C'était également l'occasion d'un moment de détente après tant d'investissement.

Le champagne coulait à flot et Gabriel, d'ordinaire si mesuré, semblait en avoir légèrement abusé. Pour une fois, il s'autorisait à relâcher la pression pour passer une soirée plutôt normale, sans songer à toutes ses obligations.

Les tensions accumulées, les responsabilités écrasantes, tout cela s'effaçait sous l'effet de l'alcool et de l'atmosphère euphorique. Le lendemain, il retrouverait sa contenance et son allure formelle, mais pour le moment, il voulait juste profiter de ce relâchement et succomber aux festivités.

La France brûlera pour Nous, Le Monde brûlera pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant