22. Odeur métallique

244 11 5
                                    

TW : agressions physiques et tentative de +, propos homophobes

---------------------------

Une vive et brutale douleur siffla dans les oreilles de Gabriel qui tentait de retrouver ses esprits. Il avait frôlé l'évanouissement, sa tête éclatant sous le choc. Des morceaux de verre émirent un son cristallin au contact du sol. Il avait été suivi depuis le Secret Garden visiblement, mais ses pensées envahissantes l'avaient déconnecté de la réalité, et il n'avait pas remarqué qu'il avait été pris en filature.

A l'arrière de son crâne, quelque chose de liquide commença à couler et à se répandre dans sa nuque. C'était chaud, collant...Et l'odeur métallique, ferreuse. Gabriel ne connaissait que trop bien cette odeur. C'était celle du sang. Instinctivement, ses doigts se posèrent sur la plaie puis se retirèrent, constatant qu'ils étaient bien rouges. Il grimaça sentant sa blessure irradiante.

Le jeune Premier Ministre, toujours à terre, se retourna précipitamment et se trouva face à deux hommes transpirants de dangerosité. Ils étaient à peine plus grands et baraqués que Gabriel, mais le nombre comptait et le politicien était légèrement ivre, suffisamment pour rendre ses gestes plus maladroits. Un contre deux, il ne faisait pas le poids, surtout que l'un semblait armé d'une bouteille brisée. Sans doute l'arme utilisée pour le frapper à l'arrière du crâne quand il avait le dos tourné. Les deux hommes, d'un peu moins de trente ans, le toisaient avec mépris, grinçant des dents.

Gabriel connaissait ces regards, ces regards d'injonction, de châtiment, de colère, de haine, de dégoût. Il avait l'habitude de les subir et s'était blindé. Mais là, on avait dépassé toutes les limites : il s'agissait purement et "simplement" d'une agression.

- Sale pédé, crève ! proliféra l'un des deux agresseurs en s'approchant de lui, menaçant.

- Toujours aussi courageux ces homophobes....deux contre un, décidément, c'est dans vos gênes, la lâcheté..., provoqua Gabriel, ironique, leur lançant un regard noir perçant, ne pouvant s'empêcher un sourire en coin. Vous savez ce qu'on dit : les plus gros homophobes sont les plus gros « pédés », comme vous dites si poétiquement, continua t-il, embrasant un peu plus leur fureur.

Ce n'était ni sa première et malheureusement, ça ne sera sans doute pas sa dernière agression. Cependant, c'était la première fois qu'il avait le droit à la bouteille de verre et ce n'était guère réjouissant.

Le Premier Ministre était sur le qui-vive, laissant par moment ses yeux glisser sur le tesson de bouteille. Son esprit tournait à mille à l'heure, cherchant une échappatoire, calculant et imaginant tous les scenarii possibles.

La conclusion était presque évidente ; il allait forcément se faire fracasser...Mais quel serait le pourcentage de gravité ? Là était la question sur laquelle Gabriel ne souhaitait pas s'attarder, ayant une idée de la réponse. Mais visiblement, le pourcentage serait plutôt élevé, vu la haine qui brillait dans le regard de ses agresseurs.

« Merde... », pensa Gabriel, sachant qu'il était en mauvaise posture. De plus, blessé à la tête, il partait avec un handicap car chaque mouvement lui provoquait un vertige ou une petite nausée.

Le sang s'écoulait désormais le long de son échine, collant son t-shirt à sa peau.

L'homme, qui s'avançait vers lui toujours plus menaçant, semblait aveuglé par la rage. Le simple fait que Gabriel existait était une raison suffisante pour vouloir, devoir, l'exterminer. Malheureusement, il y avait toujours ce genre d'acte, même en 2024...

Le jeune Premier Ministre tenta une feinte en se faufilant à toute allure sur la droite de l'homme, mais encore sonné, il perdit l'équilibre, s'offrant directement à son agresseur qui n'eut aucun mal à le stabiliser d'un coup de pied dans le flanc.

La France brûlera pour Nous, Le Monde brûlera pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant