10. Provocation

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Les deux hommes sursautèrent, se tournant d'un même mouvement pour faire face à un jeune homme de haute stature, à la carrure imposante.

Ses yeux noisette, un peu vitreux, trahissaient son état d'ébriété, bien qu'il conservât une allure fière et décontractée relevée d'élégance. Sa veste de costume bleu marine reposait négligemment sur son épaule, tenue du bout des doigts, tandis que son autre main était glissée nonchalamment dans sa poche.

- Monsieur Bardella ?! Je vous prie de nous excuser, mais qu'est-ce que..., commença Stéphane, tandis que Gabriel fuyait les deux hommes du regard.

Ce dernier aurait tout fait pour pouvoir s'enfuir et ne pas se trouver à cet endroit même et regrettait presque de ne pas avoir appelé de taxi. Quelle idée lui était passée par la tête, à vouloir prendre l'air et marcher tranquillement la nuit, dans les rues de Paris ?

Par anxiété, Gabriel remettait son masque plusieurs fois à la suite de manière compulsive, sentant l'angoisse et sa peine s'accentuer à lui en donner des nausées.

L'avantage de l'intervention de Jordan, c'est que ça avait refreiné instantanément ses larmes qui lui brouillaient la vue. Etrangement, la voix calme et grave du jeune homme l'avait soulagé, mettant fin à la conversation avec Stéphane qui commençait à le mettre mal.

- Il me semble que Monsieur Attal vous a demandé de cesser, répéta Jordan, faussement poli en articulant de manière exagérée, se moquant presque de Stéphane.

Ce dernier fronça les sourcils, sentant l'agacement monter.

- Mêlez-vous de vos affaires, Monsieur Bardella, ça ne vous concerne pas, siffla sèchement Stéphane en réplique.

Jordan haussa un sourcil. Ses iris noisette glissèrent une fraction de seconde sur Gabriel, qui semblait fébrile et mal à l'aise, avant de se reposer sur le petit brun qui se tenait devant lui.

- Je sais que vous êtes vieux, mais je ne pensais pas que vous aviez l'âge de porter un sonotone, provoqua le jeune homme, sentant l'ainé perdre sa contenance. Monsieur-Gabriel-Attal-a-demandé-la-fin-de-votre-conversation, insista t-il en articulant chaque mot, éhontément.

Gabriel toussa frénétiquement, s'étouffant en entendant le jeune porte-parole d'Extrême Droite s'adresser ainsi à son ex-conjoint. Il porta un regard noir à Jordan, le suppliant de cesser ses provocations dans l'immédiat mais le jeune homme feinta ne pas comprendre, son sourire narquois en guise de réponse muette au ministre.

Stéphane fit quelques pas en avant, en direction de son interlocuteur, lui faisant face, déterminé à ne pas se laisser intimider.

Malgré la différence de taille, il était prêt à en découdre. Avant qu'il n'ait pu dire le moindre mot, Gabriel, alarmé, se précipita pour s'interposer, tournant le dos à Jordan pour faire face à Stéphane.

- Messieurs, je vous en prie...Stéphane, allez, laisse tomber...rentrons...enfin, poursuivons notre route, corrigea t-il, s'entendant prononcer des mots pouvant être mal interprétés.

- Mais Gab', ce mec cherche l'embrouille ! s'exclama le brun, ne lâchant par Jordan des yeux, une lueur vindicative brillante dans le fond de ses iris marron.

- Comme toujours...J'ai l'habitude, Stéph'...Ne nous rabaissons pas à ça, répondit Gabriel, se permettant de l'appeler par son ancien surnom.

Peut être que c'était lui, mais il sentit une énergie très agacée émanant dans son dos. Il aurait mis sa main à couper que c'était Jordan qui montait dans les tours, sans comprendre la raison de la réaction du cadet.

La France brûlera pour Nous, Le Monde brûlera pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant