34. Fête Nationale

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Depuis le refus de sa démission, Gabriel s'était lentement relevé de la période sombre qu'il traversait. Les blessures qui marquaient son corps, souvenirs de l'agression passée, avaient presque toutes cicatrisé, tout comme celles de son esprit. C'était encore un peu fragile, mais les quelques jours de repos ont été plus que nécessaires.

Il n'aurait jamais pensé que le résultat des élections l'aurait autant soulagé. Les nuits auparavant hantées de cauchemars et agitées étaient désormais moins chaotiques, sa dette de fatigue s'était drastiquement réduite à son plus grand soulagement.

Un soutien essentiel avait été celui de Stéphane. Depuis cet épisode de malaise, leur relation, autrefois marquée par la distance, s'était étrangement réchauffée. Stéphane se montrait bienveillant, toujours à l'écoute, et sa présence discrète mais constante rassurait Gabriel. Bien que leur histoire amoureuse fût terminée, un lien profond subsistait, une forme de tendresse réciproque que ni le temps ni les épreuves n'avaient effacée. Chaque sourire de son ancien compagnon, chaque encouragement subtil, semblait apaiser un peu plus les tempêtes internes de Gabriel.

Désormais, les deux hommes se voyaient tous les jours ou presque, et leur complicité autrefois disparue, refaisait surface dans une grande complicité.

D'un autre côté, Gabriel n'avait plus revu Jordan depuis des semaines, depuis leur dernier débat télévisuel plus précisément. Et quand bien même ils s'étaient un peu quittés froidement, il le cherchait toujours des yeux à l'Assemblée. Au début, cela avait créé chez lui un pincement au cœur, une absence qui pesait plus lourd qu'il n'aurait voulu l'admettre. Mais avec le temps, la légère peine avait laissé place à une sorte de résignation calme. La vie, avec son lot de responsabilités, l'avait rattrapé, et Jordan n'était plus qu'une ombre au tableau.

Les Jeux Olympiques arrivaient à grand pas et Gabriel était de nouveau convié et demandé de toute part, plongé dans le rythme effréné d'une personnalité publique. Chaque minute de sa journée était occupée, et en tant que Premier Ministre, il avait l'obligation de répondre à ces sollicitations.

 Les heures défilaient et il n'avait pas eu un moment pour se poser, souffler. Stéphane suivait le rythme, ce qui lui donnait de l'élan pour maintenant la cadence des demandes politiques. Son bureau était fébrile, où des dizaines de décisions devaient être prises rapidement pour s'assurer que l'événement se déroulait sans encombre : gestion des délégations, organisation des festivités, logistique autour des installations sportives... Il fallait s'assurer que les accueils des sportifs soient effectifs, que les repas prévus étaient en nombre suffisant, que les déviations de certaines rues étaient bien indiquées... Il fallait répondre à un nombre incalculable de questions, d'interviews, de sollicitations, d'assurer la publicité pour cet événement mondial.

Malgré ce tumulte, Gabriel ressentait un élan nouveau. Là où il aurait autrefois senti le poids l'écraser, il se surprenait maintenant à tenir la cadence. Le soutien constant de Stéphane, la reconnaissance publique du Président, tout cela contribuait à son regain d'assurance. Le Chef d'Etat ne manquait pas de le féliciter, soulignant souvent à quel point il était fier de Gabriel pour avoir mené une campagne courageuse et pour continuer à faire face à ses responsabilités avec efficience.

***

Ce soir-là, alors qu'il se trouvait près de la Tour Eiffel, supervisant l'installation des anneaux olympiques, il réalisa que la journée avait défilé sans qu'il ne prenne le temps de souffler. Il avait à peine eu le temps de manger - son seul repas de la journée, se rafraîchir et se changer à Matignon aux alentours de dix-neuf heures, le tout en une trentaine de minutes.

Les festivités du 14 juillet étaient imminentes, et Gabriel, absorbé par les préparatifs, avait presque oublié l'événement. Malgré les sacrifices personnels, il appréciait la satisfaction d'un travail bien fait.

La France brûlera pour Nous, Le Monde brûlera pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant