35. Feux d'artifice

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- Jordan ?!

Gabriel s'étouffa un instant avec sa salive, le souffle coupé par la surprise. Il dut tousser pour retrouver un semblant de calme, mais le malaise persistait. Face à lui, le jeune homme semblait littéralement bouillonner, ses yeux jetant des éclairs de fureur.

- Que faites-vous là ?, demanda Gabriel d'une voix tremblante, essayant de maintenir son calme malgré la tempête qui se préparait et qu'il voyait arriver.

Jordan éclata de rire, mais c'était un rire froid, tranchant. Un rire empli d'amertume.

- Oh, quelle question !, répliqua l'eurodéputé, son regard brûlant de rancœur. Ça vous arrange bien, pas vrai ? Je vous dérange, c'est ça ? Dans vos petites affaires ?!

Jordan était excédé et son ainé avait du mal à en comprendre la raison. Gabriel cligna des yeux, déconcerté. Il ne comprenait pas pourquoi l'homme en face de lui était aussi furieux, mais la tension dans l'air était palpable, presque suffocante.

- Pourquoi êtes-vous énervé à ce point, Monsieur Bardella ?, osa Gabriel, la voix la plus posée au possible, ce qui contrastait avec l'état de son interlocuteur, malgré son cœur qui battait à tout rompre dans sa poitrine.

Le jeune homme s'avança encore, réduisant l'espace entre eux à presque rien, si proche que Gabriel dut relever la tête pour maintenir le contact visuel. Le regard noisette de son cadet était si intense qu'il le transperçait de part en part, et s'il ne connaissait pas si bien l'homme debout face à lui, il aurait pu être impressionné. Mais grâce aux débats et échanges hors caméras, Gabriel avait l'habitude de son attitude et de son allure imposante.

- Mais vous vous foutez de moi, Gabriel, ou quoi ?!, explosa Jordan, sa voix éclatant comme un coup de tonnerre. Son visage s'était durci, obscurci par la rage.

Gabriel, malgré l'assaut verbal, resta impassible, s'efforçant de garder son calme. C'était l'une de ses forces ; ne jamais flancher devant la virulence de paroles pouvant parfois dépasser la pensée.

Jordan porta un doigt accusateur contre le torse du Premier Ministre et appuya dessus, jusqu'à une légère douleur, mais Gabriel ne broncha pas, ne lâchant pas son interlocuteur des yeux. Il planta un peu plus son regard d'ébène en réponse, restant imperturbable. Garder son calme dans ce genre de situation était le meilleur choix à faire.

- Faites pas genre de pas comprendre, Attal !, siffla le châtain, une pointe de menace dans son ton. J'ai été pris de réunions d'affaires toute la journée, au point d'avoir failli oublier les festivités de la Fête Nationale. Vous n'êtes pas le seul à travailler ! C'est en rentrant chez moi à pied que les responsables du Palais Iena m'ont proposé d'ouvrir les portes afin de vous rejoindre vous et Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères. Après tout, je suis député européen et ma sécurité en va de soit, tout autant que la vôtre !

Tout semblait évident pour Jordan, même si son ainé semblait avoir un peu de difficulté à suivre.

Ce dernier l'écoutait, sentant le stress monter au fond de son estomac. Il avait l'impression de marcher sur des œufs, comme s'il savait d'avance que chacun de ses mots allait déclencher la fureur de Jordan qui peinait à se contenir.

- Et là, je vous trouve... en train de fricoter avec lui ! Je vois que vous pensiez pouvoir faire vos petites affaires tranquillement avec votre ex !, ajouta le jeune homme en criant presque, grimaçant en se remémorant l'image des deux ministres s'embrassant.

Cette vision restera sans doute marquée longtemps dans son esprit au vu de sa réaction. Il s'arrêta une seconde, ses mains tremblant de rage, avant de poursuivre, sa voix montant d'un cran :

La France brûlera pour Nous, Le Monde brûlera pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant