41. Trahison

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Les Jeux Olympiques battaient leur plein, transformant Paris en une ville vibrante et festive. Depuis une semaine, l'effervescence ne faisait que grandir. L'ouverture des jeux, audacieuse et déconcertante, avait secoué la scène internationale. Quelques polémiques s'étaient faites ressentir, mais avait été balayées, Gabriel soutenant les choix artistiques qui avaient été faits.

Pourtant, dans cette atmosphère de joie, Gabriel peinait à partager l'euphorie ambiante. L'annonce brutale de sa démission acceptée par le Président l'avait d'abord affecté. Les premiers jours avaient été assez compliqués, marqués par des nuits agitées et une colère contenue. L'annonce de sa démission acceptée par le Chef d'Etat avait déclenché une vague de critique habituelle, que Gabriel avait décidé d'ignorer.

Mais à mesure que le temps passait, une étrange légèreté s'était installée. Libéré du fardeau des responsabilités, il avait retrouvé un sommeil plus paisible, et son visage, habituellement tendu, semblait rajeuni. Ce repos forcé avait apporté des bienfaits auxquels il ne s'attendait pas.

Cependant, une ombre planait au tableau : il n'avait toujours pas de nouvelle de Jordan. Cela faisait quinze jours.

Quinze jours sans aucune nouvelle.

Pas un appel, pas un message.

Rien.

Gabriel avait bien essayé, au début, de maintenir le contact. Il avait envoyé quelques sms, s'accrochant à l'espoir que son rival lui répondrait.

Mais seul son premier texto avait été lu, et celui-ci était resté sans réponse. Les suivants, quant à eux, étaient restés non lus. Chaque silence, chaque vue absente de l'écran lui lacérait un peu plus le cœur.

Même si le jeune homme l'avait prévenu qui lui serait difficile de lui parler, il ne pensait pas que ce serait une coupure de contact totale. Les premiers jours, il attendait nerveusement une réponse, se répétant que Jordan était probablement trop occupé, que les choses reviendraient à la normale.

Mais à mesure que les jours passaient, une question sournoise avait commencé à s'infiltrer dans son esprit : Et si c'était encore un jeu ?. C'était un sentiment douloureux, sourd initialement, et finalement, il s'était résigné, se demandant s'il n'était pas réellement tombé dans un piège.

Jordan ne semblait pas du tout intéressé à l'idée de lui écrire.

Le doute le rongeait lentement. Gabriel ne pouvait s'empêcher de se demander s'il n'était qu'un pion, encore une fois manipulé par son rival devenu amant.

Il s'était juré de ne plus mettre d'énergie dans cette relation, du moins jusqu'à ce que l'eurodéputé fasse le premier pas, à son retour. Mais chaque jour sans nouvelles le blessait davantage, même s'il faisait mine de l'ignorer.

Pour se protéger, le Premier Ministre s'était convaincu de s'investir pleinement dans les Jeux Olympiques et de ne plus utiliser son énergie pour lui. Il préférait la mettre au profit des festivités. En attendant, Gabriel en voulait à Jordan, et pourtant, par moment, il ne pouvait s'empêcher de jeter un coup d'œil aux messages qu'il lui avait envoyé, sans succès, réveillant le pic de douleur que cela lui déclenchait.

Il assistait aux épreuves sportives, souvent accompagné de Stéphane. Leur relation s'était adoucie depuis quelque temps, même si elle restait teintée d'une certaine retenue. Ils partageaient des moments complices, des rires. Mais rien ne pouvait vraiment apaiser ce vide que Jordan laissait derrière lui.

Et comme pour ajouter à la complexité de sa vie, la pression médiatique s'intensifiait. Depuis l'annonce du démantèlement du gouvernement et le début des JO, Gabriel ne pouvait plus faire un pas sans être harcelé par les paparazzi. Chaque sortie, chaque sourire, chaque interaction avec Stéphane ou ses collègues était scruté à la loupe. Les médias s'en donnaient à cœur joie, capturant la moindre photo qui pouvait semer le doute ou relancer des rumeurs. Et cette présence constante de son ex-fiancé à ses côtés n'échappait à personne. Ils formaient un duo que les tabloïds adoraient suivre, leur passé amoureux revenant régulièrement sur le devant de la scène.

La France brûlera pour Nous, Le Monde brûlera pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant