Chapitre 44: Ezia

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Ca fait des jours qu'on a pas revu Luc à la fac depuis que je l'ai tabassé. Je me demande si j'y suis pas allé un peu fort, même s'il le méritait ce connard.

Si je n'avais pas vu Maya seule à l'arrêt de bus, sans Jenny, et que je n'étais pas allé la voir pour lui demander où elle était... Est-ce qu'il l'aurait tué ? Il l'étranglait... J'essaye de chasser cette image de mon esprit, alors que je tape inlassablement la même ligne de code depuis tout à l'heure. Je dois me concentrer, j'ai des examens a préparer pour valider ma première année. Si seulement les choses étaient plus simples... Si Jenny n'était pas dans la même fac que moi, si nous ne vivions pas ensemble, est-ce que j'aurais quand même haït Luc ? Peut-être pas, mais j'aurais continué de la détester elle, et ce n'est plus le cas maintenant.

Tant de choses ont changé depuis septembre, et j'aimerai comprendre ce que je ressens pour elle, identifier toutes ces choses qui se passent en moi à chaque fois que mes yeux se posent sur elle, que nos corps se frôlent. Cette réaction chimique qui me pousse à rêver d'elle la nuit, et à vouloir, à présent, la protéger.

Le cours de programmation se terminent, je me rends à la cafétaria seul, Mike, Jason et Chris ayant leur première réunion d'ESport. J'ai renoncé à m'y inscrire, je n'ai pas envie de temps à consacrer. Je prends mon tableau, et m'assois seul. Je suis bien aussi, je peux mettre mes écouteurs, ma musique, et réfléchir. Je suis penché sur mon téléphone, scrollant les réseaux sociaux, quand je sens une présence à côté de moi. Je lève la tête, et soupire de déception en voyant que Jessica s'est invitée à ma table. Elle a le culot de me retirer un écouteur.

— Bonjour Ezia ! dit-elle avec un grand sourire qui n'augure rien de bon.

— Qu'est-ce que tu me veux ?

— Toujours aussi malpoli à ce que je vois, tant pis...

Elle prend la main et entrelace nos doigts. Je la retire immédiatement et m'écarte. A quoi est-ce qu'elle joue celle-là ?

— Putain mais c'est quoi ton problème ! je gronde, gêné par sa présence.

— Quoi ? Ça te dérange que les gens croient qu'on sort ensemble ?

— Carrément, je ne sors pas avec toi, t'es chelou !

— Par contre qu'ils pensent que Jenny et toi vous ayez couché ensemble, ça ne te fait rien... dit-elle avec cet air vicieux qui me force à serrer le poing.

— Qu'est-ce qui te dit que ça ne me fait rien ?

— Vous avez couché ensemble ? demande-t-elle sèchement.

— Qu'est-ce que ça peut te foutre ?

— Je veux savoir si Jenny Connor est le genre à faire sa frigide devant, et sa salope derrière...

Trop c'est trop, je me penche vers elle, menaçant.

— Insulte là encore devant moi, et tu le paieras cher...

— Oh, tu vas me tabasser comme tu as tabassé Luc ?

Elle est donc au courant. Que sait-elle d'autre ? Est-ce qu'elle sait ce que Luc a fait à Jenny ? C'est qui cette fille putain et pourquoi elle en a après moi ?

— Ce ne sont pas tes affaires, fous moi la paix putain ! je grince.

— C'est qu'une question de temps avant que tu sois renvoyé, Ezia Wagner, fais gaffe à ce que tu dis et à ce que tu fais.

Elle se lève en m'envoyant ses cheveux dans le visage, et je me rassois. J'ai quitté le lycée en espérant que ce genre de comportement soit loin, mais il faut croire qu'il y en a encore qui sont puérils au point de jouer avec les nerfs des autres. Je soupire en essayant de me calmer, quand Jenny entre dans le réfectoire. C'est vrai qu'elle est grande, elle dépasse ses amies d'au moins une tête... Et ses longs cheveux noirs sont magnifiques, je commence à comprendre pourquoi elle attire autant les regards. J'avais biaisé ma propre vision d'elle avec la haine, me forçant à avoir une image négative et répulsive d'elle, alors qu'elle est tout le contraire. Cette Jessica ne lui arrive pas à la cheville.

Let's paint Apples (premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant