Chapitre 8: Ezia

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Je jubile de l'avoir humilié. Elle l'a bien mérité. Elle était tellement misérable avec ses cheveux et son pull trempé, j'espère qu'elle a compris la leçon. Je prends mon café à emporter et rejoins Mike, Jason et Chris à la salle d'arcade. Ils ont commencé sans moi les enfoirés. Je bois mon café, et regarde comment ils se débrouillent au jeux de combats.

— Vous êtes nuls, je les taquine.

— Bah viens essayer ! me défit Jason, en me laissant sa place.

Je lui tend mon café pour qu'il le tienne, roule mon cou et mes bras, avant de prendre le joystick. Je me met à affronter l'ennemie, et fait presque un perfect. Ils me regardent, ébahie.

— Je vous avais dit que j'étais un pro ! je me vente en reprenant mon café pour le boire.

— C'était un coup de chance je suis sûr ! s'exclame Chris, septique.

— Mais non ! Ça se voit que vous jouez pas avec lui les gars, sur Splinter il est imbattable ! me défend Mike, en posant sa main sur mon épaule.

— T'es amoureux de lui c'est pas possible mec, le taquine Jason.

Mike retire sa main de mon épaule avec un air de dégout, et je ris aux éclats. Je prends son visage dans mes mains et fait mine de vouloir l'embrasser.

— Aller vient là mon chéri !

Il me repousse et me met des petites tapes.

— Vous êtes cons ! dit-il en se mettant à rire.

— Non, moi je veux le prénom de la grande aux cheveux noirs là, dit-il alors, et je le fusille du regard malgré moi.

Il ne le remarque pas, et prend la place de Jason sur le jeux d'arcade. Je fini mon café et part le mettre à la poubelle.

— Hé, c'est du carton, ça se met au recyclage !

Je me retourne, et voit un grand blond me toiser. Je lève un sourcil, et jette quand même le gobelet dans la poubelle.

— C'est quoi ton problème ? je lui lance alors, en lui faisant un regard de travers.

— Tu t'en prends toujours aux filles ?

Je lève les yeux au ciel. Il a dû me voir renverser la boisson sur Jenny. Je me tourne pour lui faire face, et le menace du regard.

— C'est pas tes affaires.

— Si, justement, t'approche pas d'elle, grogne-t-il.

Je m'esclaffe. S'il savait que je vis avec elle, et que la plupart du temps, c'est elle qui me frappe, il en penserait autrement.

— T'inquiète, même avec un bâton je la touche pas cette meuf, je lui dis en m'éloignant.

Je retourne à notre borne d'arcade, et Chris et Jason se chamaillent. Mike m'observe en fronçant les sourcils, je l'interroge du regard.

— Tu devrais faire gaffe, c'est Luc Menfield, me prévient-il.

— Ouais, et donc ?

— Son père est un gros poisson, si tu le fais chier il peut trouver le moyen de te faire virer...

— On verra ça ouais...

— Je te préviens juste.

— C'est noté.

Je reporte mon attention sur le jeu de combat, et quand vient mon tour, je leur fait à nouveau une démonstration de mes talents. Ils restent tous les trois bouche bée.

Mike nous conduit tous jusqu'à chez nous. Quand ils s'arrêtent devant mon logement, je le remercie, mais ne l'invite pas à l'intérieur. Ça serait un cauchemars s'il tombait sur Jenny. D'ailleurs, en parlant d'elle, je peux reconnaitre qu'elle est rentrée rien qu'à l'odeur de bubble tea qui règne dans l'appartement. J'ai bien joué mon coup, mais je redoute maintenant sa prochaine vengeance. Elle n'en restera pas là, je le sais. J'ouvre le frigo et en sors un soda. Je le bois cul sec, et elle sort de sa chambre. Son regard sur moi est tellement noir qu'il pourrait m'aspirer. Elle s'est visiblement lavé les cheveux.

— Faut qu'on parle... dit-il d'un ton glaciale.

— J'ai rien à te dire, je réponds, écrasant la canette entre mes mains.

— Alors tu vas m'écouter, gronde-t-elle entre ses dents.

— Non plus.

— Arrête de faire le gamin putain !

— Ne me traite pas de gamin ! T'es personne t'entends ? Personne, pour me juger !

— Ouais t'es bien un gamin... dit-elle avec un sourire sarcastique.

Je ne frappe pas le premier, jamais, pourtant j'ai une furieuse envie de faire disparaitre ce sourire de ce visage effroyable.

— Accouche, je me décide alors à dire, sans grande conviction.

— On doit établir des règles, pour cette putain de cohabitation, explique-t-elle en croisant les bras. Son pyjama est vraiment ridicule.

— Des règles... putain t'es vraiment une intello toi.

— On souffre de cette situation tous les deux abrutis ! J'essaie de réfléchir à un moyen de facilité les choses !

— Ouais ? Et tu suggères quoi à part déménager ?

— Un planning déjà.

— Un planning ? je répète, en grimaçant.

— Ouais, tu sais comme un emploi du temps, m'explique-t-elle avec ton condescendant.

— Je sais ce que c'est sérieux, mais explique.

— Je me lève à 7h, et toi 7h30, comme ça je me prépare avant toi, et pendant que je déjeune tu es dans la salle de bain. On évite de se croiser. Et je pars avant toi, je prends le bus avant le tien, sachant qu'il y en a un tous les 30 minutes.

Sa suggestion me parait, à contre-cœur, être viable. Merde, pourquoi il a fallu que ce soit elle qui y ait pensé ?

— Ouais, et le soir ?

— Ça dépendra de nos emplois du temps, il va falloir qu'on se l'échange. Pour le diner, je mange à 19 heures, et toi 20 heures.

— Et si je rentre pas tout de suite après les cours ?

— On va se partager nos numéros de téléphone pour s'organiser. Juste pour ce cas de figure.

— Je peux mettre morue pour ton nom dans le répertoire ? je lui demande avec moquerie.

— Met ce que tu veux, abruti, rétorque-t-elle d'un ton sec.

Elle prend un papier et commence à tout noter. Je la regarde écrire à une certaine distance. Elle note son numéro de téléphone, puis me tend son stylo. Je le saisie en faisant une grimace, puis note le mien.

— J'ai deux règles à ajouter, je lui dis alors, avec un sourire sadique.

— Je t'écoute.

Je repense au blondinet qui m'a menacé, et son intérêt étrange pour elle. J'ai aucunement envie de le voir débarquer ici.

— Personne ne vient ici. Quand je dis personne, c'est pas d'amis, ni d'amants, je lui dit, en le notant sur son bout de papier.

— D'accord, ça vaut pour toi aussi, dit-elle d'un ton froid.

Je ne réponds pas et rajoute un tiret. Elle lève un sourcil.

— Et interdiction d'entrer dans la chambre de l'autre, sous aucun prétexte, même s'il y a le feu.

— Parfait.

Cet accord passé entre nous va peut-être me faire souffler un peu. Elle le pose sur le frigo, et je sors mon téléphone pour enregistrer son numéro sous le nom « morue ». Je ne sais pas comment elle me nomme elle, dans le sien, mais j'ai surement le droit à un surnom poétique aussi.

Nous commençons alors à respecter notre contrat. Je m'enferme dans ma chambre. Elle dine à 19h et moi 20h. On ne se croise pas, et c'est parfait. 

Let's paint Apples (premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant